L'encyclopédie de Kairouan: un ouvrage à la mesure de la première capitale de l'Occident musulman

La célébration de Kairouan, capitale de la culture islamique se termine en apothéose, une monumentale encyclopédie de Kairouan de 420 pages, moyen format, ordonnée par le Président Ben Ali. Un ouvrage d'une très haute tenue (contenu et contenant), réalisé sous la direction de trois éminents universitaires tunisiens, Mounira Chapoutot Rémadi, Mohamed Yaalaoui et Riadh Daghfous. Les superlatifs me manquent  pour qualifier cet ouvrage qui a certainement nécessité une somme de travail considérable. L'éditeur, la Maison Arabe du Livre, dirigée par Mustapha Attia, peut en tirer réelle fierté.

Il faut dire que le sujet en valait la peine: Kairouan, deuxième cité musulmane d'Afrique après Fostat et première capitale de l'Occident musulman; Kairouan, ville-garnison d'où sont parties les armées arabes à la conquête des autres contrées d'Afrique du Nord, l'Andalousie et de la Sicile, mais aussi centre de rayonnement  religieux et culturel avec ses centaines de théologiens, écrivains, poètes, savants et musée à ciel ouvert avec ses innombrables monuments, notamment, sa très belle mosquée qui a inspiré la plupart des édifices religieux au Maghreb. La matière existe qui justifiait largement un tel ouvrage. Le mérite des auteurs a été d'avoir évité le style rébarbatif des encyclopédies tradititionnelles et d'avoir présenté un ouvrage à la fois exhaustif, savant et agréable à lire. Ce qui constitue une véritable gageure. 

La centaine de biographies des grandes figures de la ville est entrecoupée de rappels  des temps forts de son histoire, la description de ses principaux monuments et l'évocation de ses traditions, de son artisanat avec une mention spéciale pour le tapis kairouanais et des fameux makroudh. Une évocation qui est loin d'être une incongruité même si elle est placée entre "la résistance de Kairouan à l'occupation française" et "le vestibule de la Grande Mosquée". 

On se serait contenté de ce seul travail, la célébration de "Kairouan, capitale de la culture islamique" aurait été quand même une grande réussite. Ce qui est tout dire!