Tunisie-UE: 30 ans au profit d'une plus grande intégration de l'économie tunisienne
Prenant part au Forum de l'Economiste, " 30 ans de coopération Tunisie - Union Européenne qui s'est tenu hier lundi, M. Afif Chelbi, Ministre de l'Industrie et de la Technologie a tenu à rappeler quelques chiffres clés 1980 – 1995 - 2009 pour souligner que "les amis de 30 ans et plus que sont la Tunisie et l’Union Européenne ont beaucoup évolué" et énumérer "les atouts qui militent en faveur du renforcement du partenariat entre la Tunisie et l'UE pour un statut avancé":
Le Partenariat tuniso-européen depuis 30 ans
| 1980 | 1995 | 2009 |
| 0,5 | 2 | 10 |
| 0,4 | 3 | 9 |
| 300 + 30/an | 1000 + 50/an | 2200 + 150/an |
| 20.000 | 40 000 | 400.000 |
Ces chiffres clés montrent l’ampleur des changements intervenus en Tunisie, notamment depuis 1995 date à laquelle son Excellence Monsieur le Président de la République a fait le choix courageux de faire de la Tunisie le 1er Pays MEDA à signer un accord d'association avec l'UE (1995) et qui a été un véritable partenariat gagnant-gagnant :
En effet depuis 30 ans. Les échanges Industriels ont été multipliés par plus de 20 passant de moins de 1 milliard d’euros à plus de 20 milliards d’euros.
- Le nombre d'entreprises en partenariat est passé de 50/an à près de 150/an. Plus de 2200 entreprises européennes opèrent aujourd’hui en Tunisie, premier site d’implantation au Sud de la méditerranée contre 300 en 1980 et 1000 en 1995.
- Et il faut ici rendre hommage aux programmes d’appui de l’UE, notamment le PMI, qui à côté du programme de mise à niveau a fortement favorisé cette mutation.
- Et entre 1980 et 2009, la Tunisie a vu le nombre de ses étudiants multiplié par 20, par 10 depuis 1995.
- Ce qui impose de nouveaux enjeux pour la Tunisie : créer plus d’emplois pour ses diplômés donc plus d’innovation et de développement technologique pour son économie et ses partenariats.
Les relais de croissance se situent au Sud
Mais il faut noter que depuis 30 ans l’UE a aussi profondément changé :
- Dans sa configuration d’abord, entre 1990 et 2000 son regard s’est plus tourné vers les pays de l’Est nouvellement intégrés. Mais depuis quelques années, et pour des raisons objectives, il y a eu un certain regain d’intérêt pour le Sud.
- Et surtout, depuis 1990 irruption exponentielle de l’Asie :
En 1990, le PIB de la Chine, de l’Inde de la Corée du Sud et de l’Indonésie était inférieur à celui de l’Italie.
En 2009, le PIB de la Chine à elle seule était supérieur à celui de l’Allemagne, et le PIB de chacun de ces trois autres pays asiatiques était supérieur à celui de la France.
De ce fait, la part des pays émergents dans la production industrielle mondiale a dépassé 50 % l’année dernière. L’Europe a connu depuis 30 ans une désindustrialisation massive, sa part passant de plus du tiers à moins de 15 % avec la perte de près de 10 millions d’emplois industriels.
Et par conséquent, si aujourd’hui, comme il y a 30 ans, la Tunisie a toujours besoin de l’Europe, l’Europe a quant à elle beaucoup plus besoin du Sud en général et de la Tunisie en particulier pour faire face à l’émergence des pays asiatiques.
En fait, si la crise a induit des pressions fortes à court terme, elle offre une opportunité historique de renforcement des relations Nord- Sud.
Tant il est vrai que c’est au Sud aujourd’hui que se situent les relais de croissance.
De ce fait, plusieurs économistes notent que : Si l’Europe ne veut pas devenir, à terme, une friche industrielle, un continent sans usines, son avenir dans ce secteur est lié au renforcement de ses liens avec les pays de proximité tel que la Tunisie.
Ainsi, contrairement à certaines idées reçues, lorsqu’une entreprise européenne s’implante en Tunisie, elle pérennise dans la majorité des cas, l’emploi en Europe.
Et ce n’est pas des paroles en l’air, les données globales et les centaines de cas de partenariat illustrent bien cette idée.
Les délocalisations au Sud ne détruisent pas les emplois au Nord
Plusieurs témoignages illustrent parfaitement que les entreprises européennes implantées en Tunisie tirent une partie de leur potentiel de croissance de leur site tunisien.
Parmi ces témoignages une déclaration d’un industriel européen qui a précisé lors de l’inauguration de son site tunisien que : « le partenariat avec la Tunisie, c’est un remède anti - crise pour mon entreprise ».
Cette dynamique a engendré 240.000 emplois crées par les entreprises européennes installées en Tunisie (tous les 5 jours une entreprise européenne s’implante en Tunisie et cela a continué pendant la crise).
Mais, ces 240.000 emplois crées en Tunisie ont permis d’en créer ou d’en pérenniser autant en Europe, la meilleure preuve provient de centaines d’exemples.
Ainsi, tout en exprimant aujourd'hui ma grande satisfaction pour l'excellence des relations entre la Tunisie et l'UE qui sont, comme je l'ai déjà mentionné, solides et empreintes de la plus grande amitié, je considère que les défis imposés à l'entreprise tunisienne comme européenne nécessitent l'accélération de la dynamique de partenariat. D’où la nécessité pour la Tunisie et pour l’Europe d’une nouvelle étape dans notre partenariat : l’accès au statut avancé.
Notre pays a montré à travers le respect des obligations qui découlent de l'Accord d'Association qu'il est un modèle à suivre dans la région malgré une conjoncture internationale difficile. Notre objectif est d'accélérer la dynamique de partenariat avec l'UE.
Afif Chelbi
Ministre de l'Industrie et de la Technologie
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