Taher Boussemma, Gouverneur sous Bourguiba

Récit d’un parcours, souvenirs d’un grand commis de l’Etat, témoignage d’un député et portraits d’hommes et de femmes, significatifs connus : les mémoires de Me Taher Boussemma promènent le lecteur à travers la Tunisie dès le lendemain de son indépendance. Juriste, il ira dans les années soixante, en pleine collectivisation d’abord dans l’Administration régionale, en tant que délégué, puis gouverneur. Un poste en première ligne pour vivre une expérience des plus enrichissantes, surtout en tant que gouverneur du Kef, de Gafsa et de Kasserine. Au développement régional et la maitrise des équilibres politiques, il excellera dans l’inclusion de la culture dans les stratégies régionales prioritaires. 

 

Parenthèse close, il endosse la robe d’avocat, accueilli dans l’un des plus grands cabinets, celui de Me Mondher Ben Ammar (le frère unique de Wassila), sans pour autant quitter la politique. Originaire de Téboulba, il sera en effet élu député de la circonscription de Monastir à l’Assemblée nationale. Avec cette double casquette, il gardera des liens très rapprochés avec Wassila Ben Ammar, Mohamed Mzali, Mohamed Masmoudi et autres ténors du paysage politique tunisien. Le portrait consacré à Mohamed Mzali prendra pas moins de 149 pages. Il en était non seulement un ami proche, mais aussi l’avocat durant sa triste déchéance, depuis son limogeage le 8 juillet 1986, sa fuite en Algérie, le 3 septembre de la même année, son exil pendant 16 ans à Paris, sous Bourguiba, puis Ben Ali, jusqu’aux tractations de son retour, le 6 août 2002

 

Le mérite de Me Boussemma est de s’être « lâché », évoquant sans la moindre inhibition ce qu’il avait vu, entendu, vécu, se retrouvant au bon moment, au bon endroit. Ses conversations avec Bourguiba, Hédi Nouira, Ahmed Mestiri, Hédi Khefacha et Kadhafi, puis après la révolution, Hamadi Jebali et d’autres dirigeants politiques, ne manquent pas d’intérêt pour mieux comprendre ces deux époques.