L'interview de BCE au Maghreb :des réponses évasives en attendant les élections présidentielles

Poursuivant son tour de table des candidats à la présidence de la République, le quotidien  « El Maghreb » publie dans son édition du vendredi une longue interview de Béji Caïd Essebsi. Le président du premier ministre s’y montre souvent à son avantage, se gardant de tout triomphalisme et conscient des difficultés qui l'attendent quels que soient les résultats de la présidentielle.Il est énigmatique lorsqu'il déclare qu'il avait bien saisi le message que les électeurs lui ont livré en ne lui donnant qu'une majorité relative, il a confirmé une fois de plus son habileté à se jouer des questions les plus embarrassantes avec un art consommé de l’esquive.Exemple : lorsqu’on lui demande s’il confirme les propos tenus par Rached Ghannouchi lors de la réunion du Conseil de la Choura sur une rencontre entre les deux hommes qui aurait eu lieu quelques  jours après les élections législatives : BCE feint la surprise : « Il a dit ça ? Si c’est le cas, je le crois. Mais s’il a dit non, je n’ai aucune raison de ne pas le croire ». On n’en saura pas plus, car il change très vite de sujet : « ce conseil de la choura ne m’intéresse pas». Il dédouane très vite Ghannouchi : «S’ils l’avaient écouté, ils n’auraient jamais  soutenu Marzouki». Puis revient sur  la rencontre de Paris : « Vous avez écrit des tas de commentaires sur cette réunion. Pourtant, la seule chose que j’ai dite alors, c’était d’insister auprès de mon interlocuteur pour qu’il accepte de prendre part au Dialogue national». Au détour d’une phrase, on apprend que depuis que depuis cette fameux entretien, il avait rencontré à plusieurs reprises le président d’Ennahdha, ce qu’il avait pourtant toujours démenti.

Sur la configuration du prochain gouvernement, le nom de son président et celui du président de l'Assemblée, il n'a pas été plus précis. Le même flou artistique entoure ses futures alliances. Au fond, si le président de Nidaa Tounès est évasif , ce n'est pas parce qu'il cache son jeu, mais parce qu'il n'est sûr de rien ...en attendant les élections. Par contre sa réponse coule de source à propos de sa priorité absolue s'il est élu : « la restauration de l'autorité de l'Etat». Il s'explique sur son éclipse d’une dizaine de jours au cours de la campagne des présidentielle qui a inquiété ses partisans et réjouit ses adversaires (on sait que des rumeurs fantaisistes sur son état de santé (encore !) colportées selon toute vraisemblance par des « cpristes » , très actifs ces dernières semaines sur la toile ont circulé à ce sujet). En fait ce que le président de Nidaa ne dit pas, c'est que cette éclipse entrait dans sa stratégie de communication où l'accent a été mis sur la dernière semaine de la campagne. En tout cas, BCE n'en a cure et se contente d'annoncer  cinq grands meetings pour les prochains jours (à Tunis, au palais des sports d'El Menzah, à Mejez El Bab, Kasserine, Sidi Bouzid et Sfax) à partir de ce samedi.

Les craintes de Néjib Chabbi à propos «d'un hégémonisme de Nidaa Tounès et d'un éventuel retour des caciques de l'ancien régime» ? «Si Béji» écarte ces appréhensions d'un revers de main. «Si Najib doit être quelqu'un d'hypersensible. Je ne vois pas du tout ce risque». Il rappelle son retour aux affaires au lendemain de la révolution après avoir quitté la scène politique pendant vingt ans :«Je n'avais jamais essayé de rester au delà de l'échéance que je m'étais fixé. Conduire le pays jusqu'aux élections. Nous avons ensuite démissionné sans avoir montrer la moindre velléité de rester S'il y a un risque d'hégémonisme, il ne peut venir que de l'autre camp»

 Prié de donner son pronostic sur le résultat des élections présidentielles, il a reconnu que «le rêve de tout candidat est d'être élu dès le premier tour. Quant à moi, je suis prêt à toutes les éventualités. Mais je suis sûr d'une chose: je suis prêt à retourner à la maison tout heureux comme on disait quand on était élèves si les électeurs en expriment le désir».