Marouane El Abassi : la Tunisie paie chèrement le coût de la non-action (Télécharger la présentation intégrale)
« L’année 2023 sera compliquée. La situation est très, très, très difficile, à cause d’une conjoncture exacerbée par la récession mondiale. Nous devons accroître la production et arriver à un accord avec le FMI est nous atteler à l’attraction des IDE, pour relancer la croissance. » Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, qui ne se veut pas « dans l’émotion, mais dans la vérité des chiffres » a tenu à partager ses constats et analyses avec les Tunisiens, lors d’un point de presse tenu, mercredi matin au siège de la Banque. « Les retards pris ces dernières années dans l’engagement des réformes, l’investissement dans l’exploration des gisements pétroliers et la transition énergétique vers le solaire, et autres mesures salutaires, font payer aujourd’hui chèrement à la Tunisie le coût de la non-action », a-t-il déploré.
« Les prix ont atteint des niveaux élevés et vont pas descendre au cours des mois avenir. Nous allons vers une inflation à deux chiffres (11%), a-t-il prévenu. Le plus important est préserver le taux de change et le volume des réserves en devises, et de ne pas entrer dans de mauvaises anticipations. »
Pour ce qui est de l’augmentation du taux directeur de la BCT, de 75 points, le portant d’un seul coup à 8%, M. El Abassi, a expliqué que le dosage repose sur des analyses multifactorielles et tient compte d’anticipations importantes à prendre en considération. L’effet, a-t-il rappelé, n’est pas immédiat, mais se mesurera au bout de cinq à six trimestres.
S’agissant du budget de l’Etat pour 2023, le gouverneur de la Banque centrale a souligné qu’un gap financier de 1.5 à 1.7 milliard de dollars est à combler. Des discussions avec divers bailleurs de fonds se poursuivent pour mobiliser les ressources nécessaires.
Pour ce qui est du FMI, il a expliqué le report de l’examen du dossier par le conseil d’administration du Fonds, par un certain nombre de préalables qu’il fallait résoudre, notamment la promulgation de la loi de finance pour l’année 2023, la révision de la Loi N°89-9 du 1er février 1989, relative à la gouvernance des entreprises et établissements publics, et autres. Se voulant rassurant quant à l’aboutissement des discussions avec le FMI, le gouverneur a souligné que le plus significatif est la stabilisation de la notation de la Tunisie (en légère amélioration) et le plus difficile le cadrage macroéconomique avec une programmation précise des différentes actions à entreprendre.
En introduction, le gouverneur de la Banque centrale avait passé en revue la situation macroéconomique (marquée par des déficits jumeaux et une stagflation constatée), analysé les perspectives de croissance, ainsi que l’état des finances publiques. Il a également présenté le 2ème plan stratégique 2023 – 2025 de la BCT et les grands chantiers initiés. (Télécharger la présentation).
Humblement, Marouane El Abassi a reconnu : « Aujourd’hui, nous n’avons pas de réponse à toutes les questions. Mais, nous nous y employons. »
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