News - 08.11.2016

Visite de Youssef Chahed à Paris: La Tunisie doit être plus audacieuse dans sa demande

Visite de Youssef Chahed à Paris : La Tunisie doit être plus audacieuse dans sa demande

«Deux personnalités jeunes, prometteuses sur le plan politique, qui auront l’occasion de se connaître et de travailler ensemble pour approfondir une relation extrêmement stratégique entre les deux pays ». C’est ainsi qu'un diplomate français commente la visite officielle qu’entreprend dès ce mercredi matin en France, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à l’invitation de son homologue Manuel Valls. Un premier contact, qui sera poursuivi à Tunis, fin novembre prochain, Valls ayant à y conduire la délégation française à la Conférence internationale sur l’Investissement, mais des entretiens qui s’annoncent d’ores et déjà approfondis. Immédiatement bénéfiques. « Sans doute, à condition que la Tunisie soit plus audacieuse, beaucoup plus audacieuse dans sa demande », estime un fin connaisseur des relations bilatérales, interrogé par Leaders.

Youssef Chahed cherchera avec ses interlocuteurs français à «inventer de nouvelles relations entre la Tunisie et la France », comme il l’a déclaré à notre confrère du Monde, Frédéric Bobin, à la veille de son arrivée à Paris, ajoutant que «l’engagement politique de la France sur la Tunisie doit se hisser à un autre niveau. Nous sommes l’exception des "printemps arabes"». Pour le chef du gouvernement, les enjeux de la démocratie et de la reprise de croissance en Tunisie méritent un appui encore plus fort de la part de la France et de la communauté internationale, dans une conjoncture des plus difficiles que certains n’hésitent pas à qualifier de situation d’urgence.

A l’issue de leurs entretiens avec Youssef Chahed, Manuel Valls et François Hollande feront, chacun de son côté, une déclaration. Seront-elles porteuses de bonnes nouvelles, concrètes, à la mesure de ce qu’attendent les Tunisiens ? Les connaisseurs de Matignon et de l’Elysée laissent entendre que si les principes sont réaffirmés à cette occasion, les grandes annonces seront faites par Valls à Tunis, fin novembre, lors de la Conférence internationale sur l’Investissement. La visite en France conserve cependant toute son importance et y trouvera de multiples significations.

Tapis rouge et honneurs militaires

Pour recevoir Chahed à l’occasion de son premier voyage officiel, Paris multiplie les marques de considération et les rendez-vous au sommet de l’Etat. Honneurs militaires aux Invalides (en présence de Mme Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer), entretiens avec les présidents François Hollande, Claude Bartolone (Assemblée nationale), Gérard Larcher (Sénat), Manuel Valls, et le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, dîner-débat au Medef, conférence à Science Po, interview par Jean-Pierre Elkabbach à Europe 1 et déjeuner de presse avec le gotha des médias parisiens, en plus de la partie réservées aux Tunisiens de France: un séjour qui a tout d’une grande visite. 
Dans un format protocolaire plus réduit que celui de la visite d’Etat effectuée en avril 2015 par le président Caïd Essebsi, mais comme ses prédécesseurs à la Kasbah, Mehdi Jomaa et Habib Essid, la France réserve un accueil haut en couleur et bien chaleureux en ces jours de grand froid polaire qui balaye la capitale française. Mais, qu’en ressortira-t-il au concret ? « On ne dit pas à ses amis ce qu’ils doivent faire pour leurs amis », avait déjà dit Caïd Essebsi à Paris, en 2015.
Les Tunisiens sont en droit d’être impatients. 
Taoufik Habaieb

 

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