« La Tunisie a enregistré une reprise modeste en 2017, mais reste très vulnérable sur le plan macroéconomique, et le chômage demeure élevé. La dette a continué d’augmenter, l’inflation s’est accélérée et la couverture des réserves de change est maintenant inférieure à trois mois d’importations. » C’est ce qu’a déclaré Mitshuhiro Furusawa, Directeur Général adjoint et Président par intérim du Fonds monétaire international (FMI) à l’issue de la réunion du conseil d’administration du Fonds, tenue le 23 mars dernier à Washington DC. « Il est nécessaire, a-t-il ajouté, de mettre en œuvre de manière décisive les mesures figurant dans le programme appuyé par le FMI pour maintenir la stabilité macroéconomique. »
Au cours de cette réunion, le FMI a achevé la deuxième revue du programme de réformes économiques de la Tunisie appuyé par un accord au titre du mécanisme élargi de crédit. L’achèvement de la revue permet aux autorités de tirer un montant équivalant à 176,7824 millions de DTS (environ 257,3 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements au titre de l’accord à l’équivalent de 631,3661 millions de DTS (environ 919 millions de dollars).
A cette occasion, le Directeur Général adjoint et Président par intérim du Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que « les autorités ont commencé à s’attaquer à ces problèmes en établissant pour 2018 un budget qui réduit le déficit, en resserrant la politique monétaire et en renouvelant leur engagement à flexibiliser le taux de change. Des réformes structurelles ont commencé à améliorer la gouvernance, à renforcer le climat des affaires, à moderniser la fonction publique et le système des retraites, ainsi qu’à restructurer les banques publiques.
« Pour que l’ajustement budgétaire soit un succès, un renforcement de l’exécution des politiques économiques est nécessaire. Il sera crucial d’accroître les recettes fiscales de manière équitable et de freiner les dépenses courantes afin de réduire la dette et d’accroître l’investissement et les dépenses sociales. Pour 2018, il est prioritaire de renforcer le recouvrement des impôts, de mettre en oeuvre les départs volontaires de fonctionnaires, de ne pas accorder de nouvelles augmentations salariales sauf si la croissance s’avère supérieure aux prévisions et de relever les prix des carburants chaque trimestre. Il sera tout aussi important de répartir la charge de l’ajustement de manière équitable parmi les composantes de la société et de protéger les groupes vulnérables. Les partenariats publics-privés ne devraient être menés que s’ils s’inscrivent dans un cadre juridique et réglementaire adéquat.
« La Banque centrale de Tunisie a démontré sa détermination à maintenir une inflation basse en élargissant la fourchette des taux d’intérêt, puis en relevant sensiblement le taux directeur.
De nouvelles hausses seront nécessaires pour ramener les taux d’intérêt réels en territoire positif à moins que l’inflation ne recule rapidement.
« Dans la continuité de la dépréciation du taux de change réel en 2017, la flexibilité du taux de change demeurera essentielle afin de corriger la surévaluation restante du taux de change réel, de réduire le déficit des transactions courantes et de reconstituer les réserves de change.
À cet effet, il conviendra de respecter le budget destiné aux interventions sur le marché des changes et d’organiser des adjudications de devises plus compétitives.
« Les autorités ont accru le financement à court terme du système de sécurité sociale. Cela devrait être suivi de réformes équitables et durables du système des retraites. L’achèvement de la base de données sur les ménages vulnérables, qui est essentielle pour bien cibler l’assistance sociale, contribuera à préserver le contrat social.
« Les autorités ont accompli des progrès considérables sur le plan des réformes structurelles. Elles ont mis en place l’Instance constitutionnelle de la lutte contre la corruption et établissent des institutions à l’appui du code de l’investissement, y compris le guichet unique. La législation visant à réduire les portefeuilles de prêts improductifs facilitera la restructuration des banques publiques. Les améliorations qui sont apportées au régime de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme s’attaqueront aux déficiences de la Tunisie dans ce domaine.
« Une bien meilleure exécution du programme, accompagnée par des revues trimestrielles, et l’appui permanent de la communauté des bailleurs de fonds aux efforts de réforme de la Tunisie seront cruciaux dans la période à venir. »