Quand les ultras racistes gouvernent en Israël: les Palestiniens assassinés à Gaza ramènent à la vie la coalition moribonde au gouvernement
Par Mohamed Larbi Bouguerra - Fier du succès de son poids politique dans les décisions du cabinet israélien, Itamar Ben-Gviraurait déclaré: «Il était temps», en réponse aux assassinats des trois résistants palestiniens de Gaza et d’au moins 10 civils palestiniens, dont quatre femmes et quatre enfants, victimes de la soldatesque sioniste et de ses avions de combat. La coalition soutenant Netanyahou était moribonde car les ultras- Ben Gvir et Smotrich notamment- n’ont guère apprécié la libération d’un député jordanien, Imad Adwane, arrêté le 22 avril dernier au prétexte de fourniture d’armes aux résistants de Hébron. Ils voulaient en outre plus de sang en Cisjordanie occupée.
Fidèle à son odieuse parole et convaincu d’avoir obtenu ce qu’il voulait, Ben-Gvir a annoncé que son parti Otzma Yehudit (Force Juive) avait décidé de reprendre le travail avec le gouvernement Netanyahou et d’enterrer ses désaccords avec Netanyahou «suite à l’acceptation de notre position et à la transition de l’endiguement à l’attaque dans les assassinats ciblés de hauts responsables palestiniens».
Ben-Gvir plie Netanyahou a ses volontés
Ben-Gvir, ce ministre suprémaciste et raciste, maintes fois condamné et dont l’armée sioniste n’a pas voulu, est un homme de «principes». Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a ordonné les assassinats pour lui plaire et écarter la menace de son départ de la coalition avec comme corollaire la chute du gouvernement et la comparution du Premier Ministre devant le tribunal pour corruption. Comment hésiter dans ces conditions à attaquer Gaza? L’armée d’occupation n’a-t-elle pas prédit que les assassinats de Gaza entraîneraient une réponse palestinienne limitée?
Depuis mai 2020 en effet, Netanyahou est jugé pour deux affaires de corruption. Il est accusé d’avoir reçu l’équivalent de 180 000 euros de cigarettes, champagne et bijoux de la part d’hommes d’affaires en échange de faveurs. Et aussi d’avoir monnayé des avantages pour l’opérateur téléphonique Bezeq, en échange d’une couverture favorable d’un des médias très influents du groupe.
Des attaques inutiles
ZviBar’el (Haaretz, 10 mai 2023) écrit au sujet de la prophétie des services d’espionnage qu’il n’y aurait pas de vengeance importante à craindre de la part des Gazaouis: «Il serait intéressant de savoir sur quoi repose cette évaluation. Les rapports indiquent que l’armée israélienne se prépare déjà à une réponse très illimitée, voire à une guerre englobant plusieurs arènes. Israël a-t-il reçu une promesse signée du Hamas de ne pas tirer des dizaines ou des centaines de roquettes sur Israël? Israël a-t-il décidé de ne répondre à aucune riposte palestinienne et de se contenter des assassinats?
Il serait inutile de sortir des archives le raisonnement derrière les dizaines d’assassinats qu’Israël a commis contre des responsables palestiniens à commencer par Ahmed Yassin en passant par Abdel Aziz Rantissi, YahyaAyyash, Abu Ali Mustafa, Ahmed Jabari, Baha Abu al-Ata, les commandants régionaux et les techniciens en missiles jusqu’aux excavatrices de tunnels et aux combattants ordinaires. Chacun de ces assassinats était censé nous apporter la paix et la sécurité, la stabilité et la prospérité et, surtout, la dissuasion – ou du moins restaurer le prestige de la nation ou venger le meurtre de civils israéliens.
En ce qui concerne l’utilité de l’assassinat, les opinions au sein du service de sécurité du Shin Bet (service de renseignements intérieurs) sont divisées, principalement parce qu’à ce jour aucun assassinat n’a servi à changer les faits sur le terrain, à briser ce qu’on appelle «le cycle de la violence» ou à réduire la motivation à organiser des attaques terroristes. Qu’a dit AviDichter en 2008 lorsqu’il était ministre de la Sécurité publique? «Nous devons faire attention à ne pas chercher de petites solutions. Tuer deux ou trois terroristes est une solution qui n’apporte que des roquettes.» Les Israéliens vivant à proximité de la bande de Gaza n’ont pas besoin d’opinions professionnelles à ce sujet; Ils vivent avec ces solutions.»
Il semblerait que cette fois, la situation est différente et plus inquiétante poursuit Bar’el. Les jugements des professionnels de la sécurité ne servent à rien. Seule prévaut la menace brandie par ce criminel de Ben-Gvir de faire tomber la coalition.La puanteur du calcul politique fera encore des victimes palestiniennes à cause du déploiement de l’armada américano-israélienne contre des civils.
Ben-Gvir a fait à Netanyahu militairement ce que le ministre de la Défense Yoav Gallant lui a fait politiquement en agitant sa démission étant donné son opposition à la réforme judiciaire. Avec cependant une différence essentielle : Gallant a agi avec un large soutien du public anti- réforme judiciaire, Ben-Gvir a agi comme un tyran sur Netanyahou. Gallant était prêt à en payer le prix en démissionnant ; Ben-Gvir a fixé le prix et il peut le faire encore et encore.
« A vaincre sans périls, on triomphe sans gloire » disait Pierre Corneille mais assoiffé de sang palestinien et rempli de haine, boosté par l’onction de Mme Ursula von der Leyen, présidente allemande de la Commission Européenne (UE) admiratrice « des prouesses israéliennes » et de l’appui inconditionnel de Biden, Israël n’arrête pas de mettre à feu et à sang la région.
Le grand journaliste et critique uruguayen Eduardo Galeano a noté bien avant von der Layen que «Hitler a fait Israël mais c’est aux Palestiniens que l’Occident demande de payer la note».
Mohamed Larbi Bouguerra
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