Clinton vs Trump : rêve ou cauchemar américain?
Les dés sont jetés. Après une campagne intense, épuisante comme un marathon, violente comme un match de boxe et surtout boueuse… qui a mobilisé et passionné les Américains et tenu en haleine le monde entier, les citoyens étatsuniens décideront, en leur âme et conscience, ce mardi 8 novembre, et feront leur choix entre Hillary Clinton et Donald Trump.
N’en déplaise aux machos de tout bord, honneur à Hillary:
L’animal politique
La brillante étudiante en droit, diplômée de la prestigieuse université de Yale, s’était engagée très jeune contre la guerre du Vietnam et, en admiratrice de feu Martin Luther King, a milité très tôt pour les droits civiques.
Durant les deux mandats de son mari à la Maison Blanche, au lieu de se contenter d’être la femme de Bill et de jouer le rôle classique et traditionnel de la First Lady, cette travailleuse acharnée a tenu à se faire un nom. Fidèle à elle-même et à ses convictions, elle est demeurée, pendant ces 8 années, entreprenante et active, se démenant pour s’impliquer et participer de très près à l’exercice du pouvoir. Proximité qui lui a été reprochée plus d’une fois car jugée envahissante.
Lors du premier mandat de son ancien rival Barak Obama, elle a dirigé en tant que Secrétaire d’état fédérale la diplomatie étasunienne pendant quatre ans. Et à ce titre, elle a connu les méandres des affaires étrangères et les subtilités des relations internationales, en sillonnant la planète et en rencontrant tout ce que le monde compte de dirigeants et de décideurs.
Cette expertise internationale ajoutée à sa connaissance des arcanes de la politique intérieure d’abord en tant que First Lady et ensuite grâce à son siège de sénatrice à New York, l’a persuadée qu’elle méritait à plus d’un titre la Magistrature Suprême des Etas Unis à laquelle elle estime s’y être bien préparée et depuis longtemps, chevillant ainsi son ambition au corps.
Face à cet animal politique s’est dressée une bête de scène :
La bête de scène
Face à cette rivale issue des classes moyennes, Donald Trump fait figure d’héritier. Son père, un agent immobilier, lui a transmis en même temps qu’une fortune colossale, un empire fait de tours, d’hôtels, de casinos… qu’il a gérés et fait fructifier mais pas toujours de façon orthodoxe, pour preuve son étroite et longue collaboration avec le sulfureux avocat Roy Cohn complice du maccarthysme de sinistre mémoire.
Il a aussi hérité de son père des valeurs et une idéologie.
Après de vagues études commerciales, ce vendeur dans l’âme, s’est consacré à l’exaltation du corps et de la force physique, au culte de l’argent, aux performances sportives et aux conquêtes féminines.
Mais son credo le plus marquant semble être la réussite et ce, quelqu’en soit le prix. Réussite dans tous les domaines comme le préconise son gourou et maître à penser, Norman Vincent Peal, l’auteur de son livre de chevet, la puissance de la pensée positive.
Même lorsqu’il échoue, comme il lui est arrivé souvent dans ses affaires, il reste persuadé d’avoir réussi et il en donne le spectacle par le verbe en faisant usage d’une rhétorique agressive et manipulatrice et par l’étalage des signes extérieurs, le bling bling et les paillettes…
Cette méthode combinée à la publicité, au marketing et à un narcissisme exacerbé en fait un redoutable communicant et le mène tout droit à la téléréalité où il va faire merveille et grâce à laquelle il va devenir célèbre et populaire. En fait, il devient un bateleur populiste et démagogue qui n’hésite devant aucun moyen, ne reconnaît aucune limite et ne respecte aucun tabou.
En effet, comme il l’a manifesté tout le long de la campagne électorale, il est totalement désinhibé et ne semble pourvu d’aucun surmoi. Il n’hésite pas à mentir, ni à se montrer grossier et vulgaire. Il fait appel à l’insulte, à l’invective et ne cache ni son racisme ni son sexisme, ni sa haine…
Bonnet blanc, blanc bonnet?
Bien sûr, dans ces deux portraits, se perçoit une certaine simplification, une sorte de stylisation comme pour les lutteurs des matchs de catch. En vérité, personne n’est complétement ange ou démon. Ni Hillary ni Donald. Et malgré les contrastes soulevés, les deux finalistes des Présidentielles américaines présentent quelques similitudes.
L’une comme l’autre, quelle que soit leur classe de départ, appartiennent désormais à l’élite. L’un à l’élite économique et l’autre à l’élite politique et les deux sont à des milliards d’années-lumière des couches pauvres et précaires, les fameux « Working Poors » qui doivent cumuler plusieurs emplois et qui, faute de garantie, vivent sous des tentes ou bien se déplacent d’un motel à un autre. Que l’on se rappelle que les USA, le pays le plus riche du monde compte un million d’enfants SDF !
Trump et Clinton partagent les fondamentaux : tous les deux sont pour le libéralisme, pour la mondialisation et pour le Marché. Ils sont pour le système, ils sont dans le système, ils sont le système et leur différence est une différence de degré et non de nature.
Sans pourtant insinuer qu’il s’agit de « bonnet blanc et blanc bonnet », Ils représentent deux images, deux illustrations du rêve américain qui devient de plus en plus un cauchemar pour les pauvres et petit à petit pour les classes moyennes. Et paradoxalement ce sont ces derniers qui sont attirés par le milliardaire Trump!
Et demain?
La première puissance du monde se hasardera-t-elle à confier son destin à un populiste, raciste, haineux et grossier ? Rejoindra-t-elle ainsi dans une dérive droitière la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ?
Ou bien le modèle pour les démocraties du monde portera-t-il à sa tête une femme après avoir été préside pendant huit ans par un Noir ? viendra-t-il agrandir le club des femmes ayant conquis le pouvoir en ajoutant à côté d’Angela Merkel et Theresa May le nom de Hillary Clinton ?
Slaheddine Dchicha
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