Un an après, les jeunes qui avaient voté Kais Saïed se retrouvent-ils aujourd'hui dans leur choix?
Par Hassan Zargouni - Kaïs Saied il y a de cela un an exactement a obtenu 620 711 voix (18.6%) face à Nabil Karoui qui a obtenu 525 517 voix (15.6%), Abdelfattah Mourou 434 530 voix (12.9%) et Abdelkrim Zbidi avec 361 864 voix soit 10.7% des 3.4 millions de votants.
L’aspect décisif dans ces élections aura été le vote des jeunes de 18 à 25 ans. Cette tranche d’âge est généralement récalcitrante quant au vote lors élections. Mais, lors du premier tour du scrutin présidentiel de 2019, ils ont été 47% (440 mille) à se rendre aux urnes, un taux de participation record de cette catégorie d’âge qui représente 920 mille inscrits.
Selon le sondage SIGMA sortie des urnes, 91% de ces jeunes ont voté au premier tour pour Kais Saied, soit près de 400 mille voix sur les 620 mille voix obtenu par KS en tout. Les jeunes de 18 à 25 ans ont représenté près des 2/3 des voix obtenues par KS. On peut affirmer sans se tromper que ce sont eux qui l’ont propulsé au second tour. Leurs suffrages étaient, à ce titre, décisifs puisque KS a été élu (largement) au second tour. Cela nous rappelle le vote décisif des femmes au second tour de l’élection présidentielle de 2014 en faveur de feu Beji Caïd Essebsi.
Évidemment au second tour de la présidentielle de 2019, les jeunes de 18 à 25 ans n’ont représenté que 14% des 2.8 millions de voix obtenues par KS. Ce résultat n’aurait jamais eu lieu si ces jeunes n’ont pas donné leurs voix massivement presque comme un seul homme à un homme qui est Kais Said, au premier tour.
Un fait de jeu électoral a changé la donne du tout au tout.
Est-ce que ces jeunes se retrouvent encore dans ce vote un an après ? Oui et non. Oui car beaucoup d’entre eux gardent espoir en leur candidat devenu Président. D’autres en sont cependant déçus pendant que KS détient désormais toutes les clés de la gouvernance du pays (méconnaissance des règles constitutionnelles). Ce qui est nouveau, c’est que ceux qui ont voté pour KS, le « tout sauf Nabil », sont globalement, un an après, confiants par rapport à leur choix, généralement des adultes,. Jusqu’à quand ?
Le discours diviseur et clivant (nous et eux, peuple et classe politique, propres et corrompus, sans distinction ou discernement) et non fédérateur ou rassembleur, risque de faire déprécier ce capital confiance. Encore plus dans cette phase délicate que vit le pays avec des défis sanitaires et socio-économiques où on a besoin d’unité nationale.
Souvenons-nous : Tzeu Koung interrogea Confucius sur l’art de gouverner.
Le Maître répondit : « Celui qui gouverne doit avoir soin que les vivres ne manquent pas, que les forces militaires soient suffisantes, que le peuple lui donne sa confiance».
Tzeu Koung dit : « S’il était absolument nécessaire de négliger une de ces trois choses, laquelle conviendrait-il de négliger ?
– Les forces militaires », répondit Confucius.
« Et s’il était absolument nécessaire d’en négliger encore une seconde, dit Tzeu Koung, quelle serait-elle ?
Hassan Zargouni
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Oui
alors là ... pas du tout. la grande DECEPTION.