Préparer les jeunes générations à affronter les défis de demain
Avant l’indépendance de la Tunisie, deux systèmes éducatifs se côtoyaient :
- un système “Religieux” qui démarrait au Koutteb et finissait à la prestigieuse Zeitouna,
- un système « Français » avec quelques lycées prestigieux tels que celui de Sousse, le Collège Sadiki, Khaznadar, le lycée Carnot…
Ces deux systèmes qui ont vécu en totale opposition, ont tout de même un point commun important qui est celui de prendre en charge totalement l’élève pour l’aider à aller de l’avant. L’école de la troisième république française était habitée par une «mission» qu’incarnait des instituteurs et professeurs dévoués à leur «Devoir». L’Institution Zeitounienne avait quant à elle un système rodé avec un réseau d’écoles régionales et de Branches qui détectaient les élèves brillants et les soutenaient grâce à l’appui financier des riches et des Habous.
Ces deux systèmes, élitistes, prenaient en charge leurs élèves d’un point de vue pédagogique. Mais également d’un point de vue encadrement et enseignement de valeurs fortes. Le résultat a donné des générations de nationalistes forts qui ont pris les rênes de la jeune république tunisienne.
A l’indépendance, on a assisté à une rupture brutale avec les deux systèmes opérée pour deux raisons fondamentales :
- Une raison politique: Bourguiba et ses compagnons, produits de l’école « à la Française » souhaitaient rompre complètement avec le système Zeitounien dont les « diplômés » étaient taxés selon eux de «complaisance» avec le régime Beylical ou au meilleur des cas de sympathie pour le vieux Destour…
- Une raison Stratégique, plus pragmatique : La jeune Nation, en construction avait à combattre l’illettrisme et à faire entrer la Tunisie dans la « Modernité » au plus vite… C’est ainsi que la notion de « l’Ecole pour Tous » est apparue.
Le nouveau Système était donc ouvert à tous, plutôt laïque en opposition au système religieux (la Zeitouna a été marginalisée puis « fermée ») et surtout moins élitiste (le collège Sadiki et son « élitisme » a été également « cassé »)… Bref la Jeune Tunisie s’était donné comme objectif de construire une école égalitaire, laïque et surtout obligatoire.
50 ans après, on constate avec une certaine amertume que les élèves de la « nouvelle » génération sont « moins valables », avec un niveau de culture générale au plus bas, un désintérêt total pour la « Chose Publique », Un taux de chômage élevé… Bref, les enfants des générations de lettrés semblent être « moins compétitifs » que leurs parents issus eux de familles d’illettrés.
Pourquoi cela ? Est-ce l’école «nouvelle» ? Est-ce la démission des parents ? Est-ce un phénomène propre à la Tunisie ou plus général ?
Mais encore, comment renverser la vapeur ? Comment préparer au mieux les générations futures à affronter les défis de demain ?
De tout cela il sera question en débattre lors du forum ATUGE qui se tiendra le mercredi 30 juin courant au Sheraton-Tunis avec un panel de philosophes, de sociologues et de « praticiens » de l’Education.
Khaled Abdelejaoued
Contact et réservations: forum@atuge.org
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J'aimerais savoir à quelle heure se tiendra ce forum et réserver une place si c'est possible. D'avance, merci HM
A l'aube de l'indépendance, le système éducatif était annimé par un nationalisme ardent, une éthique et une morale intenses. Actuellement, à commenser par les enseignants et leur système "des cours privés obligatoires" non seulement saignent à blanc le porte feuille parental mais surtout offre un modèle très loint de celui la probité qui est indispensable pour les futures générations.
La présentation du système éducatif tunisien en vigueur avant l'indépendance ne me paraît pas correspondre à la réalité; d'abord, parce qu'il existait un troisième modèle d'enseignement - le modèle sadikien - qui était dispensé aussi bien au collège Sadiki que dans les autres lycées et collèges du pays au sein de sections dites "tunisiennes". Ce modèle se distingue du système "français" en ceci que la langue et la littérature arabes sont enseignées en tant que matières fondamentales et non sous la forme de langue étrangère. Ensuite, parce que les trois systèmes en présence ne pesaient pas du même poids en termes d'effectifs et de débouchés. Le système d'enseignement de la Zeitpuna était déjà en voie de marginalisation, non pas par la volonté de la Direction de l'Instruction Publique qui a tout fait pour pour sauvegarder la fonction éducative de la vénérable institution mais par la désaffection grandissante des familles tunisiennes qui avaient compris que le salut de leur progéniture était dans une formation francophone ou mixte. A contrario, le modèle sadikien était en forte progression porté par la ferveur des nationalistes destouriens dont beaucoup faisaient partie du corps enseignant qui y voyaient le moyen de former une élite tunisienne à même de participer efficacement à la lutte pour l'indépendance, dans une première étape, et de prendre la relève des cadres français une fois le pays libéré. Quant au système d'enseignement français, il était de plus en plus submergé par l'afflux des élèves "autochtones" qui choisissaient, dans leur écrasante majorité, le modèle sadikien. L'unification du système éducatif au lendemain de l'indépendance était un impératif national au même titre que l'unification du système judiciaire. La stabilité de la société et sa cohésion sont à ce prix. Le modèle sadikien fruit d'une longue maturation qui a débuté avec le grand réformateur Kheireddine Pacha (fondateur - faut-il le rappeler - du collège Sadiki) s'est imposé de lui-même comme étant le plus adapté aux besoins de la Tunisie indépendante. Il n'y a pas eu, par conséquent, de rupture entre deux systèmes éducatifs dont l'un pouvait constituer une alternative à l'autre mais une confirmation d'un système déjà largement plébiscité par l'ensemble des intellectuels tunisiens à l'exception de quelques tenants de l'arabisation immédiate. La baisse dramatique du niveau moyen des diplômés que l'on constate depuis près de vingt ans est essentiellement imputable à la généralisation hâtive de l'enseignement primaire engagée au lendemain de l'indépendance à un moment où le pays ne disposait pas des moyens humains et matériels pour la mener à bien. La description du processus de dégradation de l'enseignement en Tunisie est trop longue pour pouvoir être faite ici.
La fiscalité est une notion fondamentale mise en exergue par de nom-breux auteurs,dont Adam Smith(1776)célèbre par son ouvrage,La Richesse des Nations,dans lequel il stipule le rôle déterminant de la Justice Sociale.Dans ce domaine,il faudrait faire allusion à la Théorie des Finances Publiques,publiée en 1959,suivie par l'ouvrage de l'émi- nent économiste américain,Arthur Okun,et intitulé Efficiency and Equity the Big Trade-off,sans oublier l'apport théorique et empirique de Hollis Chenery et son collègue Monteke Ahluwalia,de la Banque Mondiale. La notion de Code Unique ou regroupement des textes ayant trait à l'investissement n'a pas fait l'unanimité ,le 27 Décembre 1993,lors de la parution du Code aux Incitations tunisien,amendé en février 1994. Les incitations(fiscales ou autres)doivent être interprétées en relation avec l'infrastructure,les institutions et les innovations.A partir du 17mai 2010,l'API est devenue l'AP2I,d'où les liens intimes entre l'industrie et les innovations.Les concepts ayant trait aux industries exportatrices totalement ou partiellement continuent à évoluer,au vu des mutations technologiques,financières ,économiques et institutitonnelles cons- tatées en ce début du XXIè Siècle.Toutefois,on ne peut pas ne pas étudier le passé vécu,les hauts et les bas,en particulier,afin de mieux cerner l'avenir.Les modèles à concevoir,eu égard aux contraintes con- statées,restent à utiliser,et non à croire,selon Henri Theil,économètre américain.