Béji Caïd Essebsi, le père de la démocratie tunisienne
Pour avoir fait l’essentiel de sa carrière à l'ombre tutélaire de Bourguiba et à force de s’en réclamer et de le citer dans ses discours, Béji Caïd Essebsi a fini par ressembler à son mentor. Car tout, chez lui, rappelle Bourguiba : le sens de l’Etat, la force de caractère, la culture encyclopédique, l’éloquence, le sens de la repartie…Jusqu’aux intonations de la voix.
Si Béji a tenu 8 mois à la Kasbah sans doute les plus longs de l'histoire de la Tunisie où rien ne lui aura été épargné, ni les coups bas de ses adversaires politiques, ni les critiques des médias, ni même les lazzis irrévérencieux et en tout cas de mauvais goût de de certains «humoristes. En vieux routier de la politique, il a su malgré toutes les vicissitudes, conduire le pays à bon port avec le minimum de dégâts. Etudiant en droit à Paris à la fin des années 40, il a dû se rappeler cette phrase de Léon Blum, grand homme d’Etat français de cette époque : « La démocratie a droit à l’ingratitude ». Féru d’histoire, il a dû aussi avoir l’impression de revivre l’épopée de la révolution française avec ses périodes lumineuses et sa «Terreur» ; avec ses Condorcet et ses Robespierre et se faire finalement une raison.
Après sa nomination à la Kasbah, BCE s’était juré de laisser, à son départ, le pays dans un meilleur état que lors de son arrivée, alors que tout tanguait autour de lui avec le délitement de l’Etat, l’impatience des jeunes à cueillir les fruits de la révolution, leur révolution, l’occupation des usines, les lock out, le blocage des routes, la fronde des magistrats et des forces de sécurité intérieure et surtout la révolution libyenne avec ses retombées sur l’économie, le tourisme plus particulièrement, le retour de nos émigrés et l’afflux des réfugiés libyens, africains et asiatiques. Mais l'entreprise dépassait largement ses moyens : le pays était en ébullition révolutionnaire. Mais il a réussi la gageure de faire entrer son pays dans le club très fermé des pays démocratiques en organisant les premières élections libres.
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BCE a bien géré la première phase de prise de pouvoir en tant que 1er ministre et à su "calmer" le jeu "révolutionnaire". Mais en tant que président de la République il était un contre-révolutionnaire authentique ! Il a tout fait de travers : perdre un temps précieux, retarder les réformes essentielles, remettre en place l'ancien régime avec tous ses défauts et lacunes !! Un président moins vieux aurait mieux fait.