Courageuse résistance Palestienne au camp de refugies de Jenine
Ça y est ! Le ministre de la Sécurité Nationale israélienne n’est autre qu’Itamar Ben-Gvir. Ce fasciste - qui milite pour une théocratie juive en Israël - a pour héros un tueur de masse, Baruch Goldstein qui assassina, en février 1994, 29 Palestiniens en prière matinale dans une mosquée de Hébron. Ce ministre tout neuf faisait l’objet jusqu’à tout récemment « d’un suivi du Shin Bet, au département de terrorisme juif. * » Sous la férule de ce ministre provocateur professionnel, les forces d’occupation sionistes ont tué sept jeunes Palestiniens depuis le Nouvel An 2023.
Quel est le but de ces assassinats ? Exterminer 5 millions de personnes ? Semer la terreur pour que cesse toute résistance ? La question palestinienne n’est pourtant pas passée de mode malgré les honteux Accords d’Abraham et alors que le Mondial de foot de Doha a montré la vigueur et la présence de la question palestinienne non seulement dans l’opinion arabe et internationale (Chili, Brésil…) mais aussi à l’Assemblée Générale des Nations Unies où une majorité de 85 Etats demandent à la CIJ de La Haye de se prononcer sur l’occupation israélienne de la Cisjordanie.
Ben-Gvir et son patron Benyamin Netanyahou n’arrivent pas à intégrer que le peuple palestinien n’a pas mis le genou à terre devant eux. Malgré leur formidable armada généreusement alimentée par les Etats Unis et l’Europe et leurs techniques d’espionnage et d’intrusion sophistiquées.
Un esprit combatif sans précédent dans l’histoire
Lisez ce qu’écrit le grand journaliste israélien Gidéon Lévy après une visite au camp de réfugiés de Jénine où la résistance à l’oppression, à l’apartheid est plus vive que jamais, en dépit des 60 morts, victimes de la machine de guerre sioniste, en une seule année:
« Dans le camp de réfugiés de Jénine, j’ai vu beaucoup de belles choses…. un camp courageux, déterminé, bien organisé, imprégné d’un esprit combatif peut-être sans précédent dans l’histoire**.
Quatre ans s’étaient écoulés depuis ma dernière visite. Depuis un an, l’armée israélienne n’ose pas envahir le camp lui-même, mais seulement sa périphérie. Pendant des années, l’Autorité palestinienne n’a pas pu y entrer. Aucun journaliste israélien, à l’exception d’Amira Hass, ne s’est rendu ici ou n’a été recherché ici, suite à toutes les déceptions que les journalistes israéliens ont infligées aux résidents du camp.
Mais cette semaine, je suis revenu avec le photographe Alex Levac. Ce fut une visite très émouvante – personnelle, émouvante, mais aussi instructive.
La ville de Jénine a eu 60 habitants tués au cours de la dernière année seulement [tués par l’armée israélienne]. Parmi eux, 38 étaient des résidents du camp, l’endroit qui ressemble le plus à la bande de Gaza, tant dans son esprit que dans ses souffrances ; on retrouve la même chaleur humaine et le même courage dans ce camp de Jénine.
La troisième section du cimetière des martyrs est déjà pleine, et une autre section doit être trouvée pour les prochaines victimes. Si l’armée israélienne envahit le camp, disent les gens ici, il y aura un massacre. Ils le disent sans un soupçon de peur ou de vantardise.
Le propriétaire du houmous à l’entrée du camp a subi un pontage coronarien depuis ma dernière visite. L’épouse du plus haut responsable du Hamas dans le camp, qui est emprisonné en Israël, est devenue aveugle. Un hôpital moderne a ouvert près du camp et Jamal Zubeidi, le plus courageux et le plus noble de tous, a perdu son fils Naeem et son gendre Daoud au cours de l’année écoulée…….
Nous avons visité le camp alors qu’on y observait le 40ème jour de deuil pour Naeem. Jamal était assis seul dans une pièce où il recevait des invités, à l’endroit même où Tsahal a déjà démoli sa maison à deux reprises, entouré de photos et d’affiches des six membres de sa famille tués……
Le plus jeune fils de Jamal, Hamoudi, que nous avons rencontré pour la première fois alors qu’il n’était qu’un jeune enfant espiègle, est maintenant l’homme le plus recherché d’Israël dans le camp ; il est membre du Jihad islamique. Les enfants des hommes qui ont combattu pour le Front populaire laïc de libération de la Palestine se battent maintenant pour le Jihad islamique, l’organisation la plus puissante du camp. Et c’est toute l’histoire en un mot.
Les hommes armés ont un numéro secret sur leurs téléphones portables qu’ils appellent chaque fois que quelqu’un voit les forces de Tsahal [armée israélienne] se diriger vers la ville ou le camp de réfugiés. Ce numéro de téléphone déclenche automatiquement une alarme dans tout le camp. Cela se produit généralement la nuit. Tout le camp est réveillé et des dizaines d’hommes armés quittent leurs maisons et se dirigent rapidement vers les entrées du camp et de la ville. C’est ainsi que 38 résidents du camp ont été tués.
Les distinctions entre les différentes organisations militantes sont ici floues ; ils coopèrent les uns avec les autres plus qu’ailleurs en Cisjordanie et à Gaza. Des filets de camouflage couvrent certaines des allées pour empêcher les drones de Tsahal de surveiller ce qui se passe.
Un jeune homme a sorti une photographie aérienne du camp qui a probablement été laissée par des soldats israéliens dans la ville, bien que, selon la légende locale, elle ait été volée dans la poche d’un soldat. La photo a été prise pendant la Coupe du monde et Tsahal a étiqueté certaines des allées du camp avec les noms des pays qui y participaient – rue du Portugal, rue de France et rue du Brésil. Une maison sur la photo était étiquetée «habira»; les jeunes gens pensaient qu’il s’agissait de la maison d’un «ami» («haver» en hébreu, qui dérive de la même racine hébraïque) – en d’autres termes, d’un collaborateur.
La voiture la plus populaire du camp est le SUV hybride C-HR de Toyota. Nous avons vu plusieurs d’entre eux courir dans les ruelles. Ils ont été volés en Israël, presque toute neuves. Après tout ce qu’Israël a volé aux Palestiniens, des restes de leurs terres aux restes de leur honneur, il y a une justice poétique dans ces Toyota volées dont les jeunes gens sont si fiers.
Il n’y a pas une maison ici qui n’a pas souffert de deuil, pas une famille qui n’a pas eu un membre handicapé à vie ou emprisonné. Aux entrées du camp, des jeunes hommes ont érigé des barricades de fer bleu «comme en Ukraine». Ce n’est pas encore l’Ukraine, mais le camp de réfugiés de Jénine pourrait bien devenir une nouvelle version de la ville ukrainienne de Bucha un jour, peut-être très bientôt. Aucun Israélien ne devrait s’en réjouir. »
Haaretz, 12 janvier 2023
Traduit par Mohamed Larbi Bouguerra
* Sylvain Cypel, « Israël. Toujours plus à droite, une course à l’abîme », Journal en ligne Orient XXI, 5 janvier 2023.
** C’est le traducteur qui souligne en gras.
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