Pour une foire du livre de TUNISIE
J'ai été agréablement surpris, samedi en me rendant à la foire internationale du livre, de voir une longue file de visiteurs faisant la queue pour entrer. Certes, le contrôle par les détecteurs peut expliquer cette file, mais partiellement, car, de mémoire de journaliste, je n'ai jamais vu autant de Tunisiens, de tous âges, conditions et sexes, aussi nombreux et disciplinés attendre leur tour pour aller s'approvisionner en...livres. La file était tellement longue qu'elle atteignait la porte d'entrée principale et était obligée de serpenter à deux ou trois endroits pour ne pas déborder à l'extérieur. " Hamdoullah " à l'adresse de ce peuple qu'on croyait allergique à la lecture.
J'attends impatiemment de savoir le nombre final des visiteurs pour tirer les conclusions qui s'imposent.
Mais quel qu'il soit, ce nombre serait minime par rapport à l'ensemble des habitants du grand Tunis, encore plus par rapport à celui de tout le pays. Sans tergiverser sur les causes, le pari à gagner lors des prochaines sessions est de multiplier le nombre des visiteurs pour qu'au bout de dix ans, tout au plus, on puisse parler de cinq millions (5, 000,000) de visiteurs.
Comment?
- un, en tenant la foire, de bout en bout, au cours des vacances du printemps. C'est dans l'éducation, la formation et l'enseignement supérieur que nous avons la plus grande réserve de lecteurs, de visiteurs et donc d'acquéreurs de livres, entre élèves, étudiants, enseignants, chercheurs et autres intervenants.
- deux, décentraliser la foire, c’est à dire, tenir une mini-foire, dans une première étape, dans chefs-lieu des gouvernorats restant. Dans une étape à venir, la liste peut contenir près de quarante villes au total si on y ajoute des villes comme Hammamet, Kélibia, Medjez el Bab, Tabarka, Mateur, Bousalem, El Fahs, Menzel Bourguiba, Sbeitla, Thala, Metlaoui, Mareth, Houmet Souk, Midoun, Redeyef, Mahres, Jebeniana,La Chebba,Benguerdene, etc.
- trois, que chaque faculté, lycée, collège et même école primaire programme dès le début de chaque année scolaire, des excursions exclusivement pour visiter la foire. Les meilleurs élèves, les lauréats, ceux ayant les meilleures moyennes peuvent être pris en charge, de même que ceux jugés démunis. Se déplacer de Jebeniana, d'El Amra, d'El Hencha, de Menzel Chaker, d' Agareb, de Mahres, de Skhira, de Bir Ali, de Ghraiba vers Sfax ville, pour ne citer que l'exemple de ce gouvernorat, coûte très peu et sa charge serait supportable aussi bien par les parents que par les établissements. Il serait même insignifiant comparé à un déplacement vers Tunis. Sfax et ses agglomérations citées plus haut sont à plus ou moins 300 klm de la foire actuelle. A l’intérieur du dit gouvernorat, les distances sont à plus ou moins 80 km.
- quatre, que les entreprises économiques, notamment celles qui ne tarissent pas en commodités pour leurs employés (tickets restaurants, voyages à l'étranger, etc), inscrivent obligatoirement des bons qui ne servent qu'à acheter des livres exposés à la foire. Une façon de créer chez eux l'habitude d'aller à la foire du livre.
Décentraliser, comment?
En revenant aux chiffres de la 31 ème session de la foire, on voit que les 113 168 titres ne sont proposés qu'en 3.568.713 exemplaires. Si jamais on adopte le principe de la décentralisation lors de la prochaine session, on sera en présence de 23 mini-foires. Gardons le même nombre de titres soit 113 168. Ayons les pieds sur terre et prenons dans une première étape dix (10) exemplaires seulement de chaque titre pour les exposer dans les mini-foires. Ainsi, on aura 1.131.680 exemplaires dans les 23 mini-foires, soit 49 à 50 000 exemplaires chacune. Mais on peut faire mieux en prenant 2.300.000 exemplaires, tous titres confondus, que nous répartissons à raison de 100.000 exemplaires par mini-foire. Mais imaginez un seul instant qu’on prenne 100 exemplaires de chacun des 113 168 titres proposés, on serait en présence de 11 316 168 exemplaires, soit plus que trois fois la quantité totale des exemplaires exposés dans la foire qui vient de se terminer. En divisant par 23, on serait en présence d’à peu près 492 000 exemplaires par mini-foire. De cette façon, tout le pays vivra au rythme de la foire
On peut aisément deviner l'effet que cela ferait mais on sera d'ores et déjà sûrs d'une chose : avoir organisé la foire internationale du livre de TUNISIE.
Sur le papier, je vois la chose réalisable, et aux moindres frais, sachant que l’on va exploiter les locaux régionaux du ministère de la culture et employer son personnel et utiliser sa logistique. J’espère que les organisateurs et autres décideurs ne me contrediront pas.
Mohamed Laroussi Ben Salah
Journaliste. Consultant.
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