Arabes et Japonais bien engagés sur la voie de la prospérité partagée

Bienheureux japonais. Le deuxième forum économique arabo-japonais qui vient de se tenir à Tunis, a été  pour les pays arabes, du Maroc à Qatar, l'occasion  de rivaliser d’ardeur pour faire l’éloge de la coopération avec le Japon. Un concert de louanges sans fausse note. Aucun doute n’est permis. Les Arabes apprécient, le sérieux, le savoir-faire des Japonais et n’ont aucune raison de douter de leurs arrières- pensées. Leur bilan ne plaide t-il pour eux ? Des contrats (bien) exécutés dans les délais et surtout une volonté réelle de hisser les relations commerciales déjà  assez développées (ce pays est le troisième partenaire commercial du monde arabe après l’Union européenne et les Etats Unis avec 119 milliards de dollars,  soit 20% du commerce extérieur arabe, comme l’a rappelé le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi lors de son discours d'ouverture,  au rang d’un partenariat structurel gagnant-gagnant. Car, il reste beaucoup à faire sur ce plan  et les représentants arabes ne se sont pas fait faute de le souligner  à ce forum ( à peine 4 Mds de dollars d'investissements pour l'ensemble du monde arabe) en passant en revue  dans leurs interventions les atouts dont bénéficient leurs pays respectifs.

Ils étaient donc près d'un millier de participants dont 200 japonais entre officiels et hommes d’affaires à suivre les travaux de ce forum et pas seulement pendant les séances d’ouverture et de clôture, mais avec une assiduité et une ponctualité...toutes japonaises et d’autant plus remarquables que ces travaux se tiennent pendant le weekend. Des salles pleines que ce soit pendant les réunions dédiées à "l'environnement et à l'énergie" ou au "developpement des ressources humaines, à l'éducation et aux technologies", ou lors des trois worshops.

Cela nous  change de ces réunions dans des salles aux trois quarts vides qui commencent après l’heure et se terminent avant l’heure et de ces pause-cafés qui traînent en longueur. C’est à croire que le sérieux des Japonais est contagieux.  Les officiels japonais conduits par le ministre des affaires étrangères et les dirigeants des grands groupes sont venus, ils ont défendu avec beaucoup de conviction leur dossier et ont convaincu à tel point que le Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes a proposé l'institution de mécanismes pour pérenniser cette coopération et créer un forum culturel.

Une coopération au service des intérêts mutuels

Preuve de cette volonté commune de faire « un nouveau pas sur la voie de la prospérité partagée ». (c'est le thème du forum de Tunis), plusieurs accords de coopération ont été signés,  dès le premier jour du forum : avec la Tunisie, pour consolider la coopération tuniso-japonaise dans le domaine de l'énergie (solaire, énergies renouvelables, énergie solaire concentrée) et avec le Maroc pour renforcer le partenariat dans les domaines des finances et de l'énergie solaire; des  mémorandums de coopération entre le centre japonais de coopération dans le domaine du pétrole (JCCP) et l'organisation des pays Arabes exportateurs de pétrole (OPAPE) dans le domaine de l'industrie de pétrole ; entre le centre japonais de coopération pour le moyen orient (JCCME) d'une part, l'union générale des chambres de commerce, d'industrie et de l'Agriculture pour les pays arabes (GUCCIAAC), la fédération des hommes d'affaires arabes (FAB), l'Union des investisseurs arabes (AIU), le comité d'investissement national Irakien.

Dans un document commun  sous le titre "Déclaration de Tunis", La partie arabe a reconnu que "l'aide officielle japonaise au développement pourrait continuer de jouer un rôle axial dans le développement des pays arabes qui  reçoivent pareilles aides", accueillant, favorablement, la participation des entreprises japonaises aux projets de construction de stations d'énergie nucléaire pour la production de l'électricité dans les pays arabes. Pour sa part, la partie japonaise a fait part de sa détermination à "contribuer, de manière agissante", à la consolidation de l'infrastructure dans la région arabe.

les deux parties ont insisté sur la nécessité d'approfondir la  compréhension mutuelle, d'intensifier les échanges entre les pays arabes et le Japon et de mettre à contribution de manière optimale les potentialités dont ils disposent, l'objectif étant de promouvoir leurs relations économiques au service de leurs intérêts mutuels. Elles ont souligné "l'impératif de promouvoir les relations commerciales interarabes, dans le cadre de la Convention sur la Grande zone arabe de libre-échange et le développement de la coopération dans les secteurs de l'eau, du pétrole, du gaz naturel et des énergies renouvelables, notamment, l'énergie solaire et considéré que le Forum économique arabo-japonais constitue "un cadre d'action commune", de même qu'un trait d'union entre les activités commerciales du Japon et des pays arabes. Ils ont convenu de tenir la 3ème édition du Forum, à Tokyo, en 2012.  

Le Forum, une idée tunisienne

Il faut rappeler  que la tenue de ce forum est une idée tunisienne. Elle a été lancée en 2004 à l'occasion de la réunion du Conseil Economique et Social arabe comme l'a rappelé le ministre japonais des Affaires Etrangères à l'issue de l'audience que lui a accordée le Président de Répuublique et aussitôt adoptée par la Ligue Arabe.

Un détail que beaucoup de Tunisiens ne connaissent pas. La colonie tunisienne au Japon est, avec ses 659 membres la plus forte colonie arabe dans l'empire du soleil levant. Elle est constituée essentiellement de chercheurs et d'étudiants notamment à la célèbre université de Tsukuba. Celle-ci dispose d'ailleurs d'une antenne à Tunis et entretient des liens étroits avec nombre d'universités tunisiennes.

L'organisation de ce forum est aussi un joli coup médiatique. Réunir autant de ministres et d'éminentes personnalités arabes et japonaises n'est pas une mince affaire. (ce n'est pas tous les jours que les deux ministres les plus importants du cabinet japonais se déplacent ensemble dans un pays étranger). Pendant leur séjour, ils ont pu se rendre compte de visu des progrès accomplis par notre pays dans les différents domaines.  Cela va sans doute conforter les Japonais dans l'excellente idée qu'il se font  déjà de la Tunisie et donner des idées aux  représentants des grands groupes japonais présents pour y investir et faire découvrir notre pays au public japonais à travers les comptes rendus que ne manqueront pas  de faire les différentes chaînes de télévision de cette réunion avec peut-être à la clé des retombées sur le tourisme.