Libye : un prolongement naturel, ethnique, et une histoire commune mais souvent agitée avec la Tunisie
Rome se dit prête à prendre la tête d’une éventuelle intervention occidentale en Libye : « compte tenu de ses intérêts stratégiques dans la région, mais aussi en tant qu'ancien colonisateur ». Un contingent de 5000 hommes est prêt à intervenir à Tripoli, annonçait le ministre des affaires étrangères italien : Le monde arabe tombe dans le ravin, mais l’abime est encore loin…
L’histoire se répète ainsi et de manière tragique. Voilà plus d’un siècle que l’Italie attaquait unilatéralement le peuple libyen avec une barbarie et une haine inouïe. A l’époque, les journaux de la colonie italienne de Tunis titraient entre autres : « L’Italie est investie d’une mission noble, civilisatrice, et humanitaire… ». Croyant à une conquête facile, les italiens mettront pourtant plus que 20 ans (de 1911 à 1932) pour arriver à bout de la résistance héroïque du peuple libyen. En réalité, c’était une guerre d’extermination qui causera la mort de milliers de libyens mais aussi de tunisiens. A partir de 1911, des centaines d’entre eux ont traversé à l’instinct et souvent à pieds, la frontière, malgré les restrictions françaises de l’époque pour participer à la lutte des disciples de Omar Mokhtar, notre Héros national, le martyr Mohamed Daghbaji est le plus célèbre d’entre eux.
Une trentaine d’année plus tôt, lorsque la France avait envahi la Tunisie, nous avions assisté à un exode phénoménal des tribus du sud tunisien qui fuyaient vers la tripolitaine. A l’époque, ils furent plus de deux cent mille exilés, soit plus de 15 % de la population tunisienne. Il faut imaginer le poids et l’impact démographique de cet exil sur nos voisins, dont la population ne dépassait pas quatre ou cinq cent mille habitants.
D'ailleurs, l'histoire contemporaine des deux derniers siècles est significative de cette agitation permanente sur nos frntières méridionales et de ce destin commun.
C’est ainsi que Hammouda Pacha, bey de la régence de Tunis, intervint militairement en septembre 1794 dans la régence de Tripoli. Il y envoya un contingent militaire pour déloger Ali Borgul autoproclamé Pacha de Tripoli et réinstaura le Pacha Ali de la dynastie des Karamanli, venu demander secours auprès du bey en août 1793
La ville de Tripoli a été encerclée et pacifiée en quelques mois (janvier – mars 1795(1)).
Ce même bey, éclairé et visionnaire, refusa vers 1810 l’adhésion de la Tunisie à la secte wahhabite à la demande - menaçante - des ancêtres des Saoudiens. Les adeptes de cette même secte, « les tatars des temps modernes » arrivent maintenant du sud, jusqu’à Ben Guerdane, tuer des innocents et mourir fanatiquement et bêtement avec le même espoir de répandre les thèses extrémistes et obscurantistes de «Ibn Taymiya ».
Des échos du même comportement reptilien des adeptes des ténèbres, apparaissent dans les atrocités commises par la secte de « fejr Libya » et la horde de « daech » sur des pauvres et malheureux tunisiens qui travaillent actuellement en Libye, poussés par le besoin et la misère.
Ces agissements, nous rappellent à nous, Tunisiens les sautes d'humeur de l’instable dictateur sanguinaire et pervers Kadhafi lors d’un certain mois de janvier 1980, lorsqu'il attaqua une caserne à Gafsa par un groupe armé, ou lorsqu’il dépouilla et renvoya des milliers de travailleurs tunisiens, pensant naïvement mettre en difficulté le régime pourtant agonisant de Bourguiba.
Abderrazek Maalej
Expert comptable indépendant
(1) Source : Ahmed Ibn Abi Diyaf : “Athaf Ahl Ezzaman”
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