Révélations sur l’assassinat de Hédi Chaker: des photos inédites, 62 ans après
Révélations exceptionnelle sur les conditions de l’assassinat, le 13 septembre 1953, à Nabeul, du leader destourien Hédi Chaker. Si les assassins ont été identifiés, jugés, condamnés à mort et exécutés, au lendemain de l’Indépendance, nous ne savons rien jusqu’ici sur les conditions exactes du crime et nous ne disposons d’aucun document probant. Grâce à Noureddine Hached, c’est aujourd’hui chose faite. Traquant sans cesse les assassins de son père, le leader syndicaliste Farhat Hached, le 5 décembre 1952 sur la route de Radès vers Tunis, il continue à interpeller présidents de la République et chefs de gouvernement successifs en France pour demander la levée du secret sur les documents classés et l’autorisation d’accéder à leur consultation. Au compte-gouttes, la France lui ouvre certaines de ses archives qu’il consulte attentivement en « archéologue », comme il le dit à Leaders.
Juin 2015, Noureddine Hached, obtenant un nouveau feu vert, consacrait un mois, à ses frais, essentiellement pour éplucher les boîtes d’archives, gardées sous forte surveillance dans un bâtiment officiel en banlieue parisienne. Ouvrant une boîte censée contenir des documents sur les «Evènements en Tunisie en 1952», entendez les attentats commis, il y avait effectivement trouvé une chemise très épaisse fortement garnie. Mais, à sa grande surprise, il y avait sur cette chemise, comme par mégarde, une autre, plus mince, intitulée : «Attentat contre Hédi Ben Haj Mahmoud Ben M’hammed Chaker, 13 septembre1953». Imaginez alors toute son émotion de fils de martyr et du moment historique qu’il vit alors en tombant sur ce trésor de documents jamais révélés auparavant.
Le dossier, probablement établi par les services d’identité judiciaire, contient des cartes géographiques, des relevés d’architecture et des photos. Les cartes sont celles de la ville de Nabeul et de sa proche région, mentionnant notamment l’appartement où Hédi Chaker était mis en résidence surveillée et le lieu précis, sur la route de Nabeul, où son corps, criblé de balles, a été retrouvé. Enlevé chez lui au milieu de la nuit, sous les yeux de sa femme Néfissa et de ses jeunes enfants, Mongi et Fathia (son fils aîné M’hammed était en boîte à bachot au Lycée d’Etampes en France), il était entraîné, hors de la ville, dans une zone «plus sécurisée pour ses assassins», sur la route de Tunis, pour l’achever. Les croquis désignent l’endroit et le dessin reprend l’architecture de l’appartement. Quant aux photos, elles sont pour la plupart horribles. Le reportage photo montre la porte d’entrée au rez-de-chaussée de l’appartement, déverrouillée par un explosif, les escaliers de bas en haut et de haut en bas, puis la route vers Tunis où on voit de loin le corps du martyr gisant dans son sang. Le photographe se rapproche. Ses clichés décrivent la sauvagerie. Une barbarie d’une rare violence et un fort acharnement.
Aux historiens de se pencher sur ce trésor rapporté par Noureddine Hached...
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Beaucoup de respect pour le travail de mémoire que vous impulser en nous.