Une lueur d’espoir : les premiers lots de vaccins arriveront en février, affirme Dr Faouzi Mehdi. Pourquoi le limoger?
C’est confirmé. La Tunisie a été admise par l’initiative Covax, à bénéficier en priorité parmi 18 premiers pays, sur 72, des doses de vaccins anti-Covid-19 à des conditions avantageuses. Cette décision, officiellement notifiée, ouvre la voix à tout un processus légal (adoption par l’ARP d’un projet de loi soumis à cet effet par le gouvernement), financier (négociation d’un accord avec la Banque mondiale), et logistique (acheminement des vaccins dans les conditions requises, et dispensation des injections et de leurs rappels.).
Selon le ministre de la Santé, Dr Faouzi Mehdi, la toute première livraison, portant sur 93.600 doses (couvrant plus de 46.800 bénéficiaires en deux vaccinations espacées), fournies par Pfizer, sera réceptionnée en Tunisie, mi-février prochain. Dans la foulée, un deuxième lot d’au moins 500.000 doses, acquises auprès d’Astra Zeneca, suivra immédiatement, avec l’espoir de voir les quantités monter jusqu’à 1 million de doses, courant mars prochain. L’objectif est d’atteindre rapidement 4 millions de doses, avant la fin du premier semestre courant, ce qui permettra de vacciner plus de 2,5 millions de Tunisiens et de Tunisiennes, soit 20% de la population concernée. Des contacts sont établis avec divers laboratoires qui ont obtenu les certifications internationales requises, à l’issue d’essais cliniques probants, et s’apprêtent à solliciter une autorisation de mise sur le marché (AMM) en Tunisie.
Cinq ministres de la Santé en une année de plein Covid-19
Dr Faouzi Mehdi a-t-il démérité ? Pas plus que ses homologues dans de nombreux autres pays du monde, même parmi de grandes puissances. Des retards à l’allumage, des hésitations, de fausses manœuvres et des dysfonctionnements ? Sans doute. Mais, est-ce de quoi le limoger alors que le dispositif est à présent bien calé et lancé en montée de puissance ? Allez savoir pourquoi la Tunisie change de ministre de la Santé cinq fois en une année, encore plus de pleine pandémie sanitaire inédite, (Sonia Ben Cheikh, Abdellatif Mekki, Habib Kechaou, Faouzi Mehdi et Hédi Khairi) ?
Combien ça coûte ?
Si rien n’a filtré quant au coût de l’ensemble de l’opération, acquisition de doses et vaccination, les experts estiment que la note finale sera bien lourde. Dans un post publié samedi sur sa page Facebook, Elyès Jouini écrit : « Astra Zeneca, 1€78 la dose soit 42 millions d’euros pour deux doses pour chacun des 11,9 millions de Tunisiens et moins de 135 millions de dinars au total. C’est beaucoup d’argent mais à peine plus que le montant cumulé des contributions des banques au fonds Covid. C’est 1/1000 du PIB de la Tunisie soit le prix d’un seul jour de confinement (3 points de PIB pour 1 mois de confinement). »
Le plan vaccin, bouclé
Le ministère de la Santé a finalisé sa stratégie de vaccination détaillée dans une note conceptuelle et stratégique adoptée par les diverses parties prenantes et communiquée à l’OMS ainsi que l’initiative Covax et la Banque mondiale. Elle envisage divers scénarios de déploiement de la vaccination, en cinq phases, commençant par le personnel soignant et les personnes âgées en maison de retraite et de plus de 75 ans et se terminant par les personnes de plus de 18 ans, n’indiquant aucune comorbidité.
Bulletin épidémiologique : toujours préoccupant
A la date du 29 janvier 2021, la situation épidémiologique a enregistré 6.040 tests, 1.438 cas déclarés et 81 décès déplorés. Au total, depuis le début de l’année dernière, la Tunisie aura effectué 854.749 tests et enregistré 207.468 cas positifs, 156.160 guérisons et 6.680 décès déclarés. Actuellement, 2121 patients atteints du Covid-19 sont prises en charges dans les structures de santé : 1638 dans les hôpitaux publics et 483 dans les cliniques privées. Les patients bénéficiant de respirateurs d’oxygène sont au nombre de 1.707 (dont 1427 dans les hôpitaux), alors que ceux admis en réanimation sont au nombre de 414.
Laxisme et manque de soutien
Les mesures prudentielles jusque-là prises restent faiblement appliquées et les Tunisiens persistent dans leur insouciance. Le gouvernement Mechichi ne parvient pas à faire respecter les consignes d’interdiction de circulation entre les régions, de rassemblements et de manifestations, de fermeture des cafés, restaurants et clubs de nuit, pendant les périodes de confinement, ainsi que du port obligatoire du masque. Ce laxisme est préjudiciable pour tous. Sur un autre plan, le soutien aux travailleurs, artisans et exploitants agricoles, et entreprises, pénalisés par l’arrêt de travail et les pertes d’exploitation, s’avère quasi-inexistant. L’impact sera très lourd à supporter, aggravant chômage et précarité.
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