Samir Majoul monte au créneau : L’Utica, très déçue, oppose trois Non et propose dix commandements
Rarement adepte de déclarations publiques enflammées, la centrale patronale tunisienne ne garde pas la langue en poche. Surtout, lorsqu’elle est visée et que les intérêts vitaux de ses adhérents, convergeant avec ceux de la nation se trouvent menacés. Samir Majoul, président de l’Utica sort du bois pour livrer, en toute sérénité, un message percutant. La constitution est à réviser dans certains de ses articles, tout comme le code électoral, le régime juridique des partis et associations et le financement des partis. Ce sont-là des questions fondamentales pour la centrale syndicale et constituent une clef de voûte pour tout le reste. Majoul déroulera sa plaidoirie en séquences successives.
Répondant au chef de l’Etat Kais Saïed qui avait dépouillé le Dialogue national de l’été 2013 de sa force de rassemblement des acteurs majeurs et d’aboutissement à un compromis, mais aussi de son caractère national, il décoche une flèche directe. « C’est ce dialogue qui a sauvé la Tunisie de la crise politique étouffante connue en 2013 et de la catastrophe menaçante », écrit Majoul, en prenant l’élégance de mettre ce paragraphe à la fin du communiqué de publié vendredi la centrale patronale.
Bille en tête, l’UTICA a exprimé sa « déception des querelles politiques qui perdurent entre les différentes composantes de l’autorité dans le pays ». Elle met en garde contre leurs répercussions. Ce blocage plombe le traitement de dossiers chauds, avec en toute priorité le sauvetage de l’économie et l’engagement des réformes. Le pays s’en trouve paralysé.
La situation épidémiologique et le dispositif sanitaire de prise en charge du Covid-19 sont source de forte préoccupation pour l’Utica. Un appel urgent est lancé pour une montée en puissance de la vaccination et de la capacité hospitalière.
Les dix commandements
La Tunisie n’a d’autres choix que d’engager une stratégie d’urgence pour sauver l’économie, martèle Samir Mahjoul. Cette stratégie repose selon l’Utica sur dix commandements. Amélioration du climat des affaires, valorisation du travail, libération de l’initiative, déblocage des sites de production, accès aux marchés extérieurs, révision du modèle de gestion des ressources du pays, traitement de l’endettement, et réformes des entreprises publiques, viennent en tête. Mais, aussi, refonte du système de compensation avec un meilleur ciblage sans porter préjudices aux plus démunis non-identifiés, promotion des secteurs prometteurs, notamment les énergies nouvelles, mobilisation de financements appropriés en faveur des projets à l’arrêt qui pénalisent leurs entrepreneurs et liquidation des arriérés et inclusion du commerce parallèle dans l’économie formelle sont également réclamés.
Les trois Non de l’Utica
La mise au point est aussi ferme que nette. L’Utica ne compte pas se laisser faire face aux attaques dont elle se considère ciblée. Non, aucune entreprise, dans aucun secteur n’a tiré profit de la pandémie sanitaire, réfute vigoureusement son président Samir Majoul. Bien au contraire, affirme-t-il, les sinistres sont très lourds en pertes d’exercices et d’emplois, et en fermeture d’entreprises.
Non, les dernières augmentations des prix décidées par le gouvernement, pour nombre de produits de base et d’hydrocarbures n’ont guère bénéficié aux entreprises. Zéro millimes de gagné, s’efforce de souligner Majoul, à aucune étape de production, de distribution ou de vente. La hausse du prix à la pompe a permis de réduire le poids de la compensation et celle du sucre à l’Office du Commerce mentionne-t-il à titre d’exemple.
Non, cette diabolisation du secteur privé ne saurait durer davantage, tempête le patron des patrons. Cessez de pratiquer ce populisme aux graves dérives, soyez responsables, notre combat aujourd’hui est d’agir ensemble pour renflouer la barque sur le point de couler.
A bon entendeur...
Le ton grave, l’Utica interpelle fortement les pouvoirs publics au sommet de l’Etat, mais aussi l’ensemble de la classe politique. Elle s’élance aux côtés de l’UGTT, chacun à sa manière et de son style, contre la déconstruction de l’Etat, la remise en cause des acquis que représente le Dialogue national, et les aventures de tripotages constitutionnels. Majoul le laisse entendre, au nom de plus de 200.000 artisans, commerçants, petits-métiers et chefs d’entreprise : à bon entendeur... (Salut !).
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