Des étudiants libanais accueillis à Tunis : Pourquoi 200 seulement?
Les enseignants universitaires tunisiens ont eu raison de proposer, à travers leurs syndicats, dans un élan de solidarité avec la jeunesse libanaise endeuillée, d’accueillir des étudiants dans nos établissements supérieurs. Débattue lors de la récente conférence des universités et concertée avec le ministère des Affaires étrangères, cette initiative citoyenne a été inscrite dans un programme d’échange universitaire. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique par intérim, Lobna Jeribi était ainsi ravie de l’annoncer, mentionnant que ce programme porte sur 200 bourses d’études en Tunisie.
Inéluctablement, les contradicteurs du gouvernement Fakhfakh s’empressent de déchaîner leur ire, non sans un air de xénophobie à peine camouflé. « Alors que nos jeunes peinent à obtenir inscription, bourse et hébergement, nous voilà privilégier, à leur détriment, des étrangers » exhalent-ils de rancœur ?
Personne ne prend cependant la peine d’y réfléchir sereinement. D’abord les chiffres : que représentent 200 étudiants libanais par rapport à leurs 230.000 camarades tunisiens ? Moins de 0,09%. Répartis sur les 172 facultés, instituts et écoles supérieures, ils ne seront qu’à raison d’un étudiant hôte en moyenne…
Au-delà de ces indicateurs qui illustrent la modestie du contingent alloué à nos frères libanais, c’est la dimension stratégique qui mérite attention. Fermer nos établissements universitaires à des étudiants, des chercheurs et des enseignants étrangers nous plonge dans un autisme réducteur. Refuser aux jeunes tunisiens des opportunités d’aller au contact de leurs pairs arabes, africains, européens et d’autres continent est un enfermement culturel, scientifique et intellectuel. Bénéficiant à 33 pays dont les 28 États membres de l'UE et des partenaires comme la Tunisie, il ne consacre pas moins de 14,7 milliards d’euros pour permettre à plus de 4 millions d’Européens d’étudier, de se former et d’acquérir de l’expérience à l’étranger. Au lieu d’en prendre l’exemple, certains érigent des barricades. CE qui vaut aujourd’hui pour le Liban, doit s’étendre à de nombreux autres pays frères et amis.
Nos jeunes aspirent légitimement à des horizons très larges. Les étudiants tunisiens seront heureux autant d’accueillir des camarades étrangers que de partir étudier à l’étranger,grâce à des programmes d’échanges. L’annonce faite en faveur du Liban par Lobna Jeribi ne peut être que saluée. Les délais nécessaires sont à raccourcir. Qu’il s’agisse de l’établissement d’un accord de coopération avec le Liban, sa signature et son entrée en vigueur, de la validation des équivalences ou de l’examen des candidatures, aucun obstacle administratif ne saurait entraver cet élan de solidarité et d’interaction.
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