L'Echo des souvenirs
Très peu de littérature est offerte au lecteur sur les étudiants tunisiens partis au Caire dans les années 50 et 60 et sur leur séjour en Egypte, lors d'une époque fort animée. Feu Chedli Zoukar y avait consacré des articles épars, comme le fait actuellement Noureddine Sammoud, mais aucun livre n’y est consacré. Voilà le Dr Ali Chebbi, spécialiste en langue et littérature persanes, ancien recteur de la Zitouna et ancien ministre des Affaires religieuses s’y consacrer. Le livre qu’il vient de publier sous le titre de « L’Echo des souvenirs » se double d’un deuxième témoignage poignant sur ses propres origines jéridiennes et son parcours scolaire et supérieur, via Tunis, jusqu’au Caire.
Depuis sa naissance en 1934, jusqu’à l’obtention de son doctorat en 1964, il préfère arrêter son (premier ?) récit jusqu’à son retour en Tunisie, évoquant son enfance à Tozeur, ses études à la Zitouna, son engagement militant et le Caire. Dans un verbe très élégant serti de vocables bien choisis, le Dr Ali Chebbi rappelle (rapidement) les origines de sa famille qui a donné à la Tunisie d’illustres figures dans divers domaines, notamment la poésie (Aboul Kacem , Abdelhamid,…) le barreau et la magistrature, les sciences religieuses, la diplomatie, l’enseignement, etc.
Il nous plonge dans ses oasis, ses Kouttab et école, la Zitouna qu’il découvre en même temps qu’une capitale en pleine effervescence patriotique, les mouvements estudantins et la participation aux actions militantes du dernier quart d’heure de la lutte pour l’indépendance.
Nous le suivrons dans la deuxième partie de ses mémoires, dans son voyage au Caire, sa vie d’étudiant assoiffé de culture et de savoir. Sous un Nasser galvanisant la nation arabe, l’Egypte est la capitale de toute la région. Son Azhar et ses universités où officiait Taha Hussein, pour ne citer que lui, mais aussi ses théâtres, cinémas, clubs et cafés littéraires, ses concerts cultes d’Oum Kalthoum et autres Mohamed Abdelwaheb, sa presse conduite par Mohamed Hassanine Heikel à la tête d’Al Ahram et sa nokta légendaire ne pouvait être pour nos jeunes étudiants qu’un lieu exceptionnel à une date charnière de l’histoire contemporaine.
L’auteur nous fait partager aussi le quotidien d’un étudiant tunisien, certes avantagé par une bourse alors opulente, mais aussi exposé aux aléas des relations entre les deux pays et les deux leaders, Nasser et Bourguiba. Le tout dans un récit spontané, bien écrit, qui coule de source.
Très instructif sur ses origines, mais s’étalant un peu longuement sur certains événements politiques tunisiens des années 50, il nous laisse sur notre soif quant aux différents aspects de la vie au Caire, puis de son retour en Tunisie. Sa carrière qui le portera à la tête de l’Université de la Zitouna, puis au sein du gouvernement, avant de présider le Conseil Islamique Supérieur, jusqu’en 2005, est sans doute riche en évocations. Attendons donc (espèron-le), le tome 2 de ses mémoires. Sa fidèle épouse Faiza, ses enfant Marwane, Chiraz et Maher, ses petits enfants Aymen, Binous, Aya et Amine à qui il a dédié le premier récit, doivent l’y inciter.
L’Echo des souvenirs
Par Ali Chebbi
Editions Noukouches Arabaia, 2010, 252 pages, 15 DT
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Le grand monsieur parle de lui et de ses souvenirs,bref excellant, et que dit il au peuple? qu'a t' il fait pour les tunisiens musulmans??,de la politique !!! c'est trop maigres devant ce qu'a fait Thar ben Achour et d'autres.