Journées de l’Entreprise : Quand le sage parle, on l’écoute
Youssef Seddik, ce natif de Tozeur possède la sagesse du désert et le savoir des villes. Invité surprise aux Journées de l’Entreprise, le 7 décembre, à l’hôtel El Mouradi (Kantaoui), Youssef Seddik, 76 ans, n’est pas seulement le philosophe, l’écrivain et l’islamologue que l’on connaît, il est aussi un anthropologue, c’est-à-dire, celui qui vous décrit l’homme sous toutes ses coutures.
Quand il parle de l’homme « tunisien », il sait de qui et de quoi il parle. Face aux chefs d’entreprise et aux médias, il a lancé un pavé dans la mare : « Mais quelle langue parlent les Tunisiens aujourd’hui », se demande-t-il ? Parlent-ils l’arabe, le dialecte, le français ? Réponse : ils parlent une autre langue bizarre – une sorte de mixture composée de mots extirpés, hors de leur contexte, de différentes langues. A la radio, à la télé, dans la rue, on entend une phrase qui commence avec un mot français, qui se poursuit avec un mot dialectal, puis se termine avec un mot français conjugué en arabe ou un mot arabe conjugué en français… Et il en est de même des textes écrits dans de grandes affiches publicitaires, avec des mots qui ont épousé le « parler » local.
Youssef Seddik lance un SOS de détresse pour que l’Etat encourage les citoyens à adopter « une langue unique », par exemple, le « beau dialecte tunisien » d’antan (celui de Abdelaziz El Aroui). Notre dialecte, pour celui a connu une douzaine de parlers arabes, est « le meilleur parce qu’il est clair, précis, compréhensible ». Sinon, qu’on adopte, à l’instar de certains pays, la langue courante du français qui n’est pas mal aussi. Mais, pitié pour nos oreilles, faites un choix et arrêtez avec cette mixture improvisée tous les jours, déculturée…
Le dialecte tunisien fait partie de nos valeurs ancestrales « collectives ». « J’ai pleuré toute la journée quand j’ai appris le drame de Amdoun » (l’accident routier du 1er décembre). Des frères, des sœurs, des victimes innocentes… causées par le déclin de nos valeurs, par le mensonge.
La première des valeurs que mon père m’avait inculquée, c’est de ne pas mentir. « Un jour, il m’avait posé une drôle de question : deux enfants qui ne se connaissent pas sont mis face à face avec, entre eux, un pistolet. Le dictateur leur dit : celui qui prend le premier le pistolet tire sur l’autre. » Mon père me demanda : « Si tu étais l’un deux, qu’est-ce que tu ferais ? ». Je répondis à mon père : « Je saute sur le pistolet et je le tue ». Mon père éclata de rire. Je lui dis : mais quoi tu ris ? Il me répondit : « Comment pourras-tu continuer à vivre en sachant que tu as tué quelqu’un que tu ne connaissais pas ! »
Samir Gharbi
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Mais là, du fait du mélange des styles (direct et indirect, libre), on ne sait pas si le sage a parlé ou si on a parlé à sa place. Certes, M. Seddik est écrivain, philosophe, islamologue et anthropologue. Mais à la lecture des propos rapportés, il est piètre (socio) linguiste : Il préconise en remplacement de cette « langue bizarre » parlée par les Tunisiens, le retour autoritaire et puriste au dialecte d’antan « le meilleur parce qu’il est clair, précis, compréhensible ».Or, tous les dialectes possèdent ces qualités pour leurs locuteurs et aucun ne peut être considéré comme bizarre, Quant au rapprochement fait entre la perte des valeurs et la douloureuse catastrophe de Amdoun, il est tout simplement étonnant. Bref, des propos décousus et tels qu’ils sont rapportés, pas très sages!