Abdelkader Maalej: Ennahdha perd son emprise
Le stratège du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi s’est évertué au cours des neuf dernières années à étendre son emprise sur tous les rouages de l’Etat pour éviter à ses collaborateurs toute possibilité de comparaître devant le tribunal en raison des actes terroristes commis par eux en Tunisie ou dans d’autres pays arabes notamment en Syrie. Il a jusqu’ici réussi à atteindre relativement cet objectif.
Mais l’avènement du gouvernement Fakhfakh a changé la donne et lui fit perdre toutes les cartes qu’il détenait en main depuis neuf ans.
En effet les défaites essuyées par le parti de Ghannouchi n’ont pas cessé de se succéder à une vitesse vertigineuse voire vexatoire pour ce leader.
La première défaite de Ghannouchi c’est son échec à faire accepter par le parlement le gouvernement totalement nahdhaoui de Habib Jemli qui ne cessait pourtant pas de réitérer que son gouvernement était indépendant de tous le partis et en premier lieu Ennahdha.
La deuxième défaite c’est le fait de ne pas avoir pu imposer à Ilyes Fakhfakh la participation du parti Kalb tounes au gouvernement et ce visiblement dans le but de contrarier la volonté du chef de l’Etat d’écarter ce parti de la formation gouvernementale en dépit des multiples déclarations de Ghannouchi hostiles à ce parti.
La troisième défaite qui est peut-être la plus cuisante c’est de n’avoir obtenu aucun des ministères de souveraineté au gouvernement de Fakhfakh à savoir surtout le ministère de la justice et celui de l’intérieur.
En effet par le truchement du ministère de la justice Ennahdha exerçait son emprise sur tout l’appareil judiciaire et pouvait ainsi envoyer en prison ou libérer qui on voulait.
Son emprise sur le ministère de l’intérieur lui permettait de dissimuler tout document ayant trait aux assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi ou tout document se rapportant à l’organisation secrète fondée par Ennahdha depuis l’époque de Bourguiba puis de Ben Ali et restée active jusqu’à nos jours malgré les déclarations niant son existence actuellement et prétendant que le parti n’en a plus besoin. Bien que disposant du plus grand nombre de députés au parlement, Ennahdha n’est plus en mesure de faire passer tous ses projets de lois au parlement où elle se heurte à une forte opposition et aucun autre parti représenté à l’ARP n’acceptera vraisemblablement pas de pactiser avec les islamistes d’Ennahdha. Moralité : ce parti a fini par perdre toutes ses cartes. Ce qui n'augure pas d'un avenir radieux pour lui.
Abdelkader Maalej
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