Pourquoi Khemaies Jhinaoui se rend ce mercredi à Berlin
Un saut rapide, mais intensif, à Berlin ce mercredi pour le ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaou. Au programme, trois entretiens de haut niveau et une rencontre avec des membres du Bundestag. C’est ainsi que le ministre Jhinaoui s’entretiendra avec son homologue allemand, Heiko Maas (SPD), qui a récemment pris ses fonctions (le 14 mars 2018) et n’a pas eu jusque-là l’occasion de se rendre en Tunisie. « Cette première prise de contact est importante pour impulser davantage les relations bilatérales » souligne à Leaders une source diplomatique allemand à Berlin.
Auparavant, le ministre des Affaires étrangères sera reçu au siège de la Chancellerie par Jan Hecker, le conseiller principal de la Chancelière Merkel pour les Affaires étrangères. Nommé à ce poste en octobre 2017, il était jusque-là le coordinateur en matière de migration et de réfugiés, un poste déjà de grande acuité et une nouvelle affectation bien importante.
Au Bundestag, le ministre Jhinaoui sera l’invité à déjeuner d’un groupe de parlementaires, puis s’entretiendra avec le président de la Commission des Affaires étrangères, Dr Norbert Röttgen.
G20 Compact With Africa
La visite du ministre des Affaires étrangères à Berlin intervient moins de deux semaines avant la tenue le 30 octobre 2018 à Berlin du G20 Compact With Africa, auquel le président Béji Caïd Essebsi est l’invité de la Chancelière fédérale allemande, Angela Merkel. Créé par l’Allemagne lors de sa présidence en 2017 du G20, cette initiative introduit des mécanismes rapprochés d’investissement et de financement bénéficiant à des pays africains auprès de principales institutions financières internationales (FMI, BM, etc.), régionale (BAD) et ainsi que d’autres bailleurs de fonds bilatéraux.
Le président Caïd Essebsi avait pris part les 12 et 13 juin 2017 à Berlin, avec une dizaine de dirigeants africains et des interlocuteurs du monde économique au lancement de cette initiative lors d’une conférence intitulée «Partenariat G20 Afrique, investir dans un avenir en commun». L'édition 2018 est bien importante.
Plus d’attention au secteur privé tunisien
Aussi, le déplacement du ministre Jhinaoui à Berlin vient une semaine jour pour jour après celle effectuée en Tunisie, les 10 et 11 octobre courant, par le ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement, Dr. Gerd Müller dont le département a consacré une enveloppe totale de 1.7 milliard d’Euros injectée dans de multiples projets. En réaffirmation de l’engagement de l’Allemagne pour le soutien de la transition tunisienne et l’appui à l’économie, ce déplacement a été marqué par l’annonce d’une série de mesures. Il s’agit notamment d’une déclaration d’intention « le partenariat pour l’emploi » visant la création de 7450 emplois et la formation de 260 mains d’œuvres qualifiées dans le secteur automobile à l’horizon de 2020, le lancement d’un partenariat « Solidaire emploi », offrant par nombre d’entreprises allemandes d’un quota d’emplois, et la signature d’un partenariat entre l’école d’industrie laitière de Thibar et l’Ecole professionnelle de laiterie de kempten. Elles portent également sur le renforcement des capacités des fédérations touristiques tunisiennes et la création d’une nouvelle culture touristique notamment le tourisme écologique et le tourisme culturel et la création d’un centre de formation interentreprises à Bizerte, en collaboration entre avec la Fédération Tunisienne du Textile et Habillement (FTTH) et l'association allemande pour le développement des échanges internationaux du commerce de détail (AVE) et certifié par la Chambre Ide l'Industrie et du Commerce en Allemagne (IHK).
« Le mérite de cette visite, confie à Leaders une source allemande contactée à Berlin, c’est de renvoyer en Allemagne une excellente image de l’avancée de la Tunisie et de l’impact positif qu’apporte la coopération allemande pour l’économie du pays. Alors que des voix s’interrogent non seulement en Allemagne mais un partout en Europe sur l’opportunité de la coopération avec des pays du Sud de la Méditerranée, cet écho favorable vient confirmer une nécessaire orientation de solidarité et de contribution au développement. Plus spécifiquement, dans le cas de la Tunisie, il s’agit de ne pas se limiter à la coopération traditionnelle et d’appuyer davantage le secteur privé comme en témoignent les mesures annoncées.
Un partenariat de charisme
Fin septembre dernier, Berlin avait abrité la quatrième consultation tuniso-allemande sous la direction du Secrétaire d'Etat au Ministère fédéral des Affaires étrangères, Andreas Michaelis, et de son collègue tunisien Sabri Bachtobji, dans un esprit de « partenariat avec charisme », qualifie-t-on du côté allemand.
Taoufik Habaieb
- Ecrire un commentaire
- Commenter