Un pays en déficit de légitimité
En Tunisie, toutes les légitimités sont tombées en défaillance. Après la légitimité « coutumière » et la légitimité historique, deux légitimités antidémocratiques quoiqu’on en dise, voilà la légitimité légale-rationnelle défaillir à son tour. Du coup, le pays se retrouve sans aiguillon, sans repères, sans ordre et sans institutions fédératrices.
Désormais, aucun pouvoir ne peut s’y exercer pleinement puisque le pouvoir d’injonction reposant sur la contrainte et la coercition n’est pas envisageable pour l’heure et que le pouvoir d’influence reposant sur le consentement des gouvernés et leur collaboration peine à s’établir.
En fait, la défaillance des légitimités vire à la crise institutionnelle généralisée. Aucune institution, au sens de ce qui est établi par les hommes, n’est respectée. L’Ecole est très largement déconsidérée au motif qu’elle ne forme que des médiocres, des chômeurs et des frustrés. De toutes les critiques qu’on lui adresse, c’est pourtant son abdication à jouer son rôle d’ascenseur social qui est la moins évoquée bien qu’elle soit la plus lourde de conséquence. La Justice est suspectée, vilipendée et vomie, avec ou sans raison. Ses décisions sont contestées et ses agents esseulés et mis à l’index. L’Administration, bien qu’elle ait réussi à sauver le pays de l’anarchie et du chaos après le 14 janvier 2011, est ouvertement défiée et ses arbitrages récusés. Une institution de substitution mais qui ne doit pas l’être tente d’étendre ses tentacules au tout social, l’institution « cultuelle », à l’appel d’imams hallucinés et de prédicateurs exaltés.
Les institutions politiques n’échappent évidemment pas à la crise. La Constitution est contestée parce qu’inopérante et sujette aux exégèses les plus contradictoires et aux pratiques les moins morales. Le mode de scrutin aux législatives reproduit à l’infini l’instabilité politique et la carence gouvernementale. Les partis politiques, indispensables dans une démocratie, donnent au pays et au monde le spectacle de leur insignifiance et de leur immaturité. La Tunisie se condamne ainsi à perpétuer, en les amplifiant, toutes les tares du régime précédent. C’est si vrai que la corruption, la fuite sociale et fiscale, la prédation, les déficits sociaux, budgétaires et commerciaux et le chômage atteignent des niveaux jamais connus auparavant, sans que l’on puisse déceler chez le pouvoir en place la capacité ou même la volonté d’inverser les tendances.
La légitimité légale-rationnelle incarne selon Max Weber «la modernité et en est un trait distinctif». On peut dire tout autant de la démocratie. Le fait que certains Tunisiens rêvent tout haut de revenir à la légitimité traditionnelle ou cultuelle et d’autres à la légitimité historique ou charismatique montre que la société tunisienne se trouve de ce point de vue dans une espèce de no man’s land, sans aucune légitimité «structurante». Que l’on prenne garde toutefois, si cet état se prolonge, la menace du totalitarisme n’en sera que plus pressante. Il se peut même qu’à la faveur de la grave crise socioéconomique qui s’annonce le césarisme finisse par être applaudi et légitimé.
Habib Touhami
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La legitimité est dans le fait que la revolution a été faite par Presque tout le people. la Tunisie ne se trouve pas comme la France 1789 ou comme la Russie en 1917 où l´ennemi était tres retrograde et violent. La tunisie s´est trouvé devant une poigné de politiciens corrompu et inefficace, et il a fallut moins d´un mois pour s´en debarrasser. L´erreur qu´ont commis les soviétiques, qui a amené leur système á la dérive,c´est de ne pas prendre les difficultés comme normales et les corriger. La democratie traditionnelle, qui est capitaliste par excellence, ne recule pas devant certaines difficultés, comme les querres á l´étranger. Je n´ai pas vu un gouvernement qui est allé faire un complot contre le système, meme pas la france laquelle s´est opposé á la guerre de l´Irak. il ya une difference entre la survie du système et les erreurs qu´íl faut apporter une solution. Le systeme capitaliste a traversé d´enormes crises mais il a survecu, parce que personne ne complote contre le système. Alors il faut trouver donc des repères á partir desquelles il faut continuer. La democratie c´est aussi un but politique de première importance.
Sans tomber dans un pessimisme excessif, le risque de l'échec de l'expérience démocratique est bien réel son soubassement économique tarde à être mis en place par les enfants du pays d'abord et la situation économique des "amis" de la Tunisie qui tardent à mettre en place un mini plan Marshall.
Quelques remarques á Mr. Khlifi Mokhtar. Laissons de côté la question de pessimisme, mais comment mettre en question la transition vers la democratie pour un plat de lentille. Oui ´c´est une question d´argent. Est-ce que cela est possible á un people qui a fait une revolution parcequ´il ne veut plus de l´ancien regime? qui a eu l´idée de mini plan marshal, cela est étrange vraiment. Pendant la periode de Ben Ali on entendait aussi ces tonolités d´argent, Je sais que tout le monde veut du petrole, mais il faut se rendre á la realité, il nya pas de petrole partout et bientôt c´est fini pour le monde entier. Il faudrait alors passer au soleil. Savez vous faire quelque chose avec le soleil pour en extraire de l´energie? ou bien alors vous voulez de l´argent comptant? pourquoi faire, le people n´a pas demandé de l´argent, moi je n´ai pas entendu ca. Si vous pensez Mr. par ex. de trouver comment vendre des produits agricoles, inventer de nouveaux plats arrangés de facon nouvelle, une centaine de plats á 5 dollars le plat cela vous donnerez 10.000.000 de personne fois 100 plats differents á 5 dollars ca fait combien? 5 milliards de dollars. Les USA ont eux une dette de 18000milliards de dollars qui represente 110 % du PIB. Non la democratie n´est pas á vendre.