Hommage à ... - 06.04.2010

Prophetie du Professeur Hassouna Ben Ayed

Ben AyedLe Lundi 22/02/2010 quand Farhat m’a appelé vers 23H j’ai immédiatement pensé que si Hassouna était souffrant et qu’il avait besoins de soins urgents et intensifs. Mais l’annonce était ferme, grave, sans appel, et sans recours.

C’est le départ sans retour de notre cher maître le Professeur Hassouna BEN AYED.

Surpris et terrassé par la triste nouvelle je me remets à Dieu dans ma réponse après un lapse de temps d’arrêt. Immédiatement après avoir raccroché le téléphone j’ai entrepris un voyage dans mes souvenirs et de mon vécu avec si Hassouna.

Depuis le premier contact avec notre maître le Pr Hassouna BEN AYED le Lundi 04/10/1971 au M8 une relation enseignant élève s’est tissée entre nous et il est devenu mon véritable parrain mon «mentor» et il a guidé et orienté ma carrière vers la réanimation médicale ou la médecine interne en aigue comme il aime dire.

Après m’avoir prévenu en 1973, il a un instauré en 1977 le le 1er concours de résidanat à la suite du départ brutal en 1976 de notre maître le Pr Zouhair ESSAFI.

Il a crée et ancré entre 1978 et 1981 la spécialité réanimation médicale, comme il l’a fait d’ailleurs pour de nombreuses autres spécialités, comme option de la médecine interne. Il a été à l’origine de l’introduction de la réanimation et de la médecine d’urgence dans la formation de base des étudiants en 5ème année médecine.

En 1985 à la fin de son mandat il m’a encouragé avec d’autres collègues à me porter candidat au conseil scientifique de la Faculté de Médecine de Tunis sous les mandats de doyen du Pr GHACHEM. Il nous lance ainsi dans l’apprentissage des méthodes pédagogiques et de la gestion de l’enseignement à la Faculté de Médecine de Tunis.

En 1989, tenant à promouvoir la réanimation médicale et en médecine d’urgence, il a été un des membres fondateurs de l’association tunisienne de réanimation ATR et son premier président.

Après son départ à la retraite en 1990 il est resté actif sur le plan clinique, scientifique et associatif et a été l’un des premiers membres du conseil national de l’éthique médicale où j’ai eu le privilège de siéger avec lui sous la présidence du Pr Béchir HAMZA avec le concours du Pr Abdelaziz GHACHEM.

L’activité et le moral de si Hassouna ont subi un sérieux déclin après la longue maladie de sa femme Madame Madeleine BEN AYED et son décès le 29/01/2002.

Il est devenu renfermé sur lui-même, et plus distant, irrité et beaucoup moins communicatif. Cet état s’est encore accentué après son accident coronarien au mois d’Août 2004 et de ses suites qui n’ont pas été simples.

Pour rompre sa solitude, comme certains membres de sa famille ou certains parmi ses élèves les plus proches, je vais parfois l’après-midi le voir et discuter avec lui de tout sujet de notre vécu quotidien. On a parlé un peu de mon travail, des petits problèmes quotidiens tout en buvant le café et la boisson qu’il nous a commandé ; puis c’était l’heure des informations 19/20 sur France 3, sa chaine préférée. A l’annonce des titres on nous a montré les territoires Palestiniens occupés avec des images devenues habituelles d’enfants qui jettent des pierres sur les chars et les soldats Israéliens lesquels tirent à bout portant et assassinent
ces pauvres gens, ou les attrapent, les attachent et les torturent. A l’issue de ces quelques séquences vidéo horribles il m’a dit: «quand on défend et on poursuit une cause juste, tôt ou tard on finit par avoir gain de cause» je lui ai répondu que le camps opposé prétend aussi défendre une cause juste. Il m’a dit alors: «la juste cause n’est pas une prétention sous la menace de l’épée c’est un contrat consensuel qui n’a rien à avoir avec le pouvoir et la force, la juste cause triomphe soit par la raison et je le souhaite pour les Israéliens, soit à la fin du pouvoir et de la force qui perpétue le désordre et la haine».

C’était là une sorte de prophétie et le dernier entretien que j’ai eu avec mon maître le Professeur Hassouna BEN AYED; son départ brutal à l’âge de 83 ans le 22/02/2010 m’a privé d’un entretien plus proche d’adieu avant son ultime voyage sans retour pour rejoindre ses amis et surtout sa femme Madeleine qui remplissait sa vie.

Il nous manque par son absence physique mais il continue à être présent par son esprit et son savoir qu’il a transmis à une large diaspora de médecins généralistes et spécialistes. Je suis très fier d’être l’un des véhicules d’une partie de ce savoir en matière de réanimation : www.mouldiamamou.com (texte long).

Nous nous consolons tous par ce très grand héritage spirituel et j’espère que sa progéniture, ses 3 enfants et toute sa famille à qui je souhaite une longue vie, trouvent en ces quelques lignes un peu de consolation pour apaiser leur douleur.

Que dieu le tout puissant vous accorde, cher maître, son infinie miséricorde et vous accueillie dans son éternel paradis.

Un élève de la diaspora
Mouldi AMAMOU

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