Economie numérique : le grand saut pour les PME en débat tricontinental à Saint-Etienne
Saint-Etienne, de l’envoyé spécial de Leaders - Khaled Bouabdallah, président de l’Université Jean Monnet a vu juste en proposant de débattre des enjeux et opportunités de l’économie numérique pour les PME des espaces euro-méditerranéen et nord américain. A la faveur des 23èmes Entretiens du Centre Jacques Cartier qui réunissent à Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, tout au long de la semaine du 19 au 25 novembre 2010, une pléiade de chercheurs et de chefs d’entreprises, il a réussi avec son équipe (Ghanem Marrakchi, Serge Riffard, Pierre Majorique Leger…) à lancer un grand débat, à la fois conceptuel et pratique.
En tête d’affiche figurent notamment, M. Bernard Landri, ancien Premier Ministre du Québec, Mme Khedija Ghariani, directrice générale de l’AICTO et M. Mohamed Benguerna (Algérie), ainsi que de nombreux universitaires et les représentants de Telnet, e-Kub, Loire Numérique, Cineum, l’Aupelf, etc.
De par son expérience politique, mais aussi en tant qu’universitaire, M. Landri a rappelé tout l’essor tiré de longue date par le Québec des industries et services numériques, notamment à travers la conception des jeux vidéo, des applications numériques et des nouveaux médias qui constituent désormais un secteur économique à part entière, générateur de valeur ajoutée et d’emplois.
Pour sa part, Mme Ghariani a indiqué que les pays du bassin méditerranéen sont liés par une histoire basée sur les échanges commerciaux. L’économie numérique représente une opportunité unique de développement et une source inépuisable d’emplois pour la région.
Cependant les défis liés à son émancipation sont nombreux, particulièrement ceux liés au développement de l’infrastructure, à l’harmonisation des cadres réglementaires et organisationnels et au renforcement des capacités, à savoir :
- Le développement de l’infrastructure basé sur le très haut débit,
- Harmonisation du cadre réglementaire et juridique,
- Développement des compétences et libre circulation entre le nord et le sud,
- Coopération dans le domaine de l’innovation technologique,
- Mise en commun des applications informatiques et mutualisation des ressources (le cloud computing),
- Le partage et la circulation des échanges numériques,
- La reconnaissance mutuelle des certifications électroniques et la mise en place du «Mediterranean P.K.I Forum ».
Louis Raymond, Ph.D, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la performance des entreprises à l'Institut de recherche sur les PME (Université du Québec à Trois-Rivières) n’a pas manqué de poser une grande question : Qu’en est-il de l’impact des TI et des affaires électroniques sur la performance organisationnelle des PMI? Une clé pour y répondre: l’alignement stratégique. L’enjeu le plus important pour les PMI est la nécessité d’une gestion stratégique des TI et des affaires électroniques (pré-requis aux autres enjeux), mais aussi, la nécessité de développer leurs capacités stratégiques en matière de TI et d’affaires électroniques (en cohérence avec leur orientation et leurs autres capacités stratégiques) et enjeu conséquent pour les politiques publiques et les intervenants, à savoir la nécessité d’une infrastructure et de mesures de soutien au développement des capacités stratégiques des PMI (adaptées au contexte stratégique spécifique des entreprises plutôt que « tous azimuts »).
En bon sociologue, le Pr Mohamed Bengueran, Directeur de recherches au CREAD (Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement) en Algérie a rappelé le rapport à l’information et son appropriation (transparence et opacité, partage, rétention, diffusion, problèmes des générations chez les usagers dans les PME, assainissement, accumulation et stockage des données… En questionnements quant aux pistes à explorer : il s’est demandé :
- est-il opportun de concentrer un programme de cette ampleur sur une seule structure?
- Comment résoudre la question de la coordination et la collaboration entre différents organismes d’activités?
- Quel type d’approche faut-il préconiser pour insérer une dimension sociale en mesure d’intégrer l’héritage culturel de ces PME?
Ghanem Markkakchi, chargé de mission à l'université Jean-Monnet a souligné que le numérique se développe déjà très vite. Par exemple, dans environ vingt ans, le « bureau » sera probablement à la maison ! Autre cas, la santé, qui ne sera plus la même à l'avenir : certaines visites médicales ou soins se feront à distance. Avec l'arrivée du Ipad, le cartable de l'écolier ne sera plus qu'un lointain souvenir… Et nous pourrions multiplier les exemples. Le numérique est une nécessité, une belle découverte qui facilite la vie à tous. Elle est plutôt rentable, rapide et elle réduit la notion de territoire. L'idée de fond de colloque, transmis en dirdt sur le site internet de l’université est aussi de faciliter, via internet, le rapprochement du Maghreb à l'Europe et à l'Amérique du Nord.
Pari réussi. Le Président de l'Université et son équipe peuvent en être fiers.
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Les nouvelles technologies d'Information et de Communication sont des défis à relever.Ce processus requiert du temps,comme l'a démontré le Processus de Boulogne,ou LMD,introduit en Union Eiuropéenne en 1999,et nécessitant une décennie d'apprentissage pour être adopté.On peut s'inspirer des success stories de la Finlande,en termes d'éducation,alors qu'il serait vain d'obtenir des résultats entièrement satisfaisants en si peu de temps.Les conditions sociales et institutionnelles ne peuvent évoluer aussi rapidement que les aspects technologiques.Les NTIC sont à concevoir comme des instruments plutôt que des solutions,ceci nous rappelle les multiples avertissements formulés par Jacques Ellul,auteur de l'ouvrage intitulé La Technique ou l'Enjeu du Siècle,publié en 1954. La notion de système formulée par Joel de Rosenay,auteur du Macroscope,publié en 1975,nous incite à l'utilisation de ce concept de façon rationnelle;tout en évitant de généraliser l'expérience du Canada, au vu de l'héterogénéité des conditions locales des pays en développement,ou les pays émergents.Penser en termes généraux,et agir en termes spécifiques,voici l'une des devises de Jacques Ellul.