Bouraoui Ben Abdelhafidh - Tunisie: Souveraineté et fragilité accrue?
Je n'ai pas écrit beaucoup ces derniers temps sur l'économie et son influence sur le comportement politique des dirigeants.
Or la situation de notre pays est telle que les interactions " économico-politiques " non seulement intramuros mais aussi "extra -subies méritent bien un appel haut et fort à plus de réalisme et de pragmatisme dans l'art de la direction des affaires de l'État menacé de ruine.
Il est bien beau de crier souveraineté et non ingérence dans nos affaires intérieures. Tout patriote digne de ce nom ne peut que se porter sentimentalement en nostalgique et en fierté.
Or dans le monde actuel les sentiments et le populisme (histoire révélatrice Libye de Kadhafi, Irak de Saddam par exemple) ne sont que plus les vecteurs de la réussite politique d'une gestion rationnelle des affaires de l'État dans un monde mondialisé dominé par le pragmatisme, l'intérêt et la force économique.
Ce fait est d'autant plus évident que l'état des pays fragiles et fragilisés ne peut que rendre ces pays dans l'obligation d'assouplir les tendances sentimentales et populistes en faveur de la souplesse et la malléabilité politique face à une nécessité absolue d'avoir besoins de secours extérieurs en financement... Si non le péril est imminent même si peut -être certaines assurances d'autres pays amis poussent vers la nostalgie mais sans plus concrètement.
Pour revenir à notre situation qui est bien connu , analysé et commenté en long et en large aussi bien en interne qu'en externe par les différents spécialistes en institutions ou en experts , la fragilité accrue voire au bord de la faillite de notre économie et de nos finances publiques doublée d'une fragilité accrue au niveau sociopolitique en relations avec les partenaires sociaux, le déficit, l'inflation...en plus des pressions extérieures notamment en contrepartie de besoins de financement extérieur... elle n'est plus à démontrer ou à ajourner.
Hormis tous les autres aspects juridiques et politiques suivants le 25 Juillet 2021 relatifs à la réforme et le réajustement du processus politique et constitutionnel, la fuite en avant politique pour la tendance des slogans populistes face aux contraintes majeures de l'économie et l'interdépendance avec l'extérieur, semble encore l'emporter sur laquelle le peuple espérait encore réaliser les objectifs de la bonne et salué grande redirection du 25 Juillet.
Certes l'héritage de 10 années de disette, de mauvaise gestion, de recours à l'endettement en outrance et d'obscurantisme.... a été lourd de conséquences mais encore faut-il aujourd'hui et en une extrême urgence donner les garanties nécessaires en bon chemin que ce soit et notamment au peuple qu'aux partenaires étrangers...
Rétablir la consultation des parties dignes et crédibles, rétablir la transparence dans la gestion des affaires de l'État, rétablir la confiance dans la justice et dans l'administration, rétablir le partage des responsabilités, rétablir le dialogue économique et financier profond avec les acteurs principaux, rétablir la consultation juridique des projets de textes, rétablir la participation rationnelle, scientifique et sociale....
Se débarrasser des slogans populistes et sentimentaux sous prétexte de la défense de la souveraineté et de l'autorité exclusive dans un monde où le concept classique de souveraineté connait un relativisme pragmatique conduit par les intérêts en jeu....
Donner aux aspects économiques leur vrai dimension...
Sont là à ma modeste conviction les vecteurs d'une véritable redirection concrétisée suite au 25 Juillet à même de donner espoir et assurance pour une Tunisie meilleure notamment à la veille des élections.
Il demeure entendu que la souveraineté et l'indépendance ne doivent pas être bafouées par une compréhension détournée de ce que je viens de dire mais juste de les adapter en termes d'interaction établie par l'évolution des choses dans ce monde de plus en plus poussé vers la globalisation !
Bouraoui Ben Abdelhafidh
Ex-juge administratif
Consultant juriste senior
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