Tunisie: Mon pays souffre sur le plan politique et économique
Par Mokhtar el khlifi - Ma Tunisie ou vas-tu ? Ou va-t-on te mener ? Beaucoup de mouvements et de bruit mais pas de grains moulus. Si on travaille en catimini, je veux bien mais si on n’associe pas le peuple c’est la négation de la démocratie. Seul, un Président de la République, si doué soit-il, ne peut rien faire de bon et de pérenne. Pourquoi ce refus de dialoguer avec les composantes de la société et les forces vives du pays et s’ouvrir aux médias? Tout ce monde là est corrompu ou ignare en politique ? N’est-ce pas prétentieux de prétendre tout connaitre quand bien même vous avez réalisé quelques consultations ?
Le risque est qu’on accouche d’un nouveau système de représentation par étages qui n’a rien de démocratique et débouche en fait sur le renforcement des pouvoirs de l’exécutif, voire la négation du pouvoir législatif.
Toute cette acrobatie qui déboucherait sur un système qui n’existe nulle part, à ma connaissance, est motivée par le fait que le Parlement issu des élections faites par des partis politiques qui n’ont de parti que le nom n’a pas été à la hauteur de sa mission et a entrainé le pays dans une impasse.
Monsieur Kais Saeid a eu le mérite et le courage d’arrêter cette affreuse comédie mais tarde encore à aller jusqu’au bout de ce que les manifestations spontanées du 25 ont souhaité.
Il a vu juste mais son erreur serait apparemment de vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain comme si les améliorations n’étaient pas possibles.
Non, nous sommes en mesure de réformer l’existant et de l’améliorer tout en préservant notre jeune construction démocratique.
Monsieur le Président annoncez la couleur et vos soutiens seront plus nombreux. Le soir du 25 juillet 2021 des manifestations spontanées ont applaudi vos mesures et vous ont soutenu à voix haute.
Mais de grâce ne les décevez pas.
En partant du fait qu’il n’y a pas de démocratie véritable sans partis politiques et sans parlement, on se doit de réformer l’existant en associant, bien entendu, toutes les bonnes volontés et toutes les expertises nécessaires.
Réformons:
1) Les partis politiques
Je pense qu’il est possible de revoir très rapidement le cadre juridique des partis en leur imposant de démocratiser leurs structures internes et de préciser, noir sur blanc, leurs programmes de gouvernement.
Leurs statuts doivent être expurgés de toute référence à l’islam politique et à la violence.
Leurs statuts doivent mentionner leur adhésion sans réserve à la République et à ses lois.
Ils se doivent de financer leur activité par une aide de l’Etat et essentiellement par les cotisations de leurs adhérents. Le financement extérieur direct ou indirect, à travers notamment, les associations sera prohibé, De même que le financement intérieur des groupes de pression. La non observation de ces contraintes, dans un délai restreint, entraine la radiation, par le juge, de ce parti de la liste des partis.
2) Le Parlement
La Direction actuelle est à remplacer par une nouvelle Direction élue par les députés à l’encontre desquels ne pèsent aucune poursuite judiciaire ni condamnation. Le juge a des dossiers épais pour prononcer certaines interdictions. On n’a pas besoin de recourir à la loi. Leurs élus doivent exciper du bulletin N°3. A cet égard, la justice est appelée à se prononcer, dans un délai restreint, sur toutes les requêtes concernant les députés. Des moyens matériels, voire une structure spéciale provisoire, devrait être mise en place pour liquider les dossiers pendants. La révision de certaines dispositions de notre législation permettrait, sans nul doute, de soulager et le juge et le citoyen.
Il sera également nécessaire de revoir le règlement intérieur du parlement pour préciser les pouvoirs de la Direction et les droits et devoirs du député.
3) L’environnement juridique des élections
Les textes régissant les élections, et notamment le mode de scrutin, les associations, l’ISIE et les Instituts de sondage devraient être revus bien avant 2024.
Des commissions ad hoc seraient constituées à l’effet de preparer tous les aménagements à apporter en respectant un timing précis.
4) Nommer un chef de Gouvernement honnête, compétent et ayant une expérience du pouvoir au vu d’un programme d’actions qu’il présentera et annoncera au peuple avant de prêter serment. Nous ne devons pas perdre de vue l’urgence de nos problèmes économiques qui ont été négligés jusqu’ici.
Bien entendu ce vaste programme ne pourrait se réaliser qu’après concertation du Président de la République avec les organisations nationales, des éléments de la société civile et certains partis politiques crédibles.
Mais la concertation ne peut avoir lieu que si le Président de la République joue son rôle de Président de tous les tunisiens et, comme gage de sa bonne foi et de son souhait de sortir le pays de cette impasse et de le remettre sur les rails, il devra avoir le courage de dire qu’il n’appartient à aucun parti et qu’il ne se présentera pas pour un second mandat.
C’est dur à accepter mais il le faut pour le bien du pays.
Tout le monde acceptera alors son arbitrage car il se fera sur la base du seul intérêt du pays.
Le pays lui sera grandement reconnaissant ce qui lui permettra de sortir par la Grande porte et de marquer son passage d’une pierre blanche.
Qui avait cru que Mr KS prendrait les décisions historiques du 25 juillet ?
Je formule l’espoir qu’il sera, encore une fois, au rendez-vous de l’Histoire.
Mokhtar el khlifi
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