"Pessimisme ? Optimisme. Ce sont les Tunisiens qui ont le plus tourmenté nos cervicales, écrit Jean Daniel, en édito, dans le dernier numéro de L'Obs. Promenant nos ferveurs d'un camp à l'autre, ces jeunes Tunisiens ont fini par nous contraindre de croire en eux. De croire qu'il y aura un octobre tunisien et qu'il sera démocratique. J'éprouve le besoin de l'écrire au moment où j'apprends la mort de l'universitaire franco-tunisien Abdelwahab Meddeb. C'était un militant français du réformisme tunisien. Il servait sa cause avec une érudite ardeur, d'autant qu'il y était accompagné par ses admirables femme et filles. Il y a un moment pour la joie et il y en a un pour la douleur. C'est écrit. Tout est possible, il est même certain que les débats conflictuels et peut-être émeutiers ne vont pas cesser".
"A ces réserves près, poursuit-il, je n'en retiens pas moins qu'un parti populaire et libéral vient de remporter une victoire. Naturellement on vous corrigera aussitôt, dès qu'on emploie le mot "libéral". C'est une expression qui varie depuis la plus ancienne tradition des beys, ces représentants à Tunis de la Sublime Porte. Ils étaient "libéraux" lorsqu'il s'agissait de faire parvenir des vivres aux Français de Malte, île que les Britanniques assiégeaient depuis l'hiver 1799. On se régale à lire le raffinement de la correspondance des beys de cette époque. Pour augmenter leur fortune, ils payaient des rançons, tandis que la très bourgeoise classe moyenne se souciait peu des qualificatifs qu'elle méritait. Il y avait parmi elle des égorgeurs très raffinés".
Neyla Chehimi - 18-11-2014 12:49
Monsieur Daniel,
J'éprouve à votre encontre, depuis fort longtemps, un respect et une admiration sans bornes. Votre article me touche infiniment. Très peu de journalistes sont aptes à faire ce genre d'analyse d'une certaine facette de la réalité tunisienne et de la perte de l'un de nos grands penseurs et philosophes : Abelwahab Meddeb. Vous nous connaissez mieux que quiconque et êtes un ami inconditionnel de notre pays qui, je le souhaite du fond du coeur, vous le rend profondément bien. Je me considère comme une de vos filles spirituelles à qui vous avez inculqué, auprès de mon père entre autres, la liberté de penser, le respect d'autrui, la faculté d'analyser et d'exprimer ses opinions... Merci pour ce noble coup de main que vous m'avez offert, sans le savoir, qui m'a énormément servi dans mon cheminement ! Mon plus grand souhait serait une infime réaction de votre part à mon message pour la garder comme précieux souvenir. Si vous le permettez, je vous envoie mes pensées les plus affectueuses.
Neyla Chehimi
cneyla@hotmail.com