La rentrée de toutes les urgences pour Habib Essid

«En temps de forte tempête, il faut savoir s’abriter», confiait Habib Essid à Leaders. Le chef du gouvernement en a fait son style de gouvernement: pas de vagues, prudence et garder calme et sérénité. Cette ligne de conduite, conforme à son tempérament, lui a jusque-là servi, même si ses détracteurs lui reprochent hésitation, manque d’audace et faible communication avec les Tunisiens en dehors de quelques visites sur le terrain et de rares interviews télévisées.

La rentrée sera chaude pour lui. Tous les dossiers brûlants sont sur son bureau (voir notre dossier spécial). Comment pourrait-il s’en sortir avec la même équipe ? Un remaniement ou du moins un réajustement devient impératif ne serait-ce que pour doper l’action de son gouvernement. «Tout est possible», répond-il mystérieusement, comme pour garder ses ministres en alerte et les candidats prêts à se lancer.

Le plus important pour Habib Essid est de boucler le dossier des négociations sociales sur des bases acceptables. C’est sa manière d’acheter l’indispensable paix sociale et de réduire les tensions sur l’entreprise afin qu’elle se relance. Le rendez-vous du 7 septembre, fixé à Carthage pour les partenaires sociaux et le gouvernement, devant sceller ces accords, sera donc crucial.

La lutte contre le terrorisme vient en parallèle, avec la même acuité. La conférence nationale, reportée de septembre à octobre et probablement à novembre, n’a pas encore annoncé ni son concept, ni son positionnement et encore moins ses objectifs. Le positionnement est important, surtout que le calendrier international prévoit d’ores et déjà, courant octobre prochain, deux grandes conférences consacrées à la lutte contre le terrorisme.

 La première à Dakar et la seconde, initiée par le président Hollande, à Paris. Le concept serait sans doute l’affirmation d’une mobilisation nationale et la définition de plans d’action sectoriels en ce qui concerne l’enseignement, l’emploi, etc. Son objectif est d’aboutir à des mesures concrètes. Est-elle nécessaire ? Sans doute ! Ne serait-ce que sur le plan politique et médiatique. Mais, le vrai travail est au niveau du gouvernement et de l’appareil de l’Etat. Les grandes décisions à prendre, et les mesures opérationnelles n’ont pas besoin de cette conférence pour se déclencher et se mettre en œuvre. Le gouvernement cherche sans doute à s’appuyer sur un soutien public, mais doit se consacrer à l’ouvrage, fort de sa légitimité et mû par les impératifs stratégiques et au quotidien.

La finalisation de la note d’orientation du 1er plan de développement économique de la IIe République (2016-2020) et le lancement des séquences suivantes pour l’élaboration du plan lui-même et la programmation budgétisée des projets retenus taraudent  le chef du gouvernement. Habib Essid a beaucoup souffert, même s’il ne le dit pas, des difficultés et retards rencontrés dans l’aboutissement des versions successives de ce document, puis sa révision à la lumière des commentaires reçus des partis politiques consultés. En dernière ligne droite, tout semble se ficeler convenablement. Le retard sera rattrapé. Reste le contenu à vérifier s’il rompt avec les modèles désuets et apporte une vision innovante et des propositions ayant un réel impact.

Toutes ces questions cruciales s’ajoutent pour le chef du gouvernement à son programme diplomatique. C’est ainsi que Habib Essid recevra au cours de la deuxième semaine de septembre son homologue égyptien à la faveur de la tenue à Tunis de la réunion périodique de la grande commission mixte, en session spéciale. Aussi, une tournée dans les pays du Golfe, fin septembre, est en préparation. Une visite au Japon reste à programmer.