Quand Bourguiba descend dans la grotte du mausolée de Sidi Belhassen

L’imagerie populaire n’a pas de limites. Dans les années 60, le bruit a couru, partout, que Bourguiba s’était réveillé un matin avec la décision de démolir le mausolée de Sidi Belhassen. Les Tunisiens ont vite fait d’en établir un lien de cause à effet ; à savoir que la malédiction du Saint homme se serait aussitôt abattue sur Bourguiba du fait que celui-ci subit, en cette période, sa première attaque cardiaque. Il n’en était rien.

Sans doute, connaît-on l’aversion péremptoire de Bourguiba—grand croyant contrairement à l’image progressiste et a-religieuse qu’il renvoie de lui dans ses discours—à l’endroit des zaouias et des marabouts. Sauf qu’il voulait ériger un sanatorium à la place du mausolée Sidi Belhassen. C’est là qu’intervient énergiquement la grande Wassila, la fille de la rue Sidi Boukhris, pour l’en dissuader. En cela, elle a été aidée par le mufti de la République Cheikh Fadhel Ben Achour, lequel se rendait immanquablement au rite du samedi matin. Bourguiba voulut en avoir le cœur net……

Il se rend au mausolée, sans que personne ne soit au courant. Il l’inspecte minutieusement. Puis, seul, il descend dans la grotte. Il en remonte. Aucune parole. Aucun commentaire et il rentre aussitôt à Carthage.
Le lendemain, ce fut le branle-bas au mausolée. Bourguiba avait ordonné de le réfectionner et de le badigeonner.

• Avec l’avènement de Ben Ali, les Trabelsi, Leïla et sa mère en tête, se mirent à fréquenter les lieux. Quelques dignitaires et autres ministres se mirent, eux aussi, à le fréquenter assidûment. Mais on ne se savait pas s’ils venaient pour Sidi Belhassen ou pour Leïla …
• Ali Laarayedh, alors chef du gouvernement, se rendit lui aussi à Sidi Belhassen. Ce n’était pas pour se prêter aux offices, mais simplement pour rassurer le Cheikh quant à la disposition de l’Etat à sécuriser le mausolée, après ce qu’ont subi ceux de Sidi Bou Saïd et de Saïda Al Manoubia. Une façon aussi de se distancier des salafistes.