Slaheddine Dchicha: Attentats de Paris, Fluctuat nec mergitur
Depuis ce funeste vendredi 13 novembre, la terre entière est, pour les tueurs de Daech, un «territoire de guerre».
Ces assassins tuent partout. Sur une plage de Sousse; dans une rue commerçante de Beyrouth; dans un musée, au Bardo; près d’une gare à Ankara; dans une salle de concert au Bataclan; dans la campagne de Sidi Bouzid; dans un stade, à Saint-Denis; sur une terrasse à Paris… Le choix des lieux les plus populeux et le mode opératoire des attentats-suicides ont pour macabre objectif de faire le plus de victimes possible et de marquer ainsi les esprits. Terroriser!
Ces criminels tuent n’importe qui et n’importe qui peut devenir leur cible: un berger, des touristes, des amateurs de foot, des passionnés de musique, des amis buvant un verre, des collègues en détente après le labeur, des amoureux appréciant la douceur du soir…
Ces massacreurs n’ont plus besoin de prétexte pour tuer. Plus besoin de caricatures, plus besoin d’être juif, apostat, hérétique, yazidi, kurde, chiite, athée… il suffit d’être et de vivre à Tunis ou à Beyrouth, à Ankara ou à Paris. En Orient ou en Occident.
Il n’y a plus pour ces tueurs ni Orient, ni Occident; ni Nord, ni Sud. Le monde se divisant désormais en Daech et le reste. Il y a leur sinistre caricature de Califat et puis tout le reste. Tout ce qui n’est pas eux, est à éliminer, tout ce qui n’est pas eux est le territoire de «l’abomination et de la perversion» peuplé de «croisés et d’idolâtres» dont le meurtre, la décapitation et le dépècement sont décrétés par ces fanatiques licites et obligatoires.
Et ce monde, cette «non-humanité» doit se soumettre, s’islamiser ou disparaître. C’est inscrit noir sur blanc dans leur agenda, c’est la feuille de route fixée par leurs gourous, il suffit de lire Qotb ou El Banna; il n’y a qu’à voir le sabre du drapeau de L’Arabie Saoudite et les deux épées croisées du logo des Frères Musulmans. La généalogie est limpide, l’islam politique puise sa source d’une part dans le wahhabisme, d’autre part dans la Confrérie.
Et l’islamisation diffuse et rampante des sociétés arabo –musulmanes à laquelle se livre cet oxymorique islamisme modéré se donne pour ultime but, la réalisation du Califat et l’islamisation du monde. Et c’est ainsi que la terreur s’universalise car la mission est universelle.
Pour que Paris continue à arborer fièrement sa devise «Fluctuat nec mergitur», pour que cette ville-lumière, cette ville-monde, cette métaphore du monde «ne sombre pas» malgré les violents «flots qui la battent», il s’impose de s’attaquer à la racine du mal.
Sa partie émergée s’appelle Daech et il s’impose de la combattre par tous les moyens, mais se contenter du traitement du symptôme ne permet qu’une rémission passagère et provisoire. Il faut s’attaquer à la partie immergée, invisible et en apparence soft, l’islam politique et ses différents avatars, le wahhabisme, les frères musulmans, le salafisme…
L’islamisme radical commande un traitement radical et douloureux pour tout le monde. Il suppose la révision de certaines habitudes diplomatiques, la reconsidération de la Realpolitik et le changement de certaines alliances…Il suppose surtout de renoncer à de confortables intérêts et de se séparer de gros clients …Mais Paris et le monde valent bien une messe!
SlaheddineDchicha
*Ayant deux enfants parisiens pour qui nous avons tremblé toute la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, qu’on nous permette de donner comme titre à cette chronique la devise de la ville de Paris, «Fluctuat nec mergitur» qui signifie: «Il est battu par les flots, mais ne sombre pas.».
- Ecrire un commentaire
- Commenter