Boubaker Benkraiem: Y-a-t-il un Commandant à bord ?
Un pays, c’est comme un bateau, et pour que le bateau arrive à bon port sans dégâts, il ne doit y avoir qu’un seul commandant, à bord. S’il y en a plus, le bateau risque de chavirer aussitôt. Chez nous, la Constitution de 2014 en a prévu plus d’un et c’est la raison pour laquelle on a l’impression qu’il n’y en ait personne. Aucun d’eux n’ose prendre d’initiative pour ne pas froisser les deux autres et ceci est préjudiciable à la bonne marche de la société et des Institutions. Souvent, des fautes, des bourdes, et des bévues, parfois graves ou sérieuses, sont commises sans que personne n’intervienne et c’est la société civile qui se débat ou qui se mobilise obligeant les pouvoirs publics à intervenir. Et l’impression qui se dégage, suite à cela, est que personne parmi les trois têtes n’ose s’impliquer, n’étant pas sûr de détenir la vérité, c à d que le problème, ne soit de son ressort.
Cette situation ne peut continuer ainsi au risque de ne pouvoir progresser d’une part et de nuire à notre prestige d’autre part. Il est urgent de réviser la Constitution et de revoir les prérogatives de chacune des têtes des trois pouvoirs. Aussi, un pays de culture et de tradition comme le nôtre, habitué, depuis plus de cinq décennies, à vivre la prépondérance d’un seul Chef, en l’occurrence, le président de la république, ne peut apprécier une autre forme de gouvernance, surtout si celle-ci est synonyme d’immobilisme ou de blocage. Si on craint que ce chef est tenté par d'instaurer une certaine forme de dictature ou de pouvoir personnel, les institutions doivent prévoir toutes les mesures appropriées contre cette tendance. Laisser le pouvoir dilué entre trois responsables, est au fait l’absence de l’autorité de l’Etat, des difficultés énormes aux efforts de développement du pays et la négation manifeste de la croissance, du progrès et des réformes.
Aussi, quelle avancée notre pays a connu depuis 2011? Et quel programme de développement sérieux a vu le jour depuis ? Ceux qui ont élaboré la Constitution de 2014, trop soucieux des aspects politiques ont négligé les exigences d’efficacité et se trouvent, ainsi, à leur tour, relégués en deuxième position le développement, le progrès, et l’essor du pays. Il est temps de remédier à cette situation et de trouver la bonne formule et la meilleure démarche capables de conduire le pays vers le progrès, le développement et la mutation pour une croissance sûre et généreuse.
D’autre part, quels spectacles désolant nous présentent, assez souvent, certains de nos valeureux députés, spectacles jamais vus auparavant et indignes de la Tunisie 2020.
Que Dieu veille et protège la Tunisie Eternelle, l’héritière de Kairouan et de Carthage et que le mois de Ramadhan soit de bon augure pour notre pays en cette délicate période de coronavirus.
Boubaker Benkraiem
Ancien Gouverneur
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