Télévision tunisienne: l’occasion en or pour tout reconstruire

Le limogeage du président de l’Etablissement de la Télévision tunisienne, Mustapha Ben Letaief, décidé dimanche, par le chef du gouvernement et la démission, par solidarité avec lui, des directeurs des deux chaines publiques, Iheb Chaouch (Watanya 1) et Chédia Khedir (Watanya 2) peuvent ouvrir de nouvelles perspectives pour la refonte de l’audiovisuel public. Sixième président (cette fois, intérimaire) depuis la révolution, Rached Younes, ne saurait, malgré son expérience, être l’homme de la situation. Les conditions de sa désignation, contestées tant par le Syndicat national des Journalistes que par la HAICA, le privent du capital de confiance nécessaire à l’accomplissement de sa mission. La zone de fortes turbulences que traverse la Télévision tunisienne risque d’accélérer sa descente aux enfers. Seule une reprise en main rapide, consensuelle, pourrait endiguer le flot et la sauver du naufrage.

Trois mesures urgentes s'imposent:

• Faire l'état des lieux en procédant à une analyse approfondie de la situation financière  et des ressources humaines de l'établissement, en vue d'une restructuration, devenue  aujourd'hui nécessaire, avec les prix financier et social qu'elle implique.
• Surseoir à la mise en place de nouvelles chaînes jusqu'à la réalisation de ce diagnostic, de manière à arrêter l'hémorragie financière et n'envisager le lancement de pareils projets qu'après une étude minutieuse de leur coût, de leur rentabilité et de leur impact sur les publics.
• Définir un contrat- programme précis, fixant les priorités et les objectifs à atteindre,pour apurer la situation financière de l'établissement et rationaliser ses choix en matière de production, de programmation, d'accroissement des recettes publicitaires, de renouvellement des équipements techniques et de formation des ressources humaines.
  Ces mesures urgentes devront déblayer le terrain à une réforme profonde du service audiovisuel public, traduisant une réelle volonté politique de le promouvoir, une réforme qui englobe les aspects réglementaire, organisationnel et financier.