Carnet de voyage en Chine par le Dr Saadeddine Zmerli
Shanghai, « meilleure ville, meilleure vie »
En atterrissant ce samedi 29 mai à Shanghai j’ai été frappé par l’immensité de cette ville avec ses avenues longues de dizaines de kilomètres, son urbanisme moderne, ses gratte-ciel, ses tours d’acier et de verre à perte de vue qui m’ont rappelé Hong Kong ou New York. Consacrée la perle de l’Orient, Shangai est une ville-monde divisée en deux parties par le fleuve Huangpu, Puxi, l’historique, à l’ouest, et Pudong, à l’est, sortie de terre en une décennie
le fleuve Huagpu et Pudong
Ma première visite a été pour le Musée de Shanghai, situé au centre de la ville près de la place du peuple. C’est un musée de quatre étages où sont exposées toutes les formes de l'art et de la culture chinoises. J’ai apprécié en particulier les salles où sont exposées des céramiques datant des différentes dynasties Quing et Ming, l’historique de la calligraphie et de la peinture chinoises. Une salle est réservée aux peintres modernes, nationaux et étrangers.
Céramique chinoise
En quittant le musée et après avoir traversé la place du peuple, aux abords fleuris et d’une grande propreté, j’ai emprunté Nanjing Road, dans sa partie piétonnière. Fréquentée par une population dense, colorée et très vivante, c’est une avenue commerçante bordée de magasins aux vitrines offrant un vaste choix d’articles luxe au visiteur.
Cette promenade m’a amené au Bund ce quartier réputé de Shangaï. Sa belle corniche (diapo ci-dessous) de quelques kilomètres, au bord du fleuve Huangpu a été créé pour l’exposition en l’espace de quelques mois.
La corniche du Bund avec la tour orientale à Pudong
L’autre rive du fleuve est hérissée de tours et de gratte-ciel. C’est le Shanghai du futur. En face du Bund, se trouve le centre d’affaires de Lujiazui avec la tour de télévision à droite et la tour Jinmao en arrière et légèrement à gauche.
La féérie nocturne de ces buildings illuminés et riches en couleurs est un spectacle inoubliable.
Dans l’ancienne concession française, quelques quartiers résistent à la déferlante des bulldozers. Pour combien de temps ? J’ai emprunté la rue Jin’Xian qui offre un calme paisible et le charme discret d’un passé révolu. Des petits commerces à taille humaine alternent avec des entrées de ruelles, les « uthong » traditionnels de Shanghai. On pousse une grille, fermée par les habitants pour la nuit, et c’est la Chine traditionnelle qui enveloppe le visiteur. L’impasse dite des Jeunes-Talents était le royaume des écuries, transformées en logements en 1949. Les toits en tuiles rouges et les fenêtres en chiens-assis rappellent la concession française d’antan (diapo ci-dessous).
Un autre symbole du Vieux Shanghai , le Marché de la Vieille Ville avec ses maisons traditionnelles, ses magasins, son commerce d’objets d’art, ses artisans.
Construit durant la dynastie des Ming, il y a 400 ans, il attire une population nombreuse de Chinois et de visiteurs étrangers.Il est situé à côté du jardin Yu, un célèbre jardin de la beauté et de la tranquillité au coeur de Shanghai
Ce soir-là, j’ai dîné dans un restaurant chinois dans le quartier de XinTiaDi, accompagné d’un ami qui dirige depuis une dizaine d’années à Shanghai une entreprise, l’une des quinze entreprises tunisiennes installées en Chine. Pareillement, la Tunisie accueille aujourd’hui quinze entreprise chinoises. Centre de divertissement et de loisirs avec ses boutiques, ses restaurants et une vie nocturne étonnante pour tous les goûts et les humeurs, XinTiaDi est un bon endroit pour sentir et toucher la Shanghai d'hier, d'aujourd'hui et de demain..
L’Exposition Universelle
A de multiples occasions, j’ai été abordé avec gentillesse par un jeune ou une jeune chinoise qui souhaitait m’informer sur la réalité de l’exposition et sur les modalités d’y accéder. Il s’agissait de volontaires bénévoles reconnaissables par leur tenue de couleur blanche et verte, recrutés pour assister les visiteurs de l’exposition. Leur nombre, plusieurs centaines de milliers, a de quoi étonner.
J’ai eu la chance d’y être invité par le directeur du pavillon de Tunisie et de découvrir en cette matinée ensoleillée du 30 mai l’Exposition placée sous le thème «Meilleure ville, meilleure vie ».
- Le pavillon de Tunisie que j’ai visité en premier est un bâtiment quadrangulaire de bleu vêtu, dont la réalisation a coûté environ un million de dollars. (Façade du pavillon tunisien)
- Il comprend 2 étages. La rocade supérieure est une galerie de peintures d’artistes tunisiens connus. En empruntant la rocade du rez- de-chaussée avec ses panneaux muraux, ses slides illustrant Sidi Bou Said, Hammamet, Tozeur, El Jem dont j’ai apprécié la présentation. J’ai retrouvé surtout les images de la Tunisie classique et son atmosphère. La Tunisie moderne et la Tunisie du futur auraient mérité une place plus importante et une meilleure illustration.
- L’exposition universelle, qui doit se prolonger jusqu’au 15 octobre, est peut-être l’occasion d’améliorer l’image de la Tunisie pour favoriser les échanges entre nos deux pays en augmentant ses ressources financières il aurait et notamment humaines limitées à trois responsables et quatre hôtesses.
- C’est ainsi que le pavillon tunisien déjà fréquenté par 10.000 visiteurs par jour en moyenne, pourra augmenter le nombre de visiteurs et d’opportunités d’échange.
En sortant du pavillon de Tunisie, je me suis rendu au Pavillon d’Afrique qui attire l’attention par son volume et sa représentation murale de la steppe africaine. La dominante rouge du bâtiment évoque les pistes de latérite et le soleil couchant. Quarante-deux pays y sont hébergés. A l’intérieur du pavillon, j’ai constaté l’animation habituelle des marchés africains.
Le Pavillon du Royaume-Uni a piqué ma curiosité par sa forme en oursin et sa structure composée de tiges d'acrylique qui renferment des graines issues de plantes sauvages. D’où le nom de "Cathédrale de graines" attribué au bâtiment. Pendant la journée, ces tiges agissant comme des filaments de fibres optiques utilisent la lumière du jour pour illuminer l'intérieur créant ainsi un espace de contemplation et d'admiration. La nuit, des sources de lumière incorporées dans chaque tige permettent à la structure entière d’être illuminée.
L’intérieur composé d’une pièce unique, on vous propose plusieurs promenades pour vous faire connaître la cité verte, la cité ouverte, la cité vivante et la protection du futur.
Le pavillon italien qui se compose de 20 modules représentant les 20 régions de l’Italie s’est donné comme thème « La Ville idéale, la cité de l’humanité »
En passant d’une cour à l’autre, j’ai retrouvé avec plaisir les richesses qui ont fait et qui font la fortune de l’Italie sur d’immenses panneaux tels la Musique, la Haute couture, l’industrie automobile, le travail artisanal du cuir, etc.
Le pavillon espagnol
J’ai admiré sa couleur particulière jaune beige donnée par les brindilles d’osier qui couvrent sa charpente d’acier. Le pavillon d’Espagne est un espace divisé en forme de corbeille où l’on circule facilement.
Ainsi, j’ai pu aisément suivre le programme varié décrivant l’image moderne et contemporaine de l’Espagne et de ses villes.
Je n’ai pu accéder au Pavillon chinois, faute d’un agrément préalable. J’ai néanmoins admiré son aspect extérieur en pyramide inversée. Ce pavillon, au toit de panneaux solaires, porte le nom de « couronne orientale ». Il a coûté 150 millions d'euros.
C’est le pavillon le plus fréquenté (50.000 visiteurs par jour et une attente de 3 heures en moyenne pour y pénétrer)
Le Pavillon français,
J’ai remarqué son habillage fait d'une fine mantille de béton, comparable à une dentelle. L’intérieur est occupé par un vaste bassin entouré de parterres verticaux.
La nature, les innovations techniques et le plaisir de vivre s’expriment avec bonheur et justifient pleinement le qualificatif de « ville sensuelle » comme thème du pavillon français.
Le pavillon de l’Arabie Saoudite est dans le top 5 des pavillons les plus populaires. La visite commence par une ascension autour d’un axe central. Le clou du spectacle se trouve au sommet, dans une salle de cinéma. Les visiteurs s’engagent sur un tapis roulant. Devant leurs yeux, un film présente sur plusieurs écrans le pays, ses ressources naturelles, ses villes, sa culture.
Après un passage à travers un rideau de fumée, un écran immense, le plus grand jamais construit, dit-on, enveloppe à présent le spectateur et lui donne l’impression de flotter au milieu du film. Des cris d’exclamations résonnent alors que des images du pèlerinage de la Mecque et de la foule tournant autour de la Kaaba s’affichent sur une musique orientale. Le pavillon est l’un des plus fréquentés, recevant en moyenne 35 000 visiteurs par jour. La file d’attente ne dure pas moins de 3 heures. C’est aussi l’un des pavillons qui aura coûté le plus cher : 146 millions de dollars. Les organisateurs doublés par les hôtesses dépassent la centaine. Une réussite sur le plan technologique.
Mes conclusions
La lecture de divers écrits, les récits d’amis m’ont encouragé à faire ce voyage ; j’avais pris connaissance de l’ascension d’un pays propulsé au rang des plus grands de notre planète.
Mon imagination était bien en deçà de ce que j’ai vu et ressenti.
Le développement urbanistique explosif de Pudong réalisé en quelques années, la transformation réussie en quelques mois de la rive est du Bund en une belle corniche qui évoque la promenade des anglais à Nice, l’édification de grattes ciel et de tours parmi les plus hauts du monde dénotent d’une technologie performante.
La réfection de la vieille ville pour un plus grand bien-être de ses habitants en prenant soin de rester conforme à leur mode de vie, à leur culture ; enfin l’organisation de la plus grande exposition universelle conduite avec plus de 200 pays et où sont attendus près de 100 millions de visiteurs. Les données physiques ne sont pas moins édifiantes quand on sait que le site de l’Exposition s’étend sur 5,28 km2 et a nécessité un budget colossal de 3 milliards d’euros. Tout cela témoigne, sans conteste, du souhait de faire de Shanghai « la meilleure ville pour une meilleurs vie ».
Les acquis ancestraux, l’esprit créatif, l’assimilation des technologies les plus avancées, le sens de l’organisation, le goût du travail ont été les ingrédients majeurs d’une prouesse aussi rapide qui parfaite de cet événement...
Je veux par ailleurs souligner la générosité dont la Chine a su faire preuve à l’égard des populations les plus déshéritées de l’Afrique permettant ainsi, sur un immense espace, la construction, d’un pavillon mis à la disposition de ces pays à la seule fin de les faire connaître au reste du monde.
On ne saurait trop insister sur ce peuple dont chaque citoyen se sent porteur de la grandeur de son pays. Ayant beaucoup circulé, j’ai admiré la propreté des rues, des places et des quartiers de la ville.
J’ai admiré également l’ambition du peuple chinois car c’est bien de tout un peuple dont il s’agit, farouchement attaché à son passé multimillénaire dont on sent à chaque instant la force, dans sa façon de vivre avec mesure et même avec frugalité, dans son respect de la nature ; les arbres, les plantes, les fleurs sont présents et choyés autant dans les villes que dans les campagnes ; sa cuisine raffinée est commercialisée avec bonheur jusque dans les plus modestes restaurants.
En quittant la Chine, trop rapidement à mon goût, je suis convaincu que Shanghai gagnera son pari de devenir « la meilleure ville pour la meilleure vie »
(Texte & Photos de Saadeddine Zmerli)
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Merci Professeur Zmerli pour ce beau réportage que j'ai lu avec autant d'intérêt que de plaisir. J'ai toujours dit que vous maniez aussi bien le bistouri que la plume. Et si votre bistouri a sauvé plus d'une vie et guéri bien de malades, votre plume m'a permis de rêver de ce pays lointain. Ce rêve devient-il réalité ? Peu importe. Votre réportage m'a permis d'étancher une certaine soif de connaître d'autres horizons et d'embrasser la chine dans son immensité et dans ses particularités. Mohamed BERGAOUI
merci à Pr Zmerli pour ces magnifiques photos et ce merveilleux récit. ayant été son élève, j'avais l'impression de l'entendre parler, son écriture est aussi passionnée et communicative que ses cours et discours. Pr Zmerli a admiré l'ambition du peuple chinois, mais l'ambition seule n'a pas suffit, c'est un peuple qui travaille et donne la vrie dimension à son ambition par la réalisation et création. nous devrions prendre exemple car ambitieux nous sommes, travailleurs pas assez et je pense que mon cher maitre sera d'accord avec moi sur ce voeu.
UN JOLI TEXTE. CE QU'IL A OMIS DE DIRE QUE LA OU IL EST ALLE, LE TERRAIN EST PROPRIETE DE L'ETAT.