News - 03.10.2016
Une thèse brillante de Khaoula Ben Mansour à l’Université Paris Saclay : Le whistleblowing ou l’alerte éthique professionnelle
Récemment soutenue en cotutelle avec École Supérieure de Commerce de Tunis, dans le cadre de l’Ecole doctorale Sciences de l'homme et de la société (Paris-Saclay), la thèse de Khaoula Ben Mansour, mérite une mention spéciale. L’impétrante a, en effet, décidé de s’attaquer à l’épineuse question du whistleblowing, également appelée alerte éthique professionnelle. Concept managérial nouveau, il est imposé à toutes les institutions cotées à Wall Street depuis 2002. La mise en place de ce dispositif est devenue selon la docteure un gage de bonne gouvernance. C'est ainsi qu'en septembre 2006, «les institutions financières internationales (IFI) ont harmonisé les principes essentiels de leurs procédures dans le cadre uniforme de prévention et de lutte contre la fraude et la corruption », explique Khaoula Ben Mansour.
A l’origine de son travail de recherche, qui a été encadré par la Professeure Sandra Charreire Petit et Professeur Karim Ben Kahla, un vif intérêt pour les enjeux et les répercussions des scandales financiers internationaux et le contexte particulier – culturel, notamment - de la Tunisie post-révolution. La situation actuelle, selon Khaoula Ben Mansour, impose à la pratique managériale tunisienne d’appliquer des principes de bonne gouvernance, dont l’enjeu est chaque jour plus important que la veille. D’ailleurs, la chercheuse note que la Tunisie est de toute façon contrainte de se soumettre aux normes et conventions internationales prévues par les Nations unies et que les pourvoyeurs de fonds exigent des évolutions en contrepartie des financements accordés à la Tunisie. Ces dernières comprennent un volet juridique doté d’un arsenal de dispositions prévoyant la protection des lanceurs d’alerte. « A l’inverse, le fonctionnaire de l’Etat tunisien est toujours tenu au secret professionnel, ce qui démontre bien que des tensions règnent aujourd’hui en Tunisie, dit-elle. Il est donc probable que le whistleblowing soit appelé à s’inscrire dans la durée en Tunisie. »
Une question culturelle
Au-delà de la question éthique, cette pratique pose aussi des questions culturelles car la dénonciation est un acte complexe, parfois perçue comme « une forme particulière de déviance » aussi bien dans le contexte managérial américain, européen ou africain. Sachant que les plus grandes organisations sont des multinationales évoluant dans un contexte multiculturel, cette pratique interroge les individus sur leurs représentations des normes, des valeurs et de l'éthique. En Afrique, « la question éthique dans les milieux des affaires est demeurée longtemps marginale voire taboue ».
De fait, son travail d’enquête soutient qu'il devient difficile de prôner l'universalité des modèles de gestion dans le contexte d'une organisation multiculturelle. Les méthodes de gestion des ressources humaines et des organisations doivent en effet composer avec les particularités culturelles et les usages locaux en la matière. « Ainsi, la question qui s'impose à nous est de savoir comment la culture influence la conception de l'éthique. Représente-t-elle un atout efficace dans la mise en place d'un système d'alerte professionnelle ? », s’interroge-t-elle. Et d’ajouter : « C'est dans cette optique que je me suis intéressée à un organisme bancaire multinational basé en Tunisie, la Banque Africaine de Développement (BAD). Au sein de cet organisme, le personnel est aussi multiculturel, puisque la politique de recrutement revendique ‘’la diversité géographique de ses ressources humaines’’. »
Félicitations du jury
Le jury de la soutenance, après avoir accordé à l’unanimité le grade de Docteure de l’Université Paris Saclay à Khaoula Ben Mansour, a salué « l’originalité et la qualité du travail doctoral» qu’elle a accompli. Présidé par Pr. Jean-Philippe Denis, il était composé de Pr. Karim Ben Kahla et Pr. Sandra Charreire Petit (ses dircteurs de thèse), Yvon Pesqueux, Isabelle Vandangeon Derumez, comme rapporteurs.
Néjiba Belkadi
Thèse soutenue le 5 septembre 2016, à Paris Saclay en cotutelle avec École Supérieure de Commerce de Tunis , dans le cadre de Ecole doctorale Sciences de l'homme et de la société (Paris-Saclay) , en partenariat avec Réseaux Innovation Territoires et Mondialisation (Sceaux, Haut-de-Seine) (laboratoire) et de Université de Paris-Sud. Faculté Jean Monnet droit, économie, gestion (établissement opérateur d'inscription)
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