La Tunisie est entrée en «récession technique»
Réuni le mercredi 26 août, le Conseil d’Administration de la Banque Centrale de Tunisie s’est penché sur l’évolution de la conjoncture économique au cours des huit premiers mois de l’année en cours :
- Le produit Intérieur Brut (PIB) a enregistré, au deuxième trimestre de l’année en cours, une baisse de 0,7% par rapport au trimestre précédent après un repli de 0,2% au premier trimestre, ce qui confirme l’entrée de l’économie nationale en récession technique.
Ce ralentissement est imputable, principalement, au repli de la valeur ajoutée dans le secteur industriel, notamment les industries manufacturières (-1,7%), ainsi que dans les services marchands (-0,1%), alors que les services non marchands ont gardé pratiquement le même rythme de croissance, soit 3,3%. - Au plan sectoriel, l’indice général de la production industrielle a enregistré, à fin mai 2015, une baisse de 1,4% contre -1% au cours de la même période de l’ an passé, en relation avec la poursuite de la contraction de la production dans les industries non manufacturières (-5,6% contre -7%) et le ralentissement du rythme de celle des industries manufacturières (0,3% contre 1,7%) .
- Les derniers indicateurs avancés disponibles sur l’évolution de l’activité dans le secteur industriel en juillet 2015 montrent une baisse des importations de matières premières et demi-produits (-11,7% en glissement annuel contre 0,4%, au cours du même mois de 2014) et des biens d’équipement (-8,2% contre 4,3%). Egalement, les exportations des industries du textile, habillement, cuirs et chaussures ont diminué (-16,4% contre -1,3%), alors que celles des industries mécaniques et électriques ont connu un ralentissement (0,9% contre 9,7%).
- Concernant le secteur des services, les principaux indicateurs de l’activité touristique ont accusé un repli notable, au mois de juillet 2015, ayant touché en particulier :
- les nuitées touristiques globales : -64,9% et -76,6% par rapport au même mois de 2010 et 2013, respectivement,
- les entrées de touristes étrangers : -44,1% et -65,7% , suite à la contraction du nombre de touristes européens (-72%), notamment les Anglais (-93,1%), les Italiens (-79,6%), les Français (-39,4%) et les Allemands (-66,4%) et ce, malgré la hausse des flux de touristes Maghrébins (26,3%),
- les recettes touristiques en devises : -50,7% et -59,6%.
- Parallèlement, le secteur du transport aérien a enregistré, au mois de juin 2015, une baisse du trafic aérien de passagers (-32,1% en glissement annuel contre -0,7% au même mois de l’an passé).
- La balance générale des paiements a dégagé un excédent de 90 MDT, au cours des sept premiers de 2015 (contre +510 MDT une année auparavant).En outre, le déficit courant a enregistré une baisse de 2,4% en comparaison avec son niveau de la même période de 2014, alors que les entrées nettes de capitaux extérieurs se sont repliées de 10,5%pour s’établir à 4,5 milliards de dinars.
- Le déficit courant a enregistré une baisse de 109 MDT au cours des sept premiers mois de 2015 pour revenir à 4.405 MDT ou 5% du PIB contre 5,5% au cours de la même période de l’an passé.
- Le déficit de la balance commerciale a fléchi, au cours de la même période, d’environ 744 MDT ou 9,7% pour s’établir à 6943,1 MDT, suite principalement à l’amélioration notable du solde de la balance alimentaire qui est passé d’un déficit de 851,9 MDT à un excédent de 372,6MDT, en relation avec la hausse des exportations de l’huile d’olive, alors que le déficit de la balance des matières premières et demi-produits a poursuivi son élargissement (+11,7%)ainsi que celui de la balance énergétique (+11,3%).
- Quant à la balance des services, elle a enregistré, au cours des sept premiers mois de 2015, une baisse de son excèdent de 648 MDT pour revenir à 489 MDT, suite notamment au recul de 23,3% des recettes touristiques par rapport à leur niveau de la même période de l’an passé (-25,2% hors effet change) pour se situer à 1.383 MDT.
- L’évolution de l’indice général des prix en termes de glissement annuel a accusé, au juillet 2015, un net ralentissement et le taux d’inflation est revenu de 5% en juin à 4,2%. Cette décélération a concerné l’indice des prix des produits encadrés (2,6% contre 4,5%) qui a subi un important effet de base lié à l’ajustement, en juillet 2014, des prix du tabac de 10,5% et des carburants de 6,4%. Pour sa part, la hausse des prix des produits libres de a poursuivi sa tendance baissière revenant progressivement de 5,9% en avril à 4,7% en juillet.
- Pour ce qui est de l’inflation sous-jacente, les prix hors produits frais et encadrés ont maintenu leur même rythme de progression en juillet 2015, soit
5,3%. Pour leur part, les prix des produits hors alimentation et énergie ont enregistré un ralentissement de leur rythme d’accroissement, revenant à 4,7% en juillet contre 5,1% le mois précédent.
Le Conseil a également examiné l’évolution de l’activité du secteur bancaire, les transactions sur le marché monétaire et sur le marché des changes, et les interventions de la Banque Centrale y afférentes : les besoins des banques en liquidité ont notamment continué de s’accentuer d’un mois à l’autre depuis mars 2015 et les opérations de politique monétaire de la BCT ont atteint, au mois de juillet, leur plus haut niveau de l’année en cours, soit 5.978 MDT contre 5.541 MDT en juin dernier.
Après délibération, le Conseil a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.
Télécharger l'évolution de la Conjoncture Economique (Huit premiers mois de 2015)
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