Hakim El Karoui : Chaque acte terroriste commis au nom de l’islam rejaillit sur les musulmans de France
Une nouvelle fois, le terrorisme islamiste a encore frappé. Une nouvelle fois, une cible symbolique – un professeur ! – a été choisie. Une nouvelle fois, les modalités du passage à l’acte sont difficiles à appréhender et les esprits honnêtes ne peuvent incriminer un quelconque manquement des forces de l’ordre dans ce terrible crime. Un signalement avait été porté à la connaissance de la hiérarchie du professeur, le renseignement territorial s’est saisi de l’affaire et l’a suivi jusqu’à ce qu’une forme d’apaisement s’installe au collège. Personne n’avait prévu qu’un tiers – le terroriste - se saisirait de l’affaire avec la violence inouïe que l’on sait.
Dans ce contexte, les commentateurs sur les chaînes d’info et les responsables politiques d’opposition qui cherchent à se faire une place au soleil de l’indignation en dénonçant le terrorisme mais aussi bien sûr le gouvernement-qui-n’en-fait-pas-assez promettent en choeur de « régler enfin le problème ». Comment ? La droite semble avoir la réponse : en interdisant les femmes voilées à accompagner des élèves lors des sorties scolaires. Pas sûr que cela suffise ! En « mettant un terme à l’immigration massive » : mis à part les deux cas récents, la très grande majorité des djihadistes de ces dernières années étaient Français nés en France. Eric Ciotti va plus loin : il propose de modifier la Constitution pour interdire le voile islamique. Avec un argument de poids : le général de Gaulle en 1940 ne se serait pas encombré des principes fondamentaux des libertés publiques (!) s’il avait été au pouvoir et avait dû affronter les Allemands. A gauche, on parle. Jean-Luc Mélenchon « pense que nous avons un problème en France avec la communauté tchétchène » dans une généralisation hasardeuse. Personne ne propose rien. Il est vrai que ne rien proposer, c’est toujours mieux que de proposer de s’asseoir sur les principes fondamentaux de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 comme le font Eric Ciotti et Marine Le Pen.
Plus que jamais, il faut raison garder et ne jamais oublier que la violence de l’attaque, la répétition des drames, la force du symbole n’ont qu’un objectif : créer une panique générale et un climat de suspicion généralisée qui aboutirait à déclencher des mécanismes de représailles. Jusqu’à présent, en 2015 comme aujourd’hui, les Français, et c’est leur honneur, ont montré une capacité de résistance remarquable. L’émotion collective s’est transformée en témoignages de solidarité, la douleur de chacun devenant le deuil de tous.
Alors espérons que les responsables politiques de tous bords se montrent dans les jours et les semaines à venir à la hauteur de leurs concitoyens : on ne règlera pas le problème de l’islamisme en dévoyant nos valeurs mais au contraire en les respectant, on ne luttera pas contre une idéologie mortifère avec des déclarations mais avec des actes, y compris de prévention. Enfin, je le dis et redis, les Français de confession musulmane doivent se mobiliser. Symboliquement dans les défilés mais aussi et surtout sur le terrain, dans les mosquées et sur les réseaux sociaux pour contrer la propagande islamiste et djihadiste. Pas parce qu’ils sont coupables ni mêmes responsables mais parce qu’ils sont la première cible des islamistes qui veulent leur dicter leur conduite. Mais aussi parce que chaque acte terroriste commis au nom de l’islam rejaillit qu’on le veuille ou non sur eux. Leur silence est une absence. Leur présence un espoir.
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