Gouvernement Habib Jemli : Le petit jeu des devinettes (Album Photos)
Grosse déception ce mercredi soir, 1er janvier. Habib Jemli a bien rencontré le président de la République, pendant près de 45 mn, lui a remis la note portant les grands axes de son programme et la liste des membres de son gouvernement. Sauf que... Contrairement à ce qui avait été mentionné dans l’invitation – express lancée par Carthage, convoquant d’urgence les journalistes à une conférence de presse qui devait être donnée par le chef de gouvernement nominée pour révéler la composition de son équipe, cette révélation n’a pas eu lieu.
La surprise sera totale ! A peine Habib Jemli a-t-il conclu ce qu’on avait pris pour un exposé introductif (bien charpenté par ailleurs) et s’apprêtait à prendre congé des médias en soulignant qu’il n’annoncera pas lui-même ce soir la liste de ses ministres et secrétaire d’Etat, une véritable douche froide s’abattra alors tant sur les journalistes présents que sur les téléspectateurs suivant la retransmission en direct. "Onne m'en a pas prévenu, s'excusera Jemli, croyant devoir faire une déclaration à l'issue de l'audience avec le président Saied. Il ne lui échappait pas cependant que les Tunisiens attendent patiemment sa liste. Les questions fusèrent de partout : les explications fournies à ce sujet n’étaient guère convaincantes. Heureusement qu'il se rattrapera sur d'autres.
Y a-t-il encore des réserves exprimées par le chef de l’Etat au sujet de certaines personnes devant faire partie du gouvernement ? « Aucune ! » affirmera Jemli. Alors pourquoi ce report de l’annonce ?
Difficile à comprendre. Les journalistes ne lâcheront pas prise et nous voilà alors pris dans un jeu de petites devinettes. Agronome, Habib Jemli s’est révélé adepte en politique aussi de la technique d’irrigation en goutte-à-goutte.
Quand sera annoncé finalement le gouvernement? "Demain!" dira Jemli sans précision de l'heure et du lieu.
Quelle est alors la différence entre aujourd'hui et demain? "Aujourd'hui, c'est aujourd'hui! Demain, c'est demain.
Etes-vous assuré de recueillir la majorité minimum de 109 voix requise pour l’investiture de votre gouvernement ? « Nous en obtiendrons plus ! » affirmera-t-il.
Othman Jerandi sera-t-il ministre des Affaires étrangères et Sofiane Essid ministre de l’Intérieur ? « Ni l’un, ni l’autre ! « répondra Jemli en arrêtant rapidement cet exercice.
Pourquoi avez opté finalement à un gouvernement de compétences indépendantes ? « Tout simplement, expliquera-t-il, après avoir épuisé les consultations avec les partis et recueilli leur position finales, je me suis rendu à l’évidence que le paysage politique issu des dernières élections ne favorise pas la formation d’un gouvernement de coalition. D’où, le recours aux compétences indépendantes. Je me dois cependant de préciser que ce gouvernement n’est pas contre les partis, ni contre leurs intérêts, son seul objectif est de servir l’intérêt national. Je suis parti de l’idée que l’intérêt national est l’objectif des partis et ma démarche s’inscrit dans ce sens. Nous allons sans le moindre doute coopérer avec tous les partis et tous les élus de la nation et toutes les composantes agissantes, et j’œuvrerai au rassemblement des Tunisiens. »
L’architecture du gouvernement sera-t-elle changée à la faveur de regroupement de certains départements par pôles spécialisés ? « La restructuration est nécessaire, dira-t-il. Mais, elle doit être réfléchie et bien préparée. Ses avantages sont multiples, mais il faut aussi éviter ses écueils avec tout ce qu’elle implique immédiatement en réaménagement des organigrammes, des équipes, des locaux et autres impératifs, alors qu’on a besoin d’aller très vite au travail qui nous attend. »
Vous faites appel à des Tunisiens de l’étranger. Le problème de la bi-nationalité ne risque-t-il pas de se poser ? « Ce sont avant tout des Tunisiens, pleins et entiers, loyaux, et patriotes qui ne cherchent qu’à servir leur pays quitte à renoncer à des positions très confortables et des salaires élevés», affirmera Jemli. « D’ailleurs, j’envisager de créer une base de données compilant les profils des Tunisies qui excellent à l’étranger et peuvent être appelés un jour au service de la nation. »
Habib Jemli se lâche un peu, n’hésitant pas à taquiner les journalistes présents. « Il y a deux questions que vous ne m’aviez pas posées alors qu’il y a parmi vous beaucoup de jeunes et de jeunes femmes : la moyenne d’âge des membres du gouvernement et la place qu’occuperont les femmes au sein de l’équipe. Je peux vous rassurer sur ces deux aspects : d’abord la moyenne d’âge sera de 50 ans, et si nous ne sommes pas parvenus à une parité totale, il y aura 40% de femmes au gouvernement. D'aileurs, il y aura une femme aux Affaires étrangères.»
Ministre ou secrétaire d'Etat? La réponse ne viendra pas.
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