Tunisie: Covid-19, l'heure des décisions drastiques a sonné
Par Kaissar Sassi - Est-il si compliqué de saisir la gravité de la menace sanitaire actuelle?
Car croire à la stabilité de la situation est tout simplement un déni de la réalité.
Ce que nous vivons actuellement est loin d’être une deuxième vague de coronavirus. Il s'agit tout simplement de la vraie première vague du virus de Wuhan. Celle qui a causé des ravages dans les quatre coins de la planète. Celle qui a généré des scènes horribles des patients entassés dans les couloirs des hôpitaux européens. Celle qui a causé la mort d'un million de décès dans le monde pour devenir la troisième cause de mortalité dans le monde en une seule année.
Je ne peux plus garder le silence face à l’absence de réaction du gouvernement.
Je me trouve dans l’obligation éthique et morale d’agir et je n’ai que les mots pour le faire. Mais je vaispercer ce silence. Je ne resterai pasles bras croisés à regarder mon pays emporté par une épidémie.
Je demande à mes concitoyens, organisations de la société civile, sociétés savantes et scientifiques, le conseil national de l’ordre des médecins, d'entamer, le plutôt possible, un dialogue national pour saisir la situation. Il faut commencer une concertation nationale, apolitique, pour élaborer un plan d’action, purement scientifique, pour espérer enrayer cette épidémie.
Une des méthodes salvatrices qui devrait être considérée sérieusement demeure le confinement obligatoire. Au moins discuter le confinement dans les villes à haute circulation du virus à titre d'exemple, le grand Tunis et Monastir.
Aujourd'hui, la Tunisie est l'un des pays les plus touchés et attaqués par ce virus à travers le monde entier :
• Nous avons un taux très élevé de positivité des tests de dépistage soit 20 %. C’est l’un des taux les plus critiques dans le monde.
• Nous avons un R0 qui dépasse probablement 3 et que le ministère n'est plus en mesure de calculer vu l'absence de la logistique nécessaire. Le R0 est le nombre de reproduction de base d'une infection qui peut être considéré comme le nombre attendu de cas directement générés par un cas dans une population où tous les individus sont sensibles à l'infection.
• Nous observons déjà une saturation anticipée des systèmes de soins avec des décès dans les services des urgences et même à domicile.
• Bien que nous soyons encore sur la phase ascendante du pic épidémique, nous avons déjà recensé une atteinte de plus de 0.5 % des personnels soignants.
Ce qui se passe en Tunisie est tout simplement gravissime. Il n'y a que les mesures draconiennes qui peuvent sauver la situation.
On doit briser la boucle de la propagation coûte que coûte et ramener le RO en dessous de 1.
On est déjà en retard au moins de deux semaines.
Si on reste encore les bras croisés, entre mi-octobre début novembre, les contaminations seront par dizaines de milliers et la courbe des décès aura même allure en crescendo.
Kaissar Sassi
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