Faut-il s'inquiéter de la ruée des médecins vers la France ?
Une fois de plus, les médecins tunisiens s'illustrent aux épreuves du très sélectif du concours de vérification des connaissances de la santé publique que la France organise chaque année pour recruter des médecins étrangers. Mais faut-il s'en inquiéter ? Certes, l'émigration des médecins tunisiens ne peut que nous priver d'une frange de la société qui représente la fine fleur de notre élite, mais en même temps, elle nous rassure sur la formation de nos médecins comme l'atteste la bonne réputation dont ils jouissent dans les pays limitrophes et même en Fance.Je me souviens de la réponse d'un chef de service d'un hôpital parisien à un journaliste d'un pays voisin qui l'interrogeait sur le niveau des médecins étrangers au début de la crise sanitaire : "il y en a des bons et des moins bons, mais le niveau des Tunisiens est toujours excellent".
Reste à s'interroger sur le pourquoi des ces migrations par vagues successives de nos médecins depuis quelques années. Le lucre ? C'est la première raison qui vient à l'esprit. Elle n'est pas totalement absente chez nos médecins, mais elle n'est pas non plus déteminante. Par contre, ils évoquent les mauvaises conditions de travail, le délabrement des hôpitaux, mais surtout l'impossibilité de se réaliser dans leur profession, dans leur famille. Et si nous n'avions pas su les retenir, tout simplement en manquant d'égards à leur endroit.
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Le contribuable tunisien ne paie pas pour que les diplômés, tous les diplômés, pas seulement les médecins, fuient leur pays, laissant une dette derrière eux comme si de rien n'était. Ces diplômés ont coûté cher à la société tunisienne depuis l'école primaire jusqu'à l'université. Ce n'est pas pour fuir le pays fut-ce pour des raisons professionnelles, disent-ils, alors que tout un chacun sait que la plupart sont animés par l'esprit du lucre d'abord. En tant que professionnels, formés aux frais du contribuable, leur devoir éthique, sans parler de leur devoir patriotique, serait de mettre leurs connaissances et leur savoir-faire au service de réformes utiles pour élever le niveau de tous les services publics, dont celui de la santé, s'agissant des médecins. Mais ils ont choisi d'exercer leur "courage" dans la fuite (courage fuyons, dit le poète) pour échapper aux difficultés. Quelles solutions ? Le minimum est de contraindre ceux qui sont partis de rembourser les frais de leur scolarité primaire, secondaire et universitaire et d'imposer aux nouveaux diplômés un délai minimum de travail en Tunisie (cinq ou sept ans) avant de pouvoir se rendre à l'étranger. Pendant cette période, leur diplôme serait retenu au ministère de l'Enseignement supérieur pour qu'ils ne puissent pas s'en prévaloir l'étranger. Certains vont pousser des cris d'orfraies prétextant les "Droits de l'Homme", qui ont bon dos, mais le contribuable tunisien a le droit de réclamer son du. Il n'est pas normal que la Tunisie devienne une usine à diplômés au profit de l'étranger. Cette façon de faire de la fuite de son pays une variable d'ajustement dans la crise des diplômés, pour un gouvernement qui préfère regarder ailleurs tandis que la maison brûle, est proprement scandaleuse. Ce chantier est national. Il faut un consensus national pour le mener à terme et honte à tous ceux qui y mettraient des bâtons dans les roues.