Migration clandestine - Deux ministres italiens et deux commissaires européens à Tunis, ce lundi : tiendront-ils leurs engagements
Inédit dans les relations de la Tunisie avec l’Italie et l’Europe. Une délégation conjointe composée des ministres italiens des Affaires étrangères et de la coopération internationale et de l’Intérieur et des commissaires européens à l'Élargissement et à la Politique européenne de voisinage aux Affaires intérieures, et de proches collaborateurs, est attendue lundi matin. A l’ordre du jour : la lutte contre la migration clandestine à partir des rivages tunisiens vers l’Italie.
- L’esprit : exprimer une appréciation des efforts récents déployés par le président Kais Saïed et réitérer la mise en œuvre imminente des engagements financiers pris tant par l’Italie que l’Europe en faveur de la Tunisie.
- Le concept : transformer la crise actuelle en opportunité effective de collaboration étroite.
- Le levier : entrainer l’Union européenne en soutien aux actions entreprises par l’Italie.
Cette importante visite intervient moins de trois semaines seulement, après celle effectuée à Tunis par la ministre italienne de l’Intérieur, Luciana Lamorgese. Reçue par le président Kais Saïed, et son homologue tunisien, Hichem Mechichi, elle était porteuse d’un signal d’alerte. Quelques jours seulement après, le président du Conseil des ministres, Giuseppe Conté avait adressé une lettre dans le même sens « en toute courtoisie », au président de la République.
Au programme, ce lundi, des entretiens de haut niveau à Carthage, suivis d’une séance de travail avec les ministres tunisiens de l’Intérieur et des Affaires étrangères par intérim.
Un timing sous haute pression
Pourquoi en ce moment précis alors que le nouveau gouvernement n’est pas encore investi et entré en fonction ? C’est sans doute la forte pression interne que subit le gouvernement italien et la sensibilité de la question pour l’Europe.
La composition de la délégation conjointe est significative. Le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Luigi Di Mayo, sera accompagné par son chef de cabinet, Secchi (ancien ambassadeur à Pékin) et de la secrétaire générale du ministère, Elisabetta Belloni, véritable numéro 2. De son côté, la ministre de l’Intérieur, Luciana Lamorgese, fera venir avec elle, le Chef de la Police, Franco Gabrielli, et son conseiller diplomatique, Triticco.
Olivér Várhelyi (Hongrois), Commissaire européen à l'Élargissement et à la Politique européenne de voisinage et Ylva Johansson (Suédoise) Commissaire européenne aux Affaires intérieures, marqueront l’importance au plus haut de l’UE.
Des décaissements urgents à obtenir d'urgence
Les engagements sont substantiels. L’Italie avait déjà signé un accord de coopération avec la Tunisie, lors de la visite à Rome du Président Béji Caïd Essebsi, en février 2017, notamment d’un montant de 30 millions d’euros sur les trois années 2020 – 2021 et 2022. Un montant initial de 11 millions d’euros serait mobilisable dès le début de cette année, sans aucun décaissement intervenu. Aussi, une enveloppe de 3,5 millions d’euros devait être mobilisée pour l’acquisition de nouveaux équipements et la maintenance des vedettes déjà livrées. Les appels d’offres lancés par la Tunisie à cet effet, ayant été déclarés infructueux, il s’agit de les relancer de suite. Pour sa part, l’Union européenne avait annoncé un don de 600 millions d’euros en appui à la Tunisie.
Il appartient donc au gouvernement tunisien d’accélérer au plus vite les décaissements. La balle est donc dans les services concernés et la diplomatie pour s’y mettre activement. Bien que notre ambassade à Bruxelles attend son nouveau titulaire.
Reprise des rapatriements
Actuellement, les flux de migration clandestine, qui ont culminé fin juillet dernier (Plus de 5700 migrants) et plus de 6300 à mi-août), semblent se ralentir. En raison de l’encombrement des prisons italiennes et des protocoles sanitaires, deux navires ont été affrétés au large de la Sicile, pour y maintenir des contingents de migrants étrangers de diverses nationalités dont 40% de ressortissant Tunisiens. En considération des aspects humanitaires, leur gestion a été confiée à la Croix rouge italienne et non à la police. Aussi, le rythme des rapatriements vers la Tunisie a été intensifié, portant depuis les semaines dernières à deux vols hebdomadaires de 40 personnes chacun, soit 80 au total, en moyenne.
Les mesures énergiques de Kais Saïed
Édifié par la démarche italienne, le président Kais Saïed avait donné des instructions très fermes aux ministres de l’Intérieur et de la Défense nationale, pour intensifier la traque des organisateurs des traversées clandestines, le démantèlement des réseaux de passeurs et la surveillance vigoureuse en mer. Plus encore, bravant la trêve de l’Aïd, il s’était rendu lui-même le dimanche 2 août aux ports de Sfax et de Mahdia, dénoncer ce drame humanitaire et exhorter les forces sécuritaires et armées à redoubler de vigilance. L’Italie pouvait-elle s’attendre à un signal plus fort ? « C’est très apprécié, déclare à Leaders, une source romaine. Maintenant, nous devons aller plus loin en apportant tout notre soutien aux autorités tunisiennes. »
C’est dans cet esprit que s’inscrit la délégation italo-européenne dépêchée d’urgence ce lundi à Tunis. L’Italie et l’Europe doivent tenir leurs engagements. Et à la Tunisie d’urger les décaissements promis, bien que les montants restent insuffisants face à l’ampleur de ce fléau, et aux besoins en développement.
Taoufik Habaieb
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si nous admettons qu'il y a beaucoup de tunisiens qui entrent illicitement en Italie il faut également constater le nombre important de demandes de visas touristiques refusés aux citoyens tunisiens pour des motifs douteux l'Italie et l'Europe en général qui prônent l'égalité et la liberté oublient que tout être humain a le droit de circuler librement dans le monde entier tant qu'il ne soit pas condamné
Deux ministres italiens et deux commissaires européens à Tunis, ce lundi : tiendront-ils leurs engagements ? Un moment : la Commission Européenne aurait-elle diligenté cette mission d'un haut niveau pour... tenir des engagements antérieurs ??? Cette surprenante formulation me semble plutôt naïve - faussement naïve, car on ne peut qu'être convaincu que la Commission Européenne attend désormais de positives retombées (pour elle) de ces engagements antérieurs...
Les Italiens, je les comprends... Ils ne veulent plus de Tunisiens, qui malheuresement remplissent les prisons.. J'étais a Naples il y a 5 mois avant le COVID...et j'ai vu de mes propres yeux comment les Tunisiens et les Maghrébins en général se comportaient.. Nous sommes en compétition avec les Roms et autres Tzigannes...sur le titre de qui sont les plus détestes par les Italiens