Cinquantenaire de la Faculté de Médecine de Tunis Honneur aux fondateurs
La Faculté de Médecine de Tunis (FMT) fête cette année ses 50 ans (1965-2015) ! La cérémonie d’ouverture le 22 avril dernier a connu un grand succès. Dans la salle Ben-Ayed, la plus vaste des salles de la Faculté, toutes les places assises étaient occupées et surmontées par deux rangées de personnes debout. Le public était nombreux et varié, allant de l’étudiant diplômé en quête de travail aux autorités officielles. La séance d’ouverture a été marquée par les discours d’Ahmed Maherzi, actuel doyen de la Faculté, et d’Amor Chadli qui en fut le premier. Je souhaiterais rappeler ici qu’un certain nombre d’étudiants tunisiens à la fin des années 1940 et au début des années 1950 se destinaient à embrasser une carrière médicale. En 1953, Zouhair Essafi fut le premier Tunisien musulman interne des hôpitaux de Paris. Entre 1956 et 1962, une dizaine d’étudiants tunisiens en médecine ont suivi son exemple en s’engageant dans la voie des concours. Cette première génération allait avoir un rôle important en tant que chefs de service dans la création et le développement des services hospitalo-universitaires et en tant que professeurs au sein de la Faculté de Médecine. J’aimerais citer en exemple les précurseurs qui ont réussi au concours d’agrégation de 1966, à savoir Zouhaïr Essafi, Hassona Ben Ayed, Mohamed Chelli et Mohamed Ben Ismail.
Zouhair Essafi, dès 1958, prend la direction du service de chirurgie de l’hôpital Charles-Nicolle dont il va faire évoluer les activités pour en faire un service d’enseignement. Elu doyen en 1975, il a l’idée d’instaurer le résidanat qualifiant pour former des spécialistes après quatre années de résidanat précédées d’un concours. Rentré à Tunis en 1962, Hassouna Ben Ayed prend la direction du service de médecine générale de l’hôpital Charles-Nicolle et y installe un rein artificiel, le premier en Afrique et au Moyen-Orient, pour traiter les insuffisances rénales aiguës et chroniques. Il crée, en 1973, un laboratoire de pathologie rénale et en 1975, un laboratoire d’endocrinologie.
Le service est devenu un service multidisciplinaire abritant médecine interne, rhumatologie, endocrinologie et néphrologie. Une véritable école de médecine. En 1964, devenu chef du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Charles-Nicolle jusqu’en 1980, Mohamed Chelli allait le transformer en un véritable service hospitalo-universitaire. En compagnie de sa femme, également gynécologue, il apportera sa contribution à l’édification, aux environs de l’hôpital La Rabta, d’un hôpital baptisé hôpital «Wassila Bourguiba», totalement dédié à la gynécologie obstétrique qui prendra plus tard le nom de Centre de maternité et de néonatologie. En 1967 Mohamed Ben Smaïl accède à la direction du service de cardiologie de La Rabta qu’il allait agrandir, moderniser et compartimenter (adultes, congénital, soins intensifs, hémodynamiques…), au point d’en faire le temple de la cardiologie en Tunisie. Une majorité des spécialités médicales et chirurgicales ont été créées et enseignées par ces premiers internes des hôpitaux de Paris, grâce à l’institution du résidanat qualifiant qui a bouleversé les structures des hôpitaux universitaires et de la Faculté de Médecine et qui est à l’origine de la qualité des médecins et de toute la médecine tunisienne. Au cours de cette célébration, ce rôle fondateur n’a malheureusement été ni évoqué ni développé par les doyens Ahmed Maherzi er Amor Chadli.
S.Z.
Président du Fonds citoyen
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Dans cet article le Pr Saadoun Zmerli relate certains détails marquants à propos des grands noms de la médecine tunisienne . Vous êtes parmi ces pionniers prestigieux cher maître!
Je n'ai vu le nom de taouhida benechekh la premiere femme medecin du monde arabe et mongi ben cheikh le premier cardiologue tunisien
Merci cher maître, pour avoir réparé ces oublis, vous-même en temps que chef de service d'urologie puis ministre de la santé avez plus que contribué à l'édification de la médecine tunisienne, je vous souhaite une longue vie !
Ce sont des Hommes qui ont marqué le développement de la médecine contemporaine en Tunisie. Ils méritent de mieux communiquer sur leur apport à la société afin d'inculquer à nos jeunes, dont nos futurs médecins, le sens du dévouement pour la patrie.
Il n'est pas inutile de rappeler, en ces temps où l'on a beaucoup de mal à faire la part des choses, que l'actuel bâtiment de la faculté de médecine ainsi que celui de l'amphithéâtre Hassouna Ben Ayed ont été construits grâce à des dons de l'émir de Qatar cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani. Ce dernier avait insisté, à l'époque pour que cette réalisation porte le nom de Faculté Ben Ali de médecine, ce que l'ancien président de la République avait catégoriquement refusé.
Je remercie Mr FATHALLAH qui a cité le regretté MONGI BEN CHEIKH un grand nom oublié de la cardiologie tunisienne disparu tôt et qui nous a enseigné la physiologie avec méthologie au cours des premières années de la FAC. Je réïtère mon appel à éternéliser les noms des fondateurs disparus et à nous débarrasser de certaines dénominations vagues ou politiques d'hôpitaux comme La Rabta,Sahloul,Centre des brulés.... et même...... Bourguiba au profit de ces pionniers qui ont tout donné pour "la santé de notre pays" A commencer par la Rabta qui devrait logiquement porter le nom de notre maitre le regretté SAID MESTIRI.