Les missions d'hommes d'affaires tunisiens en Afrique se multiplient: le tournant
Dans les années 70 et 80, le Président Léopold Senghor avait visité notre pays à plusieurs reprises, d'abord en tant que président du Sénégal puis, lorsqu'il quitta la scène politique dans son pays en tant que président de l'Internationale Africaine Socialiste (IAS). Et à chaque fois, il était reçu avec beaucoup d'égards. C'est que, entre lui et les Tunisiens, il y avait des sentiments d'admiration réciproques. On aimait en lui l'humaniste, l'homme d'Etat qui mettait un point d'honneur à concilier entre la morale et la politique, l'écrivain, chantre de la négritude, parce qu'il aimait, tout simplement, notre pays et ne ratait jamais une occasion pour le dire. Pour lui, la visite de la Tunisie était "un pélérinage aux sources de l'africanité", faisant allusion au nom antique de notre pays, "Africa"qui devait par la suite désigner tout le continent.
Mais au delà de l'aspect sémantique, il y a toujours eu un sentiment très fort d'appartenance à l'Afrique, en Tunisie. Les liens entre les Tunisiens et ce continent n'ont jamais cessé depuis le périple du Carthaginois Hannon au Vème siècle avant J.C jusqu'au parrainage de l'entrée d'une dizaine de pays africains à l'ONU en 1960, en passant par les caravanes qui reliaient, au Moyen Age, Kairouan à Tombouctou même si elles se sont desserrées passablement pendant la longue nuit coloniale. Et puis, n'oublions pas que les montagnes et les déserts réputés impénétrables comme le Grand Sahara isolent et séparent généralement les peuples alors que les mers les rapprochent et facilitent les communications entre eux.
Un immense capital de sympathie
C'est dire que la multiplication des missions économiques tunisiennes en Afrique depuis quelque temps s'inscrit dans une vieille tradition, même si leur fréquence est remarquable: Congo Démocratique, Congo Brazzaville, Gabon, Cameroun: un long périple pour la trentaine d'hommes d'affaires tunisiens, décidés à mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Et une volonté à soulever les montagnes partagée par leurs collègues africains, apparemment séduits par un langage qu'ils n'ont pas l'habitude d'entendre dans la bouche des hommes d'affaires étrangers, fussent-ils africains, de surmonter les obstacles que constitue l'absence de lignes maritimes et aériennes régulières, d'un cadre juridique pour les échanges. Il aura suffi d'une dizaine de jours pour jeter les bases d'un partenariat gagnant-gagnant. Des projets ont été déjà mis sur pied, notamment dans les services et une bonne dizaine d'idées de projets qui seront finalisées dans les prochaines semaines. D'autres suivront. Et une date à retenir: les 15 et 16 avril prochain, tenue du 1er Forum économique tuniso-africain à Tunis. Un évènement qui marquera certainement un tournant dans nos relations économiques avec l'Afrique.
Notre pays dispose d'un immense capital de sympathie chez nos amis africains. Il s'agit de le faire fructifier. Non pas en se contentant pas de vendre nos produits, mais en favorisant une coopération horizontale avec ces pays. Une manière pour nous de participer au développement du continent.
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