Préparer le Congrès National sur la lutte contre le Terrorisme

Le Congrès National sur la lutte contre le terrorisme tarde à venir. Annoncé depuis belle lurette pour septembre 2015 puis ajourné pour début octobre, il est enfin  annoncé pour les 24 et 25 octobre de cette année. Mais rien n’a filtré sur l’objectif final du Congrès ni sur les thèmes à débattre, ce qui n’est pas de bon augure quant à sa réalisation. Il reste à peine six semaines  et hormis l’initiative des intellectuels tunisiens, aucune autre partie n’a publié sa contribution à ce rendez vous tant attendu de tout le pays. Il serait intéressant pour chaque partie désireuse de participer au congrès national de la lutte contre le terrorisme de suivre les traces des intellectuels tunisiens et présenter une étude spécifique sur un thème en rapport avec le terrorisme en Tunisie qui comprend les causes et les remèdes. Le  congrès national de deux jours pourrait se limiter à la discussion des thèmes et fixer les contours d’une stratégie de lutte qui sera mise en œuvre avant la fin de l’année en cours.   

La sécurité est le volet prioritaire du programme du nouveau gouvernement. La guerre au terrorisme déclarée au début de l’année, la loi contre le terrorisme et le blanchiment d’argent adoptée le 25 juillet dernier et la Ligne de Protection de la Frontière Est entamée, il ne reste plus qu’à mettre en œuvre une stratégie de lutte contre le terrorisme. Tout le monde convient de la nécessité de concevoir une forme intégrale de lutte qui prend en considération les volets d’ordre social, économique, culturel et sécuritaire sans oublier le côté géopolitique.

Les intellectuels tunisiens n’ont pas ménagé leurs efforts et leur temps durant la période estivale pour présenter le 12 aout 2015 leur contribution au congrès contre le terrorisme. C’est une initiative louable mais ce n’est pas surprenant de la part de la noblesse de l’esprit. En parcourant leur  rapport final il est utile de s’arrêter sur les points suivants:

• Ils ont organisé deux réunions préparatoires pour décider de l’organisation de leur congrès sur la lutte sur le terrorisme.
• Ils ont organisé au moins sept rencontres à Kélibia, Nabeul, Sidi Abdallah, la Marsa, Sousse, Sfax et Tozeur durant lesquelles ils ont animé des débats riches d’idées.
• A l’issue de ces rencontres, 34 textes ont été présentés comprenant les constats sur les différents thèmes et des propositions pour mener des enquêtes et préconiser des solutions.
• Le rapport met en relief une genèse du phénomène terroriste dans notre pays et identifie les foyers de la prolifération du terrorisme. Il conclut par un appel à toutes les forces vives de la nation pour s’unir contre cette menace  et rassembler tous les moyens pour l’extirper.

Le travail accompli par les intellectuels est l’exemple qu’il fallait suivre. Le processus est simple et clair. Il importe à chaque partie intéressée par le congrès national de le suivre pour préparer sa participation. Si chaque partie s’organise dès maintenant pour présenter une étude thématique avant la tenue du Congrès National, on sera confiant pour  réaliser l’objectif final. Le congrès sur la lutte contre le terrorisme ne se limiterait pas aux volets suivants et il pourrait englober d’autres thèmes:

• le social : les sociologues peuvent se pencher sur ce thème pour chercher les raisons qui poussent les jeunes à s’enrôler dans le terrorisme et proposer des solutions pour remédier à ce phénomène.
• le triangle du mal : la contrebande, le couple crime organisé – drogue et le blanchiment d’argent constituent la plaque tournante du terrorisme. Identifier ces réseaux et les dissocier des terroristes serait un thème d’excellence pour comprendre la menace et proposer des solutions pour la contrer à la source. Ceci pourrait être une étude chapeautée par le Ministère de l’Intérieur.
• le Financement : le nerf des activités terroristes est sans aucun doute l’argent qui provient aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur du pays. Identifier les parties qui financent les terroristes et proposer les moyens pour assécher  ces sources contribuerait dans une large mesure à extirper ce mal qui ronge notre société.
• La Coopération Régionale : le terrorisme menace tous les pays de la région. Il importe de concevoir une politique coopérative dans les volets du renseignement et de la poursuite des terroristes. Ce travail est du domaine de quatre  ministères ; les Affaires Etrangères, l’Intérieur, la Défense et la Justice.
• Quel modèle de stratégie faut-il suivre pour mettre en œuvre une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme ? C’est une question qui pourrait être posée à la fin du congrès. Le modèle étant défini,  il ne reste plus qu’à charger une équipe d’experts pour rédiger la stratégie et fixer une date pour la présenter en vue d’être discutée et adoptée.

Préparer comme il faut la tenue du congrès national de lutte contre le terrorisme facilitera sa réussite. Il ne reste pas assez de temps aux participants pour présenter chacun dans son domaine un document d’étude comprenant une enquête et une solution sur un volet défini. Une improvisation de la dernière minute ne mènera à aucune solution valable.

Mohamed Nafti