La politique étrangère dans la vision de Ahmed Néjib Chebbi pour la Tunisie de demain
Dans l’atmosphère électorale qui règne actuellement en Tunisie et la course effrénée des candidats, tant aux sièges de la prochaine Assemblée du Peuple qu’au Palais de Carthage, les questions d’ordre intérieur semblent primer, attitude normale et légitime. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est l’absence presque totale dans la plupart des programmes électoraux et des débats en cours, de la dimension liée à la politique étrangère du pays. La négligence des aspects d’ordre international devient une grave défaillance quand il s’agit de candidats aux élections présidentielles, étant donné le rôle éminent que jouera le prochain Chef de l’Etat dans ce domaine , conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution.
Pourtant, nombre de problèmes auxquels la Tunisie fera face dans les années à venir, trouvent leur origine dans notre environnement extérieur et leurs solutions seront largement déterminées par la façon avec laquelle nos futurs dirigeants sauront réagir face aux réalités du monde où nous vivons: Un monde qui, au cours des dernières années, a subi des bouleversements sensibles puisque les relations entre les pays ne sont plus dominées par les axes basés sur les idéologies des siècles passés, mais plutôt par des ententes liées aux intérêts nationaux et des valeurs devenues universelles telles que la démocratie, le respect des Droits de l’Homme et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme sous toutes ses formes.
Le prochain Président de la République Tunisienne sera jugé sur la compréhension qu’il a des mutations mondiales en cours, et sur la profondeur de la connaissance qu’il a des réalités politiques, économiques et sociales des différentes régions du pays et sa capacité à traduire cette connaissance en arguments solides pour défendre et promouvoir les intérêts du pays sur le plan international dans un langage moderne et modéré, en mettant à l’œuvre tous les outils d’une diplomatie efficace alliant les instruments publics –qu’il faudrait réhabiliter et renforcer-aux initiatives de la société civile et des opérateurs économiques dans un élan national cohérent et unifié.
Les observateurs un tant soit peu avertis, surtout ceux qui ont une certaine expérience des relations internationales, constateront que Ahmed Néjib Chebbi, l’un des candidats les plus en vue à la Présidence de la République, a établi une approche complète de la politique étrangère tunisienne pour les cinq prochaines années, approche qui s’inspire de sa vision globale de la Tunisie à l’horizon 2020 et se base sur sa longue expérience de militant, de démocrate convaincu et de fin connaisseur de la Tunisie et du monde. Cette approche a été annoncée très tôt dans l’allocution qu’il a prononcée lors du colloque organisé par le Cercle Diplomatique de son Parti Al Joumhouri le 2 juillet 2013, sous le thème « Quelle politique étrangère pour la Tunisie de demain ? ». Elle a été confirmée dans le discours de Kasserine du 3 août 2014 au cours duquel il a annoncé sa candidature, et a été affinée lors de la présentation officielle de son programme le 13 octobre 2014. Cette approche se décline en trois axes centraux qui, appréhendés ensemble, montrent à quel point la politique étrangère de Ahmed Néjib Chebbi sera une politique de respect des acquis de la Tunisie en la matière, tout en les renforçant et en corrigeant les déviations observées au cours des dernières années et qui ont coûté à notre pays une partie de son prestige sur le plan international et affecté ses intérêts, et ce malgré la reconnaissance du monde extérieur de notre rôle précurseur dans l’éclosion du «Printemps arabe».
Les axes en question se résument en ce qui suit :
- Garantie de la souveraineté de la Tunisie et préservation de la liberté de ses choix
- Défense de la sécurité et promotion des interêts de la Tunisie,notamment économiques et commerciaux
- Attachement aux principes traditionnels de la Tunisie en matière de relations extérieures et prise en compte des valeurs universelles dont la révolution tunisienne a fait une dimension nécessaire , en particulier, la promotion par des moyens pacifiques de la démocratie.
Ces axes se tiennent, se complètent et constituent ensemble une doctrine de politique étrangère pour un pays en développement ayant des traditions diplomatiques qu’il veut préserver et des aspirations qu’il veut réaliser; un pays attaché à ses appartenances géographiques et culturelles, mais ouvert sur le reste du monde.
En effet, que vaut une diplomatie pour un pays comme le nôtre si elle ne garantit pas la souveraineté nationale chèrement payée, et si elle soumet, par conviction ou par inadvertance, ses positions ou ses relations avec autrui aux choix idéologiques ou aux ambitions nationales d’autres pays, tout frères ou amis qu’ils soient? Le militantisme et l’opposition de Ahmed Néjib Chebbi tout au long de son parcours politique à la dictature et au despotisme, ainsi que son refus , malgré le large éventail de ses amitiés, de s’inscrire dans une logique d’alliance avec des forces extérieures, seront la meilleure assurance pour que la Tunisie de demain entretienne des relations normales de coopération avec les pays proches et lointains et avec les organisations régionales et internationales ainsi que les instances financières mondiales, sur la base du respect mutuel le plus absolu.
De telles relations seront sans exclusion-sauf pour ce qui est de l’entité sioniste qui refuse au peuple palestinien son droit inaliénable à un état indépendant- mais n’écarteront pas les liens spéciaux avec des pays proches de nous ou présentant une importance particulière pour notre sécurité ou notre développement. En effet, préserver la sécurité du pays en cette période où le terrorisme frappe de plein fouet, et aider par la diplomatie à faire face aux nombreuses contraintes économiques et sociales du pays seront les principaux défis de la politique étrangère de la Tunisie, et nécessiteront l’établissement de liens ciblés ne négligeant aucun partenaire traditionnel ou potentiel allant des pays arabes, notamment limitrophes et membres de l’UMA, à ceux de l’Europe, sans oublier le Japon et les Amériques, ainsi que les pays « émergents », notamment les « BRICS ». Les à priori, et les considérations idéologiques, personnelles ou partisanes ,qui ont largement déséquilibré nos relations extérieures au cours des dernières années, ne devront plus être de mise dans la politique étrangère de la Tunisie de demain.
Enfin, ces objectifs n’auront de sens que si notre action repose sur des principes et des valeurs universelles, si nécessaires à un pays comme le nôtre aux moyens limités, alors que les alignements d’antan sur deux camps opposés ont perdu leur raison d’être et que les nouveaux alignements préconisés ici et là sont manifestement problématiques. Dans ce domaine, la Tunisie ne part pas du néant. Les principes de modération, de non-intervention dans les affaires intérieures des autres pays, de respect de la légalité internationale, entre autres, ont bien servi notre pays depuis son indépendance, et chaque fois que l’on s’en est écarté des conséquences graves en ont découlé .Ces principes n’appartiennent à aucun gouvernement ni à aucun régime .Ils sont ceux de la Tunisie éternelle car ils émanent de la personnalité et du génie de notre peuple. Il faut les préserver et les compléter par des valeurs universelles dont certaines ont été négligées dans le passé et que la révolution tunisienne a ressuscitées, telles le respect des Droits de l’Homme et du libre arbitre des peuples par le biais de la démocratie participative. Contribuer à propager ces valeurs dans le respect de la souveraineté des pays concernés, sans contraintes et surtout sans recours aux moyens illégaux de coercition, devrait être l’un des objectifs de la diplomatie tunisienne .Par desssus tout,et Ahmed Néjib Chebbi n’a cessé de le répéter ,rien dans cette politique ne devrait nuire aux rapports corrects de l’Etat tunisien avec les autres Etats dûment établis.
Ainsi, souveraineté, intérêts nationaux d’ordre sécuritaire et économique, mais également principes et valeurs universelles : Ce sont là les maîtres-mots de l’approche de politique étrangère pour la Tunisie de demain que Ahmed Néjib Chebbi adopte comme composante essentielle de sa vision globale pour notre pays dans la perspective de 2020.
Cette approche a l’avantage de la cohérence et d’être clairement et ouvertement présentée. Il s’agit de la «nouvelle diplomatie» qu’il appelle de ses vœux afin de «réhabiliter l’image de la Tunisie dans le monde».
Ali Hachani
Ancien Ambassadeur
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Oui le monde a changé, il n´n´ya plus de guerre froide mais il ya eu chute d´une des partie, l´Union Soviétique, alors que l´autre partie soit les Etats Unis est toujours là. Au moins devrons-nous travailler pour un autre ordre mondia sans superpuissance, mais multipolaire comme ´le demande l´Inde, la chine et beaucoup d´autre pays. En tout cas il faudrait completer ( la democratisation) des relations internationales par de changement de l´Ordre mondail. Si non on reste aux formules vagues comme (politique traditionelle)et interêt national etc.. mais combien de fois il faut negocier pour arriver á un resultat satisfaisant, c´est comme si d´essayer de pratiquer une politique democratique dans un système dictatorial, on sait que ca ne marche pas. Un autre point est mentionné: les moyens faibles de la Tunisie, comment ca? la Tunisie avec 1200 km de côtes mediterraneenne? qu´est-ce qu´il faudrait pour que la tunisie soit bien muni de l´argent? allons on a un people et une geographie riche de tout la pêche, l´agriculture etc. c´est vrai le petrole a marqué trop l´époque, meme les Etats Unis que lorsque on manque de cette matìère alors c´est comme si on manque de tout. La Tunisie devrait faire un nouveau depart et être libre pour construire un nouveau monde, et il y en a beaucoup qui veulent aller avec nous. Autrefois on mentionné" l´emplacement geographique de la Tunisie c´était au temps de Ben Ali". ca ne se vend plus tant mieux.
L'auteur de ce papier qui signe "Ancien Ambassadeur"évoque,en diplomate de profession,l'évolution de la situation internationale et énumère quelques uns des principes qui sont sensés présider à la politique étrangère de Ahmed Néjib Chebbi s'il devait être élu président de la République. Sans s'attarder outre-mesure sur ces principes et plus particulièrement,sur leur pertinence,rien ne nous dit que cette profession de foi est celle du candidat Chebbi ou qu'elle l'engage en quoi que ce soit en tant que candidat...Ce n'est sans doute pas la vague référence à une vieille "allocution"ou à un passage d'un discours de portée générale qui pourrait le préciser... Et d'ailleurs,que savons-nous de cette "future" politique étrangère sinon la promotion de relations de coopération,sur la base des valeurs universelles, avec l'ensemble des pays à travers le monde,exception faite,bien sûr, de "l'entité sioniste"!.. A la lecture de ce papier,on s'interroge,finalement,si l'auteur est chargé de traduire la pensée de Néib Chebbi...Pourquoi ne pas le préciser?..Analyse ou Communication?..
Mr CHEBBI.;ne pese rien électoralement ;ilveut se etre adoubé par NAHDA(exMOUVEMENT ISLAMISTE TUNISIEN) et devenir President;une obsession quasi névrotique ;Nahda appartient à la maison mère DES FRERES MUSULMANSTS.ou est la souveraineté et l 'independance?QUELLES VISIONS GEOPOLITIQUES.Dans un monde mondialisé ;un modele economique financiarisé à bout de souffle;quel liberal est il? le sait il lui meme?un livre programme nous2eclairerait.LASEULE LITHANIE AUDIBLE est JE VEUX DEVENIR PRESIDENT
Etant le prolongement et un reflet de la politique intérieure ; toute diplomatie doit tenir compte de ses moyens pour pouvoir réaliser ses ambitions . Bien que limités ces moyens doivent permettre au pays de réaliser ses ambitions qui ne sont autres que la défense des intérêts nationaux et la participation au renforcement de la paix la sécurité et la coopération internationales . Or la map -monde bouge .Les mutations internationales tendent à faire émerger d’autres pôles géostratégiques et de nouvelles zones d’influence. La démarche de maître Chebbi candidat à la présidence de la république ne diffère guère dans le fond de celle de l’autre maître plus illustre : Bourguiba . Au concret je ( citoyen )demande : 1-Dans quelle mesure la diplomatie « post – révolution » est –elle capable de rectifier les accords de coopération déséquilibrée conclus par la Tunisie avec ses divers partenaires. 2-Dans quelle mesure cette diplomatie prônant la démocratie participative et le droit des peuples à la liberté peut elle contribuer à la promotion de droit à l’autodétermination du peuple sahraoui sous occupation marocaine depuis des lustres .Une cause juste reconnue par les instances onusiennes et dont la non résolution retarde la construction de l’aire maghrébine. 3- Dans quelle mesure peut elle s’appuyer sur les Tic et non sur des bureaucrates pour saisir les opportunités d’investissement et d’affaires. 4- Dans quelle mesure elle est capable d’engager de jeunes compétences ; de se passer de nombreux « diplomates « du népotisme ; de la servitude et dont les soucis ne furent que leur carrière et le profit tiré des avantages douaniers de leur statut. 5- Dans quelle mesure est elle disposée à définir « un contrat résultat » avec ses subordonnés et communiquer sur des manquements professionnels et autres défaillances. Élaborée en premier lieu à Tunis ;les grandes lignes et l’action de la politique extérieure de la » mesure » n’ont pas besoin d’un président super génial mais de conseillers compétents et intègres parce qu’imbus du sentiment de réelle appartenance dévouée à leur terre et conscients des sacrifices consentis par les martyrs et les fondateurs de son Etat souverain .La Tunisie possède moult atouts ;il reste à savoir comment les servir et non s’en servir .