Le geste courageux de Béji Caïd Essebsi
On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas. Au-delà de l’émotion et l’horreur ressenties par les Tunisiens, le martyre que les terroristes ont fait subir au jeune berger Mabrouk Soltani a eu au moins le mérite de jeter une lumière crue sur les conditions infrahumaines dans lesquelles vivent une partie non négligeable de nos compatriotes.
Le témoignage notamment du cousin, lundi soir sur une chaîne privée a dessillé les yeux des Tunisiens sur les dures réalités quotidiennes d’une famille tunisienne de Slatnia, un village oublié des dieux et qui plus est, situé au pied du Mont Chaaambi, à un jet de pierre de la zone militaire. Des centaines de milliers vivent dans la même situation et ont fini par s'y résigner comme si elle relevait de l'ordre naturel des choses. Mais en la médiatisant on la rend intolérable autant pour cette frange de la population que pour les autres. On ajoute à la misère, la conscience de la misère, pour paraphraser Marx. Et on donne mauvaise conscience à ceux qui ont la chance de bénéficier de toutes les commodités de la vie. Dans d'autres pays, on érige des murailles pour la cacher, en Tunisie, on n'hésite pas à la montrer et c'est tout à l'honneur de notre jeune démocratie.
Le frère et le cousin du martyr à Carthage, c'est un signal fort à l'adresse des tous les laissés- pour-compte du pays, un geste qui s'apparente à un acte de contrition. La République ne saurait oublier ses enfants, même si les mesures prises, l'octroi d'un logement et l'asphaltage d'une route, ne résoudront pas le problème. Par commodité, on peut se défausser sur le gouvernement, le rendre coupable de tous nos maux. Ce serait trop facile. La guerre contre la pauvreté doit être l'affaire de tous. Les gouvernants comme les gouvernés.
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il est ou le geste héroique de béji dans cet article? pourqoi le titre est si différent du contenu à ce point ?