Habib Essid Délivré!

En remettant les clés de la Kasbah à son jeune successeur, Habib Essid éprouve légitimement un sentiment de délivrance. Et la conviction du devoir accompli.

Délivrance, après avoir accepté et assumé une lourde responsabilité. Dix-huit mois durant, de février 2015 à fin août 2016, il a dû en voir de toutes les couleurs. L’ambiguïté des dispositions constitutionnelles répartissant les compétences s’est trouvée compliquée par les jeux de sérail, l’ambition des uns, la convoitise des autres, l’état mafieux qui s’emploie à gangrener le pays et saper les fondements de l’État.

Devoir accompli, on connaissait d’avance l’intégrité de Habib Essid, sa droiture et son manque d’engouement pour la politique politicienne. Peu porté sur la communication, il n’a pu s’y faire que sur le tard.

Sévir et communiquer, lui avaient recommandé ses proches. Il ne pouvait ni sévir, affirme-t-il, dans un contexte des plus fragiles et des plus minés par la montée du corporatisme et la mollesse des leviers de l’État. Communiquer, ce n’est ni son don le plus fort, ni son caractère. Son credo a été de travailler et de préserver autant que possible l’État, le pays.

Le bilan de Habib Essid, consigné dans le volumineux document de passation (épais de plus 430 pages, précis et fourmillant d’indicateurs significatifs), transmis à Youssef Chahed, ne saurait être dressé à chaud. Ni les 106 projets de loi soumis à l’ARP, ni les 3 773 décrets et les 4 930 arrêtés pris n’en constituent la meilleure illustration.

Le jugement des Tunisiens a été sévère. La sanction des «politiques» tranchante. Visé personnellement, plus que son gouvernement, il en a fait les frais. Sans pour autant que rien ne puisse entamer son mérite.

Il aura servi, lui aussi, la République. A sa manière, de toutes ses énergies. De quoi en tirer fierté. Humblement, comme il l’est toujours.