Chiraz Latiri, ancienne ministre des affaires culturelles défend son bilan
«Dépassant tous les propos diffamatoires et les calomnies me concernant, je considère qu’en cette période de crise sanitaire, sociale et économique, il est insoutenable de manipuler l’opinion publique, ciblant injustement le ministère des affaires culturelles (MAC) et ses fonctionnaires. Des collaborateurs honnêtes et dévoues avec lesquels j’ai eu le plus grand de plaisir de travailler de Mars à Aout 2020.
A ce titre, je dévoile des chiffres que vous pouvez vérifier auprès de la DAF du MAC et également auprès de l’OTDAV, relatifs la distribution des aides Covid-19 de Avril au 2 septembre 2020, date de mon départ du MAC.
Pour faire face à la crise Covid-19, deux mécanismes ont été́ dédiés aux aides sociales et économiques pour les artistes/techniciens et opérateurs culturels: (1) Le Fonds de Relance Culturel (FRC), une initiative tunisienne pionnière dans la région MEA et (2) les aides occasionnelles attribuées par l’OTDAV (Un mécanisme qui existe depuis des années déjà̀ pour soutenir les artistes qui se trouvent dans des situations de précarité́).
Le Fonds Relance Culture est géré́ par le MAC. Il s’agit d’un fonds de concours auquel contribuent des partenaires institutionnels nationaux et internationaux, de la société́ civile et du secteur privé. Avec une gouvernance transparente, un règlement détaillé́. Le FRC a été́ crée pour opérer sur deux temporalités, à savoir :
1- La première, à travers des aides financières pour soutenir les individus et les opérateurs culturels. Notez que des commissions sectorielles ont procédé́ à l’examen des candidatures et à la sélection finale des bénéficiaires.
2- La deuxième, est consacrée à la relance et la restructuration du secteur à moyen terme.
En plus du FRC doté de 1.450.000 dinars jusqu’à fin août 2020 de la part de partenaires du secteur culturel, et en commun accord avec le Ministère des finances, 2.000.000 dinars ont été́ attribués à l’OTDAV au titre des aides occasionnelles en réponse à la crise Covid-19.
Quant aux chiffres, de Mars à Fin Aout 2020 ; période où J’ai été́ à la tête du MAC:
1- Aides Covid-19 FRC :1585artistes/intermittents du spectacle du secteur culturel (répartis comme suit : 991 Musique et danse, 131 Arts plastiques, 228 Cinéma, 223 Théâtre et 12 pour Livre & Edition) ont été retenus pour bénéficier des aides financières Covid-19 du FRC (à hauteur de 900 dinars par aide), soit un total de1.426.000 dinars. Il s’agit de candidats ayant déposé́ soit via la plateforme digitale du FRC (seules 880 demandes ont été acceptées sur un total de 1307 demandes déposées, représentant 67% du total des demandes enregistrées) ; soit des demandes déposées directement au BO du MAC ou via les commissariats de culture régionaux (Le nombre des demandes acceptées et traitées est de 705, majoritairement du secteur de la Musique)
2- Aides financières occasionnelles (OTDAV): 1564 bénéficiaires du secteur culturel ont reçu leurs aides financières occasionnelles de l’OTDAV (des aides variant de 300 à 1500 dinars), soit un total 814.200 dinars.
Ainsi, jusqu’à fin août, le nombre des bénéficiaires des aides (personnes physiques) au total s’élève à 3149 pour un montant d’engagement de 2.240.2 MD.
Jusqu’à la fin de mon mandat, on était à un taux de paiement d’environ 80% des engagements.
Quant aux personnes morales, jusqu’à la date de mon départ du MAC (2 septembre 2020), 149 demandes de sociétés opérant dans le secteur culturel ont déposé́ leurs candidatures sur la plateforme digitale, réparties comme suit : 29 Musique, 18 Edition, 14 Arts plastiques, 67 Théâtre et 18 Cinéma. Seules les commissions relatives au Théâtre et au Cinéma ont rendu leur résultat pour un montant d’engagement total de subventions s’élevant à 858.167 dinars (232.167 dinars pour le Cinéma et 626.054 dinars pour le Théâtre).
En conclusion, jusqu’à la fin de mon mandat, le nombre de bénéficiaires, entre personnes physiques et personnes morales, s’élève à 3232 bénéficiaires pour un montant global de 3.098.000dinars.
Toutefois, je confirme que les délais d’exécution des virements ont été́ variables, voire parfois trop retardés pour diverses rasions dont des RIB de bénéficiaires erronés ou inexistants et de surcroît la lourdeur des mécanismes de la gestion de la comptabilité publique, sans négliger des problèmes occasionnels de suivi administratif.
Je souligne que la pérennité du Fonds de Relance Culturelle reste tributaire de nouvelles contributions financières de partenaires publics ou privés, soucieux du devenir du secteur culturel dans la crise inédite par laquelle il passe.
Il va sans dire que les fonctionnaires du MAC n’ont jamais été́ concernés par ces aides contrairement à ce qu’a été dit injustement dans certains médias. Par ailleurs, ces mêmes fonctionnaires et agents de l’administration ont travaillé́ sans relâche en période de confinement, y compris les week-end pour la mise en place de ces mécanismes d’aide Covid-19 et pour acheminer les virements dans des délais raisonnables.
A l’occasion, je réitère mes remerciements à tous les agents de la DAF et du Bureau de relations avec le citoyen au MAC ainsi que ceux de l’OTDAV, la commission exécutive du FRC et tous les membres des commissions de sélection sectorielles pour leur engagement et leur dévouement. Toute ma gratitude va aux partenaires qui m’ont soutenu et qui ont contribué́ au FRC (Fondation BIAT, Carrefour, Tunisie Télécom, Fondation Rambourgh et Fondation KLF).
Face à cette deuxième vague de la pandémie qui s’attaque de nouveau au secteur culturel, un secteur sinistré depuis le mois de mars, j’exprime tout mon soutien et ma solidarité́ avec les artistes et les opérateurs culturels qui se battent pour rendre la vie à la scène culturelle.
Néanmoins, j’assume mon avis très factuel et réaliste et je considère qu’en attendant la promulgation de la loi relative au statut de l’artiste et la révision de la nomenclature des métiers artistiques et culturelles, il est nécessaire de séparer les problématiques d’ordre social de celles d’ordre artistique et créatif.
La précarité qui a touché tous les opérateurs et les travailleurs œuvrant dans le secteur de l’événementiel (Restaurants, hôtels, cabarets et boites de nuit en l’occurrence fermés) ne concerne pas uniquement le MAC et les solutions peuvent être étudiées à un niveau interministériel, impliquant le ministère de tourisme, le ministère de commerce et celui des affaires sociales. Ceci nécessite une refonte de certains textes de lois à moyen terme afin de reconnaître les Freelancers et les intermittents de spectacles.
Bon vent à tous !
«عاشت تونس سيدة نفسها»
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